Que dit le libéralisme selon John Locke (1632-1704) ? Parmi les droits naturels (ceux qui existent avant le droit positif, c'est-à-dire avant l'intervention du législateur), ceux qui reviennent généralement en premier quand on les cite sont la liberté (dont l'ordre contractuel régissant les relations commerciales d'un commun accord), la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression (dont le refus de l'esclavage). En particulier, on se rend compte que le droit à la propriété est mis à mal en France, notamment avec le problème des squatteurs (qui sont protégés alors qu'ils portent atteinte à la propriété) ou celui que pose la loi sur les logements insalubres (qui correspond à une ingérence publique dans les affaires privées). Concernant ce dernier point, je tiens d'emblée à faire une remarque personnelle de nature à incriminer la franc-maçonnerie, une fois de plus (mais je ne le ferai jamais assez, donc je le répèterai toujours et ferai en sorte, jusqu'à mon dernier souffle de vie, que cela se sache). Que vient faire la franc-maçonnerie dans ce dossier ? Déjà, il faut rappeler que ses tendances hégémoniques l'inclinent à s'inviter elle-même dans tous les dossiers. Cet hégémonisme est une conséquence de son humanisme fraternel. En effet, partant d'une référence générale à l'espèce humaine, laquelle serait liée, selon les humanistes, par une fraternité relevant, non pas du sang, mais, en quelque sorte, d'une affectivité collective supposée (ce qui en dit déjà long sur le déni dans lequel ils se trouvent par rapport au principe de réalité, car il faut être idéologiquement aveuglé pour croire que des humains seraient naturellement enclins, selon la doxa maçonnique, à développer une quelconque affection envers d'autres humains qu'ils ne connaissent pas), ces humanistes fraternels en viennent, par la démesure même de l'universalisme dont ils se réclament, à affirmer que les affaires privées relèvent, selon eux, d'un débat démocratique, ce qui est, non seulement une régression civilisationnelle contraire aux principes de droit les plus élémentaires, mais aussi une inversion et un dévoiement (car un dévoiement par l'inversion) de la notion de levier démocratique. En effet, soyez conscients que, pour les francs-maçons (et c'est en cela, entre autres, que ces gens sont des mafieux), ce que vous pensez être, à juste titre, votre appartement ou votre maison, représente à leurs yeux l'objet d'un débat démocratique dont ils seraient à la fois juges et parties parce qu'ils se sont proclamés tels, alors que ce qui vous appartient en propre ne les concerne en rien. C'est pourquoi les libéraux qui, sans en prendre forcément conscience, ont glissé depuis le libéralisme classique vers le néolibéralisme, ne voient pas que les Lumières révolutionnaires, de par les lacunes et donc les failles de leur raisonnement philosophique, portent déjà le principe incohérent dont, depuis le droit-de-l'hommisme, découle la corruption inhérente à la république française dès 1789, enjoignant ses partisans à défendre la gueuserie cynique du squattisme, tout en s'attaquant aux propriétaires. Comme l'a rappelé à juste titre Philippe Ploncard d'Assac, président des Cercles nationalistes français, notamment dans son ouvrage consacré à la franc-maçonnerie et dans l'une de ses conférences sur ce thème, le cadre de la fraternité humaniste (fondamental pour saisir l'esprit de la devise républicaine) implique l'idée que les individus, dans ce cadre, ne s'appartiennent plus, d'où une notion de dépossession au regard du droit naturel. Dites-vous bien que le plombier de votre quartier, le commerçant de proximité, l'assistante sociale du trottoir d'en face et le professeur des écoles que vous croisez tous les jours (celui-là même qui désormais enseigne la théorie du genre aux enfants), ceux-là, pour peu que, par lâcheté, ils se retrouvent tous dans une loge maçonnique (le faisant comme ils mangent littéralement dans les mains de la mafia locale, tout en profitant des aides de l'État, tels les voyous et les parasites qu'ils sont), n'ont rien à voir avec les apparences licites du discours lockéen, et que ce sont ces gens-là (et pas seulement Emmanuel Macron ou Jacques Attali) qui en veulent à votre propriété.
C'est pourquoi, d'une part, il existe une convergence profonde entre l'humanisme et le socialisme, et, d'autre part, il est difficile de constituer des réseaux politiques authentiquement d'extrême droite dans la France de 2023 (mais cela ne date pas d'hier et va, malheureusement, continuer selon toute probabilité). Là, je parle évidemment en mon nom, et non en celui de l'entretien dont je vais reprendre le résumé. Cependant, pour terminer ce point, j'ai déjà entrepris de constituer un réseau d'extrême droite mais dois rester discret, et par légalité, et par stratégie, pour donner à ma démarche la plus grande chance de succès. Car, en effet, si nous voulons créer, dans une perspective légaliste, des mouvements critiques à l'encontre de la franc-maçonnerie, du LGBTisme, de l'immigrationnisme et, plus généralement, du wokisme, ce dans l'optique de contrer ces maux afin de servir les intérêts de la France dans notre propre intérêt, il ne faut surtout pas entamer cette démarche d'une manière événementielle ni publicitaire. Ceux qui font du bruit vont attirer du monde, le problème étant que cette affluence n'est pas celle que l'on souhaite. Si vous organisez, à grand renfort de tracts dans votre ville, des conférences sur des thèmes nationalistes, voici la plus grande probabilité de ce qui va vous arriver dans le moins mauvais des cas (pourtant, on touche déjà le pire) : soit votre conférence sera purement et simplement interdite, soit vous vous débrouillez d'une manière ou d'une autre pour éviter une interdiction (ce qui vous oblige, vraisemblablement, à atténuer la force de votre présentation) et, à ce moment-là, vous pouvez être sûrs que tous les francs-maçons, les rotariens et les invertis locaux vont essayer d'infiltrer l'organisation que vous essayez de mettre en place, ce dans le but, reprenant leurs procédés habituels, d'arriver à la neutraliser depuis l'intérieur. Cette infiltration, elle avait déjà eu lieu au Front national (FN) avant que ce dernier ne devienne le Rassemblement national (RN). Je renvoie toujours, à ce propos, à la lecture des ouvrages de Philippe Ploncard d'Assac, notamment, en l'occurrence : Le nationalisme français, FN : histoire d'une trahison, et Enquête sur la nouvelle droite. C'est pourquoi le vote réaliste commande soit de voter blanc, soit de voter, hélas, pour un parti, le RN, lequel, de parti d'extrême droite qu'il devrait être, est devenu un ennemi déclaré de l'extrême droite ; pourtant, c'est, sans se faire aucune illusion, le seul rempart relativement solide que nous ayons encore, dans le champ électoraliste, pour faire barrage conjointement à la Macronie et à LFI (le parti de Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon, dont je tiens à rappeler la virulence dans sa défense des intérêts allogènes et inclusifs, intérêts contraires à ceux de la France). Dans un champ non plus électoraliste mais personnel et lié à notre entourage plus ou moins direct, l'autre rempart solide à la construction de laquelle nous devons travailler est celui de l'information, ainsi que d'une formation doctrinale articulée avec une vision expérimentale et empirique de la politique. Concernant le travail que fait Charles Gave à travers le développement de l'Institut des libertés (IDL) en tant que président de ce dernier, c'est un travail qui a son utilité du point de vue de l'analyse, de la synthèse et de la technique économique et financière ; cependant, le libéralisme (même classique, lequel est un conservatisme, donc le seul libéralisme viable) ne suffit pas en tant que doctrine politico-juridique. Pour éviter la tour de Babel sémantique, il faut la solidité d'un nationalisme français de tradition et de principes, mieux à même de faire respecter dans nos frontières la part de légitimité de la philosophie lockéenne du droit, dont Charles Gave lui-même reconnaît que cette légitimité était déjà énoncée, en fait, bien avant, soit dans les Évangiles aux fondements de la religion catholique.
Gave développe son propos en montrant que la propriété est une condition essentielle de la liberté : si vous êtes propriétaire d'un champ, c'est vous, et non l'État, qui décidez de ce que vous allez y cultiver. En France, on nous explique encore que seuls les communistes, au vingtième siècle, auraient apporté des évolutions collectives de valeur. À cela, Gave répond que François Guizot (1787-1874), ministre de Louis-Philippe Iᵉʳ (1773-1850), était l'auteur, en 1841, d'une loi visant à limiter le travail des enfants, et que l'économiste libéral Frédéric Bastiat (1801-1850) était à l'origine, en 1849, de ce qui allait devenir le droit de grève. Je me permets d'ajouter que cette dialectique entre le socialo-communisme (qu'il soit d'inspiration marxiste-léniniste ou proudhonienne) et, par ailleurs, les écoles de pensée libérale, montre que l'extrême droite, ici dans sa déclinaison nationaliste française, incarne bien une voie économique à part entière. Car, en tant que nationalistes français, d'autres et moi-même nous distinguons à la fois du communisme et du libéralisme au sens large du terme (bien que le libéralisme classique ou conservatisme économique, le seul libéralisme méritant aujourd'hui d'être qualifié d'ultralibéral ou d'ultra-capitaliste, est compatible avec la tradition du nationalisme français, contrairement au néolibéralisme dont j'ai montré, dans un autre sujet, qu'il s'agit en fait d'un cheval de Troie du socialisme mondial, global ou planétaire). Que l'une des spécialités que j'explore, au sein de ma famille politique qu'est l'extrême droite, soit la mise en valeur des points communs qui existent entre la tradition nationaliste française catholique, le libéralisme classique (conservatisme économique, conservatisme intégral, ultralibéralisme ou ultra-capitalisme) et la source d'inspiration que peuvent encore représenter, pour nous Français, les mandats successifs des présidents américains Richard Nixon (1913-1994), Ronald Reagan (1911-2004) et Donald Trump, n'est pas la seule raison qui me fait voir, comme d'autres l'ont vu avant moi, l'extrême droite comme, ainsi que mentionné quelques lignes plus haut, un positionnement économique spécifique : plus je m'intéresse à ma famille politique, dont aucune n'est plus à droite, plus je prends la mesure de l'extrême richesse de sa pensée historique et politique. Une autre raison, fondamentale, m'est donnée par la lecture du Nationalisme français, déjà cité, de Ploncard d'Assac, lequel révèle, dans l'étude des solutions proposées par le nationalisme français (dont, pour les plus importantes : un État indépendant des lobbies, une organisation corporative hiérarchisée, l'application de la préférence nationale à tous les domaines, un natalisme ethno-centré sur nos origines blanches afin de réduire les besoins en main d'œuvre étrangère, l'interdiction in fine du multipartisme, la réintégration du catholicisme comme religion tutélaire, la sortie de l'Union européenne, et l'interdiction des structures communautaires maçonniques, homosexuelles ou ethniques), la volonté d'interdire le droit de grève au nom du bien commun. J'approuve clairement ces propositions, parce que, outre le fait que les idées que j'ai développées de mon côté vont dans le même sens, elles ont le courage d'être motivées par la volonté de reconstruire la France. Concernant les politiques natalistes, à une échelle globale et dans l'absolu je suis plutôt malthusien (selon l'idée que, moins nous sommes nombreux, moins nous devons partager avec les autres, et meilleure est notre qualité de vie individuelle) ; cependant, à une échelle nationale ramenée au contexte dramatique de la France de 2023, envahie par une immigration misérable dont je souhaite qu'elle garde sa misère pour elle et loin de moi, il est évident que, à choisir, je préfère une politique nataliste favorable à une population blanche (selon le même mode de raisonnement, centré sur une logique d'intérêt propre, qui fait que je suis malthusien en première lecture par conscience ergonomique, et nataliste identitaire en deuxième lecture par réalisme circonstanciel).
Cette alternative n'interdit évidemment pas de voir plus loin, mais là aussi le constat est imparable, et je le dis depuis toujours : plutôt que de déplacer leur pauvreté d'un pays à l'autre (sachant que, ce faisant, cette pauvreté ne fait que s'aggraver en aggravant la nôtre), il faut, dans les pays dont viennent les immigrés, des politiques incitatives pour le développement local, de façon à ce que chacun y trouve son intérêt, non par sentimentalisme humain (position inepte et inefficace, révélatrice de la bêtise et de la médiocrité consensuelles des francs-maçons et autres humanistes, qui commettent d'ailleurs l'erreur de moraliser les pays africains en voulant leur imposer le lobby des minorités de mœurs), mais parce que toute doctrine nationaliste arrivée à maturité sait que les motivations des populations, ici et là, sont et restent profondément individualistes et pragmatiques, car c'est dans la nature même de notre cérébralité. Or, pourquoi Vladimir Poutine réussit-il mieux en Afrique qu'Emmanuel Macron (et sur ce point je pense que, libéraux, souverainistes et nationalistes, nous sommes tous d'accord : Charles Gave, Pierre-Yves Rougeyron, Philippe Ploncard d'Assac) ? Parce que là où Macron fait du lobbying inclusif qui n'intéresse personne (il n'intéresse déjà pas l'Occident dont il est pourtant issu, donc je ne vois pas pourquoi il intéresserait l'Afrique), Poutine, dans ses négociations, a l'intelligence d'utiliser un langage qui intéresse tout le monde sensé : le langage des intérêts propres, dans l'acceptation froide et lucide du principe de réalité. Je vais plus loin encore, au sujet d'un autre aspect qui a été évoqué dans l'entretien. Pourquoi le travail des enfants a-t-il été systématiquement diabolisé ? Bien sûr, il y a eu des abus, comme partout. Mais pourquoi, dans ce cas, les politiques sont-elles toujours aussi monolithiques, aussi peu attentives aux subtilités des différences contextuelles ? Parce que, semble-t-il, le nationalisme est la seule doctrine ayant été appliquée qui prévoit l'expérimentation empirique, et la seule de ces doctrines qui n'ait pas été suffisamment appliquée (du moins, dans le monde moderne et postmoderne). Avec le confort que nous ont apporté les derniers siècles, non pas du fait d'un soi-disant progrès politique, mais parce que la technique s'est développée (comme elle aurait pu et pourrait continuer à se développer, d'ailleurs, dans des régimes nationalistes), de ce fait, donc, si nous arrivions à combiner ce confort, lié au monde des services et des loisirs, avec la force d'une doctrine politique centrée sur les intérêts des nations et sur des relations commerciales entre nations dictées par l'intérêt, nous serions doublement gagnants, alors que, en l'occurrence, faute de solidité politique et industrielle, nous sommes en train de tout perdre : il faut faire notre possible pour redresser la barre, aussi difficile cela soit-il. En arrivant à sauvegarder un monde basé sur un travail dur et, en contrepartie, sur une consommation agréable, nous atteindrions un point d'équilibre. Or, dans un tel monde, pourquoi les enfants seraient-ils toujours écartés du marché du travail, alors que le travail forge la personnalité, responsabilise les individus et les aide à s'émanciper grâce aux compétences permettant à chacun de devenir, progressivement, un acteur économique ? Je cite un exemple parmi d'autres, dont je me souviens particulièrement parce que le contact avait une certaine portée symbolique : je revenais de l'île de Porquerolles, dans le Var ; c'était le samedi 13 juillet 2019, il faisait beau ; je décidai de déjeuner à Hyères, dans un restaurant ; une partie du service était assurée par une très jeune fille, visiblement mineure et plus que mineure ; j'avais laissé un bon pourboire ; la patronne, probablement la mère, était venue en fin de service poser sa main sur la mienne, en signe de remerciement non seulement du fait du pourboire, mais aussi pour ma compréhension de la situation. Entrer dans la restauration est une chance sur le marché de l'emploi. Bien que de profil surtout commercial et managérial avant d'aborder, en plus, les métiers de la sécurité, il m'est arrivé de travailler dans d'autres secteurs, dont la restauration. Accéder à ce métier est difficile à notre époque quand on n'a pas fait une école d'hôtellerie, car il y a une rétention des compétences liée, entre autres, à une forte concurrence interne, même si ces compétences peuvent s'acquérir facilement sur le tard. On ne parle pas là d'envoyer des jeunes à la mine, mais de leur donner l'opportunité, grâce à leurs proches, de s'initier à un métier.
En résumé, pour Gave, la problématique est toujours celle de l'individu contre l'État. En tant que nationaliste, je suis plus nuancé que lui sur ce point, car nous avons besoin d'un État fort pour repousser l'influence des lobbies contraires aux intérêts nationaux. Ploncard d'Assac rappelle d'ailleurs, à juste titre là aussi dans son livre consacré à la doctrine nationaliste, que si les États-Unis ou la Chine ont pu prospérer, c'est en partie du fait que leur implication dans le libre-échange, jusqu'à un certain point, se voyait équilibrée par de fortes mesures protectionnistes. Donc Gave a raison de dire qu'aucun pays ne s'est enrichi grâce au seul protectionnisme, cependant ce dernier et le libre-échange, comme je l'ai déjà dit, sont des leviers dont il faut doser l'utilisation. La limite, au fond, est simple à définir : à partir de quel moment un produit importé fait-il de l'ombre à des produits que, à qualité égale voire supérieure, la France est capable de produire elle-même ? Exemple : le blé. Nous n'avons pas besoin d'importer du blé, car nous sommes capables d'en produire nous-mêmes. Pourtant, Macron et ses prédécesseurs sont arrivés à nous placer dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'extérieur, même à ce niveau-là. Je mets de côté la question des quotas audiovisuels, dont j'ai toujours dit qu'ils ne servaient à rien et qu'ils devaient être abolis, car, et sur ce point il y a également une convergence potentielle entre nationalisme et libéralisme classique, un État défini autour de ses fonctions régaliennes n'a pas à intervenir dans le domaine de la production artistique contemporaine, qu'elle soit populaire ou savante (sauf, pour des raisons légitimes d'intégrité civilisationnelle, pour nous débarrasser du wokisme, débarras auquel ne procéderaient ni la Macronie, ni LFI, qui en sont les complices). Même s'il y a là aussi des nuances, il fut un temps où les États-Unis étaient globalement plus forts dans la culture populaire (et donc mieux à même de convaincre le public international), et la France plus forte dans la culture savante (et donc mieux à même de satisfaire les goûts plus élitistes du public). Depuis que l'industrie du spectacle s'est effondrée (à cause d'un public de gavroches décérébrés, Anonymous et compagnie, ainsi que de la racaille des anciens forums, adeptes du téléchargement illégal et soutenant cyniquement les GAFAM, lesquels GAFAM, n'étant pas à une crapulerie près, ont tout fait pour s'attaquer au support matériel des œuvres, ce qui a été une étape stratégique dans la régression de la qualité de vie des consommateurs : la mafia politicienne s'en prenant d'abord aux loisirs, puis à l'essence, puis aux voitures, puis au chauffage des logements, puis aux centrales nucléaires, puis à la viande, et ainsi de suite). En 2023, depuis plus d'une quinzaine d'années au moins les films, les séries télévisées et même les chansons mises en avant dans les médias de masse ne servent plus qu'à promouvoir les minorités de mœurs, raison pour laquelle je ne vais plus au cinéma ni ne regarde plus la télévision. Et je n'ai jamais rien vu sur Netflix. En quoi ces précisions sont-elles intéressantes ? Parce qu'elles sont représentatives, ici, d'une tendance plus générale, qui montre à quel point les services marketing des loisirs audiovisuels des années 2010 et 2020, notoirement composés de personnes déviantes, sont restés aveugles au désintérêt qu'ils ont suscité auprès du public à cause de leur lobbying idéologique inadapté à nos attentes. Pour en revenir au sujet des quotas, ce qui relèverait davantage des compétences de l'État dans le domaine culturel serait la préservation patrimoniale, relative au génie architectural ou religieux ancestral, ainsi qu'aux sites naturels remarquables de par leur attrait et le rayonnement qu'ils offrent à l'extérieur de nos frontières, ce au profit de notre industrie du tourisme. Mais qui nous dit qu'un tourisme performant ne permet pas au secteur privé de s'occuper du patrimoine ? En bref, nombreux sont les domaines où l'État n'a pas à intervenir sous peine de s'affaiblir en affaiblissant sa population. Justement, c'est parce qu'un État ramené à ses fonctions régaliennes (armée, police, justice) redevient un État fort qu'il peut servir les intérêts de la France dans une optique nationaliste, en nous protégeant des influences extérieures et intérieures contraires à notre grandeur nationale.
Un problème important que posent les limites du droit de propriété concerne, comme a raison de le souligner Emmanuelle Gave (la fille de Charles Gave), la thésaurisation et la position dominante caractérisant, précisément, l'attitude des principaux acteurs du numérique. Charles Gave reconnaît que c'est un problème complexe, non sans faire observer qu'il y a eu un précédent historique notoire chez nous : les nombreux biens immobiliers, terrains et exploitations que l'Église catholique en était venue à posséder sous l'Ancien Régime. À mon sens, le problème se pose surtout, d'un point de vue factuel, quand des trusts se constituent, dans la mesure où les trusts vont, à un moment donné, contre l'économie d'un pays voire contre l'économie mondiale, et, concernant les lois anti-trust, on ne peut que relever, là aussi, une convergence entre le nationalisme français et le libéralisme classique. Une autre atteinte grave au droit de propriété revêt, selon Gave, la forme des taux 0, amenant à une captation par les détenteurs d'un fort capital du fait de leur pouvoir hypothécaire et de leur pouvoir de créer du levier, d'où une hausse factice des prix de l'immobilier, qui n'a rien à voir avec le libéralisme classique. Un levier est viable quand, une affaire rapportant 8 % par an, on emprunte par exemple à 5 %, ce qui semble en effet raisonnable. Le droit romain, autrefois, prenait en compte deux notions : le fait de pouvoir user d'un bien et le fait de pouvoir en abuser, soient l'usus et l'abusus. À ces deux notions s'est ajouté le fructus, qui a donné l'usufruit, en plus de la nue propriété. Dans un livre consacré à l'explication du triomphe du capitalisme dans les pays occidentaux, l'économiste péruvien Hernando de Soto a montré que, au niveau de ces pays, c'est le droit de propriété qui a permis le développement économique, par le démembrement de la propriété à travers la vente, la location ou l'arbitrage. Les politiques actuelles qui s'en prennent au droit de propriété s'attaquent, par conséquent, aux fondements de notre développement économique, comme par exemple quand des juges prennent le parti des squatteurs, alors que, sur la base du droit de propriété, il suffirait de produire la preuve que le bien nous appartient (soit : le titre de propriété) pour demander aux forces de l'ordre d'expulser les intrus rapidement. Il ne peut, selon le droit, y avoir de propriété sans preuve d'acquisition. Quand Emmanuelle Gave dit : "Que ce soit l'hiver, qu'il fasse froid, c'est le problème des squatteurs, pas le mien", j'ai envie d'applaudir, et je me dis : en tenant ces propos, la famille Gave a le courage rare de dénoncer la faiblesse du consensus des politiques humanistes, ce courage de dénonciation étant un point supplémentaire susceptible de rapprocher nationalisme et libéralisme classique (ou conservatisme). Un constat apparaît, celui d'attaques violentes du syndicat de la magistrature contre le droit de propriété, c'est-à-dire contre les bases juridiques de notre civilisation, expliquant aussi le recul de notre production industrielle française (les industries se heurtant à des obstacles administratifs dans leur acquisition du foncier), ou la dévalorisation de nos terrains agricoles, ou encore les éructations quotidiennes de LFI contre nos grands hommes d'affaires, Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon étant comparé à un automate, dans lequel il suffit de mettre une pièce pour avoir toujours les mêmes réponses fausses aux questions qui lui sont posées (l'inflation venant, d'après lui, du capitalisme), ce qui représente le degré zéro de la pensée (et même moins que zéro). Selon la loi de Pareto, c'est toujours une minorité qui crée le plus gros de la richesse et qui se montre capable de la gérer ; en essayant d'aller contre cette loi, on empêche l'ensemble de la population d'accéder à la richesse, pour se retrouver dans une situation comparable à celle du Venezuela où, depuis que le capitalisme a disparu, l'inflation a explosé, ce qu'il faut ne surtout pas souhaiter pour la France. Le droit et la propriété sont les deux outils essentiels permettant aux individus de garder un contrôle sur l'État. Pourtant, les politiques continuent à vouloir aller contre le droit de propriété, comme le montrent deux menaces qui soit semblaient se préciser à l'heure de la vidéo, soit semblent se préciser encore à l'heure de ce message : d'une part, la captation d'Agirc-Arrco, gérant les retraites complémentaires des salariés du privé (avec, cependant, un recul du gouvernement depuis lors) ; d'autre part, la perspective de l'euro numérique, destiné à tracer nos moindres faits et gestes. Sur la critique de ces dossiers aussi, nationalistes et libéraux classiques peuvent tout à fait se rejoindre.
Je termine par le résumé de la deuxième vidéo, principalement consacrée aux questions et aux réponses de la famille Gave autour de l'immobilier, de l'assurance-vie et des ETF (Exchange Traded Fund). Première question : comment la monnaie circule-t-elle entre deux pays, dans le cadre des transactions internationales ? Réponse : rien n'interdit en principe à deux pays de faire commerce dans leurs monnaies respectives. Il existe, entre les marchés nationaux, un marché des changes, permettant à ceux qui ont trop d'une monnaie d'en vendre à ceux qui n'en ont pas assez. C'est à la fois une bourse des changes et un service que les banques rendent à leurs clients. Quand la balance est déséquilibrée entre pays exportateurs et pays importateurs, les pays peuvent rétablir un équilibre par la complémentarité de plusieurs situations différentes et parfois inverses. Le travail des banques est, entre autres, de faire attention à ceux qui ont trop d'une monnaie et à ceux qui n'en ont pas assez. Toute la subtilité du marché tient à cet arbitrage. Parfois, certains pays déficitaires achètent plus à l'étranger qu'ils ne vendent à l'étranger. Logiquement, leur monnaie devrait baisser jusqu'au retour à l'équilibre mais, dans l'intervalle, les pays en question peuvent émettre des obligations. C'est ce que la France fait depuis longtemps quand elle dit aux autres pays qu'elle ne peut payer tout de suite : elle paiera donc plus tard. Dans ce cas, le problème de l'ajustement n'est que reporté. Avant l'euro, il y avait une balance extérieure de la France. Depuis l'euro, il y a une balance extérieure de la zone euro, qui est plus ambiguë d'un point de vue comptable et donc moins fiable, contribuant ainsi à révéler le dysfonctionnement de cette zone. Quand les transactions n'étaient pas instantanées, la livre sterling puis le dollar (l'or avant eux) servaient de références internationales du fait de leur lien avec un marché plus diversifié. D'après l'effet Cantillon, du nom de l'économiste Richard Cantillon (1680-1734) : "Ceux qui bénéficient le plus de la création monétaire sont les premiers receveurs, après quoi l’impact sur les prix et la répartition des ressources est progressif". Pour en revenir à l'actualité, les pays qui allaient former ce que l'on appelle désormais les BRICS avaient d'abord besoin de passer par le dollar pour commercer avec l'extérieur. C'était l'époque où les ordinateurs étaient reliés à un seul ordinateur central. Depuis les années 1990, les PC individuels sont connectés les uns aux autres, formant des réseaux. Quand tout est relié à un seul ordinateur central, le système a besoin, pour fonctionner, d'une seule monnaie de référence, comme le dollar. Avec des millions de PC indépendants de cet ordinateur central, il devient possible d'utiliser plusieurs monnaies différentes. La décentralisation des BRICS est une position antifragile, car pouvant recourir, en cas de panne, à plusieurs solutions de rechange. Il n'est plus nécessaire que tout le monde ait des réserves de change massives en dollars américains, ni de continuer à passer par le système SWIFT (d'ailleurs contrôlé par la CIA). Deuxième question : d'où vient l'inquiétude de Charles Gave concernant l'immobilier ? Réponse : il y a trois raisons. Première raison : vous investissez dans l'immobilier pour vous constituer un capital (en louant votre bien), à condition que les taux d'intérêt soient inférieurs au taux de croissance de l'immobilier. Si vous empruntez à 5 ou à 6 et que l'immobilier monte de 2 par an, vous n'allez pas vous constituer de capital. Deuxième raison : ceux qui pensent que l'immobilier va monter perpétuellement dans le long terme font le raisonnement implicite selon lequel c'est une question de coût de production, à condition que la démographie soit adaptée. Ce n'est pas le cas quand il y a un effondrement démographique, comme par exemple celui qui s'annonce en Italie à l'horizon des trente prochaines années. D'autres facteurs entrent également en compte, comme la montée de l'insécurité, l'éventualité d'une guerre civile, un changement de système juridique ou, comme on l'a vu plus haut, la remise en cause du droit de propriété, autant de facteurs qui font que même les biens d'exception ne sont pas à l'abri de l'incertitude. Troisième raison : les locataires ne paient pas toujours leur loyer, et les procédures sont longues et compliquées.
Troisième question : pourquoi, selon Charles Gave, faut-il fuir les assurances-vie ? Le problème réside-t-il dans le risque de non-remboursement de titres obligataires étatiques ou dans le produit fiscal en lui-même ? Est-il possible d'investir dans des actions en titres vifs ou même en ETF, par exemple à l'intérieur d'une assurance-vie ? Oui. Le risque, dans ce cas, est-il similaire à celui d'avoir une assurance-vie à prédominance obligataire ? Non. Réponse : il y a deux systèmes d'assurance-vie : celui permettant de bénéficier d'avantages fiscaux, lié aux obligations, et qui ne pose pas de grave problème aux compagnies d'assurances car, du fait d'obligations de l'État français, la propriété en est, en principe, transférée aux assurances, qui perçoivent donc de l'argent sans prendre aucun risque ; par contre, le système action, lui, est plutôt rédhibitoire pour les compagnies d'assurances, qui doivent peut-être mettre, alors, des réserves obligatoires. Les banques incitent à aller vers les obligations, mais les clients ont intérêt à se tourner vers les actions. Un ETF action passe par un ordinateur qui construit un portefeuille rendant le client détenteur des titres sous-jacents. Il faut simplement raisonner en termes d'opportunités : on est certain de perdre avec les obligations, alors qu'il existe une probabilité de gain avec les actions. Quatrième question : le taux sans risque aux États-Unis, qui est de 5 %, pénaliserait-il certains secteurs qui bénéficiaient de taux bas, comme la tech ? On dit que la dévaluation d'une monnaie favorise les exportations, ce qui peut s'avérer bénéfique pour le commerce à moyen terme, ou le dégrader du fait d'un renchérissement des importations, d'où une augmentation du coût des inputs, pénalisant les coûts de revient et gommant les effets bénéfiques (exemple : la Turquie voyant ses importations de matières premières se faire au détriment de son industrie), alors que fait-on ? Réponse : pour reprendre l'essentiel de la théorie économique, logiquement personne ne devrait avoir accès au capital avec une rentabilité inférieure à la rentabilité moyenne dans le pays, soit la rentabilité marginale du capital ; si quelqu'un gagne 3 %, que la rentabilité marginale est à 5 % et qu'il peut emprunter à 0 %, le schéma n'est pas viable car, dès lors que les taux repasseront de 0 % à 5 %, il sera perdant, non à cause du système économique mais à cause des mauvaises décisions de la banque centrale, laquelle n'aurait jamais dû mettre les taux à 0 %. Dans un système qui fonctionne, n'ont accès au capital que ceux qui ont une rentabilité marginale du capital supérieure au coût du capital. Cela permet d'éviter les cycles financiers crées, comme le rappelait l'économiste suédois Knut Wicksell (1851–1926), par les banques centrales. Quand un pays dévalue, ses exportations peuvent monter, mais il faut du temps pour prendre des parts de marché alors que le coût des importations monte tout de suite, entraînant une détérioration temporaire de la balance commerciale : c'est l'effet J. Une dévaluation transfère l'argent du rentier vers l'entrepreneur et vers l'actionnaire. La valeur de la rente baisse parce que la monnaie baisse, alors que les profits de l'entreprise montent. La situation du Japon en 2023 illustre bien cette relation : le profit de ses entreprises n'apparaît pas encore dans les courbes, à cause de la chute du yen au cours des trois années précédentes. En principe, les monnaies retournent toujours à la parité du pouvoir d'achat. D'après l'indice Big Mac, le prix d'un même produit doit être équivalent à Tokyo et à Paris. Or, en 2023, un Big Mac à Tokyo est à la moitié du prix d'un Big Mac à Paris, et les obligations japonaises ne rapportent rien. Il y a eu une telle dévalorisation de la monnaie japonaise par rapport à la monnaie utilisée en France que, si l'on veut investir dans des obligations japonaises, on peut gagner 50 % à l'horizon de deux ou trois ans simplement grâce au retour à l'équilibre du taux de change, même si le marché obligataire japonais est restreint, car la banque centrale achète tout. Il est intéressant d'observer ce qui se passe au Japon, même si ce pays attire moins l'attention des médias que les BRICS, et peut-être pour cette raison : c'est parfois dans les pays dont on parle moins que se trouvent les meilleures opportunités. Autres sujets abordés dans l'entretien : l'indice Gilets jaunes (prenant en compte, pour les catégories les plus défavorisées de la population, trois postes de dépenses : le logement, la nourriture et les transports ; au lieu de toujours traiter les problèmes globalement, les politiques devraient envisager un indice des prix adapté aux différentes catégories selon les revenus) ; l'intérêt de lire les ouvrages de Jordan Peterson, psychologue libéral conservateur ; la Chine, appelée à rester, au cours des vingt ans qui viennent, le pays où l'énergie est moins chère qu'ailleurs ; les États-Unis et l'Europe, premières victimes d'un krach obligataire persistant, et comment repérer d'autres victimes à venir (cachant leurs comptes, mais reconnaissables à leur tendance à ne plus vouloir assurer, et à augmenter leurs prix de manière extraordinaire, sauf catastrophe les poussant à la liquidation : toute l'épargne longue est concernée par le problème au premier plan, ainsi que les caisses des retraites) ; la force libérale (conservatrice) de la Suisse, qui n'intervient pas quand une entreprise est en difficulté : c'est ainsi que le marché se régule naturellement.
C'est pourquoi, d'une part, il existe une convergence profonde entre l'humanisme et le socialisme, et, d'autre part, il est difficile de constituer des réseaux politiques authentiquement d'extrême droite dans la France de 2023 (mais cela ne date pas d'hier et va, malheureusement, continuer selon toute probabilité). Là, je parle évidemment en mon nom, et non en celui de l'entretien dont je vais reprendre le résumé. Cependant, pour terminer ce point, j'ai déjà entrepris de constituer un réseau d'extrême droite mais dois rester discret, et par légalité, et par stratégie, pour donner à ma démarche la plus grande chance de succès. Car, en effet, si nous voulons créer, dans une perspective légaliste, des mouvements critiques à l'encontre de la franc-maçonnerie, du LGBTisme, de l'immigrationnisme et, plus généralement, du wokisme, ce dans l'optique de contrer ces maux afin de servir les intérêts de la France dans notre propre intérêt, il ne faut surtout pas entamer cette démarche d'une manière événementielle ni publicitaire. Ceux qui font du bruit vont attirer du monde, le problème étant que cette affluence n'est pas celle que l'on souhaite. Si vous organisez, à grand renfort de tracts dans votre ville, des conférences sur des thèmes nationalistes, voici la plus grande probabilité de ce qui va vous arriver dans le moins mauvais des cas (pourtant, on touche déjà le pire) : soit votre conférence sera purement et simplement interdite, soit vous vous débrouillez d'une manière ou d'une autre pour éviter une interdiction (ce qui vous oblige, vraisemblablement, à atténuer la force de votre présentation) et, à ce moment-là, vous pouvez être sûrs que tous les francs-maçons, les rotariens et les invertis locaux vont essayer d'infiltrer l'organisation que vous essayez de mettre en place, ce dans le but, reprenant leurs procédés habituels, d'arriver à la neutraliser depuis l'intérieur. Cette infiltration, elle avait déjà eu lieu au Front national (FN) avant que ce dernier ne devienne le Rassemblement national (RN). Je renvoie toujours, à ce propos, à la lecture des ouvrages de Philippe Ploncard d'Assac, notamment, en l'occurrence : Le nationalisme français, FN : histoire d'une trahison, et Enquête sur la nouvelle droite. C'est pourquoi le vote réaliste commande soit de voter blanc, soit de voter, hélas, pour un parti, le RN, lequel, de parti d'extrême droite qu'il devrait être, est devenu un ennemi déclaré de l'extrême droite ; pourtant, c'est, sans se faire aucune illusion, le seul rempart relativement solide que nous ayons encore, dans le champ électoraliste, pour faire barrage conjointement à la Macronie et à LFI (le parti de Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon, dont je tiens à rappeler la virulence dans sa défense des intérêts allogènes et inclusifs, intérêts contraires à ceux de la France). Dans un champ non plus électoraliste mais personnel et lié à notre entourage plus ou moins direct, l'autre rempart solide à la construction de laquelle nous devons travailler est celui de l'information, ainsi que d'une formation doctrinale articulée avec une vision expérimentale et empirique de la politique. Concernant le travail que fait Charles Gave à travers le développement de l'Institut des libertés (IDL) en tant que président de ce dernier, c'est un travail qui a son utilité du point de vue de l'analyse, de la synthèse et de la technique économique et financière ; cependant, le libéralisme (même classique, lequel est un conservatisme, donc le seul libéralisme viable) ne suffit pas en tant que doctrine politico-juridique. Pour éviter la tour de Babel sémantique, il faut la solidité d'un nationalisme français de tradition et de principes, mieux à même de faire respecter dans nos frontières la part de légitimité de la philosophie lockéenne du droit, dont Charles Gave lui-même reconnaît que cette légitimité était déjà énoncée, en fait, bien avant, soit dans les Évangiles aux fondements de la religion catholique.
Gave développe son propos en montrant que la propriété est une condition essentielle de la liberté : si vous êtes propriétaire d'un champ, c'est vous, et non l'État, qui décidez de ce que vous allez y cultiver. En France, on nous explique encore que seuls les communistes, au vingtième siècle, auraient apporté des évolutions collectives de valeur. À cela, Gave répond que François Guizot (1787-1874), ministre de Louis-Philippe Iᵉʳ (1773-1850), était l'auteur, en 1841, d'une loi visant à limiter le travail des enfants, et que l'économiste libéral Frédéric Bastiat (1801-1850) était à l'origine, en 1849, de ce qui allait devenir le droit de grève. Je me permets d'ajouter que cette dialectique entre le socialo-communisme (qu'il soit d'inspiration marxiste-léniniste ou proudhonienne) et, par ailleurs, les écoles de pensée libérale, montre que l'extrême droite, ici dans sa déclinaison nationaliste française, incarne bien une voie économique à part entière. Car, en tant que nationalistes français, d'autres et moi-même nous distinguons à la fois du communisme et du libéralisme au sens large du terme (bien que le libéralisme classique ou conservatisme économique, le seul libéralisme méritant aujourd'hui d'être qualifié d'ultralibéral ou d'ultra-capitaliste, est compatible avec la tradition du nationalisme français, contrairement au néolibéralisme dont j'ai montré, dans un autre sujet, qu'il s'agit en fait d'un cheval de Troie du socialisme mondial, global ou planétaire). Que l'une des spécialités que j'explore, au sein de ma famille politique qu'est l'extrême droite, soit la mise en valeur des points communs qui existent entre la tradition nationaliste française catholique, le libéralisme classique (conservatisme économique, conservatisme intégral, ultralibéralisme ou ultra-capitalisme) et la source d'inspiration que peuvent encore représenter, pour nous Français, les mandats successifs des présidents américains Richard Nixon (1913-1994), Ronald Reagan (1911-2004) et Donald Trump, n'est pas la seule raison qui me fait voir, comme d'autres l'ont vu avant moi, l'extrême droite comme, ainsi que mentionné quelques lignes plus haut, un positionnement économique spécifique : plus je m'intéresse à ma famille politique, dont aucune n'est plus à droite, plus je prends la mesure de l'extrême richesse de sa pensée historique et politique. Une autre raison, fondamentale, m'est donnée par la lecture du Nationalisme français, déjà cité, de Ploncard d'Assac, lequel révèle, dans l'étude des solutions proposées par le nationalisme français (dont, pour les plus importantes : un État indépendant des lobbies, une organisation corporative hiérarchisée, l'application de la préférence nationale à tous les domaines, un natalisme ethno-centré sur nos origines blanches afin de réduire les besoins en main d'œuvre étrangère, l'interdiction in fine du multipartisme, la réintégration du catholicisme comme religion tutélaire, la sortie de l'Union européenne, et l'interdiction des structures communautaires maçonniques, homosexuelles ou ethniques), la volonté d'interdire le droit de grève au nom du bien commun. J'approuve clairement ces propositions, parce que, outre le fait que les idées que j'ai développées de mon côté vont dans le même sens, elles ont le courage d'être motivées par la volonté de reconstruire la France. Concernant les politiques natalistes, à une échelle globale et dans l'absolu je suis plutôt malthusien (selon l'idée que, moins nous sommes nombreux, moins nous devons partager avec les autres, et meilleure est notre qualité de vie individuelle) ; cependant, à une échelle nationale ramenée au contexte dramatique de la France de 2023, envahie par une immigration misérable dont je souhaite qu'elle garde sa misère pour elle et loin de moi, il est évident que, à choisir, je préfère une politique nataliste favorable à une population blanche (selon le même mode de raisonnement, centré sur une logique d'intérêt propre, qui fait que je suis malthusien en première lecture par conscience ergonomique, et nataliste identitaire en deuxième lecture par réalisme circonstanciel).
Cette alternative n'interdit évidemment pas de voir plus loin, mais là aussi le constat est imparable, et je le dis depuis toujours : plutôt que de déplacer leur pauvreté d'un pays à l'autre (sachant que, ce faisant, cette pauvreté ne fait que s'aggraver en aggravant la nôtre), il faut, dans les pays dont viennent les immigrés, des politiques incitatives pour le développement local, de façon à ce que chacun y trouve son intérêt, non par sentimentalisme humain (position inepte et inefficace, révélatrice de la bêtise et de la médiocrité consensuelles des francs-maçons et autres humanistes, qui commettent d'ailleurs l'erreur de moraliser les pays africains en voulant leur imposer le lobby des minorités de mœurs), mais parce que toute doctrine nationaliste arrivée à maturité sait que les motivations des populations, ici et là, sont et restent profondément individualistes et pragmatiques, car c'est dans la nature même de notre cérébralité. Or, pourquoi Vladimir Poutine réussit-il mieux en Afrique qu'Emmanuel Macron (et sur ce point je pense que, libéraux, souverainistes et nationalistes, nous sommes tous d'accord : Charles Gave, Pierre-Yves Rougeyron, Philippe Ploncard d'Assac) ? Parce que là où Macron fait du lobbying inclusif qui n'intéresse personne (il n'intéresse déjà pas l'Occident dont il est pourtant issu, donc je ne vois pas pourquoi il intéresserait l'Afrique), Poutine, dans ses négociations, a l'intelligence d'utiliser un langage qui intéresse tout le monde sensé : le langage des intérêts propres, dans l'acceptation froide et lucide du principe de réalité. Je vais plus loin encore, au sujet d'un autre aspect qui a été évoqué dans l'entretien. Pourquoi le travail des enfants a-t-il été systématiquement diabolisé ? Bien sûr, il y a eu des abus, comme partout. Mais pourquoi, dans ce cas, les politiques sont-elles toujours aussi monolithiques, aussi peu attentives aux subtilités des différences contextuelles ? Parce que, semble-t-il, le nationalisme est la seule doctrine ayant été appliquée qui prévoit l'expérimentation empirique, et la seule de ces doctrines qui n'ait pas été suffisamment appliquée (du moins, dans le monde moderne et postmoderne). Avec le confort que nous ont apporté les derniers siècles, non pas du fait d'un soi-disant progrès politique, mais parce que la technique s'est développée (comme elle aurait pu et pourrait continuer à se développer, d'ailleurs, dans des régimes nationalistes), de ce fait, donc, si nous arrivions à combiner ce confort, lié au monde des services et des loisirs, avec la force d'une doctrine politique centrée sur les intérêts des nations et sur des relations commerciales entre nations dictées par l'intérêt, nous serions doublement gagnants, alors que, en l'occurrence, faute de solidité politique et industrielle, nous sommes en train de tout perdre : il faut faire notre possible pour redresser la barre, aussi difficile cela soit-il. En arrivant à sauvegarder un monde basé sur un travail dur et, en contrepartie, sur une consommation agréable, nous atteindrions un point d'équilibre. Or, dans un tel monde, pourquoi les enfants seraient-ils toujours écartés du marché du travail, alors que le travail forge la personnalité, responsabilise les individus et les aide à s'émanciper grâce aux compétences permettant à chacun de devenir, progressivement, un acteur économique ? Je cite un exemple parmi d'autres, dont je me souviens particulièrement parce que le contact avait une certaine portée symbolique : je revenais de l'île de Porquerolles, dans le Var ; c'était le samedi 13 juillet 2019, il faisait beau ; je décidai de déjeuner à Hyères, dans un restaurant ; une partie du service était assurée par une très jeune fille, visiblement mineure et plus que mineure ; j'avais laissé un bon pourboire ; la patronne, probablement la mère, était venue en fin de service poser sa main sur la mienne, en signe de remerciement non seulement du fait du pourboire, mais aussi pour ma compréhension de la situation. Entrer dans la restauration est une chance sur le marché de l'emploi. Bien que de profil surtout commercial et managérial avant d'aborder, en plus, les métiers de la sécurité, il m'est arrivé de travailler dans d'autres secteurs, dont la restauration. Accéder à ce métier est difficile à notre époque quand on n'a pas fait une école d'hôtellerie, car il y a une rétention des compétences liée, entre autres, à une forte concurrence interne, même si ces compétences peuvent s'acquérir facilement sur le tard. On ne parle pas là d'envoyer des jeunes à la mine, mais de leur donner l'opportunité, grâce à leurs proches, de s'initier à un métier.
En résumé, pour Gave, la problématique est toujours celle de l'individu contre l'État. En tant que nationaliste, je suis plus nuancé que lui sur ce point, car nous avons besoin d'un État fort pour repousser l'influence des lobbies contraires aux intérêts nationaux. Ploncard d'Assac rappelle d'ailleurs, à juste titre là aussi dans son livre consacré à la doctrine nationaliste, que si les États-Unis ou la Chine ont pu prospérer, c'est en partie du fait que leur implication dans le libre-échange, jusqu'à un certain point, se voyait équilibrée par de fortes mesures protectionnistes. Donc Gave a raison de dire qu'aucun pays ne s'est enrichi grâce au seul protectionnisme, cependant ce dernier et le libre-échange, comme je l'ai déjà dit, sont des leviers dont il faut doser l'utilisation. La limite, au fond, est simple à définir : à partir de quel moment un produit importé fait-il de l'ombre à des produits que, à qualité égale voire supérieure, la France est capable de produire elle-même ? Exemple : le blé. Nous n'avons pas besoin d'importer du blé, car nous sommes capables d'en produire nous-mêmes. Pourtant, Macron et ses prédécesseurs sont arrivés à nous placer dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'extérieur, même à ce niveau-là. Je mets de côté la question des quotas audiovisuels, dont j'ai toujours dit qu'ils ne servaient à rien et qu'ils devaient être abolis, car, et sur ce point il y a également une convergence potentielle entre nationalisme et libéralisme classique, un État défini autour de ses fonctions régaliennes n'a pas à intervenir dans le domaine de la production artistique contemporaine, qu'elle soit populaire ou savante (sauf, pour des raisons légitimes d'intégrité civilisationnelle, pour nous débarrasser du wokisme, débarras auquel ne procéderaient ni la Macronie, ni LFI, qui en sont les complices). Même s'il y a là aussi des nuances, il fut un temps où les États-Unis étaient globalement plus forts dans la culture populaire (et donc mieux à même de convaincre le public international), et la France plus forte dans la culture savante (et donc mieux à même de satisfaire les goûts plus élitistes du public). Depuis que l'industrie du spectacle s'est effondrée (à cause d'un public de gavroches décérébrés, Anonymous et compagnie, ainsi que de la racaille des anciens forums, adeptes du téléchargement illégal et soutenant cyniquement les GAFAM, lesquels GAFAM, n'étant pas à une crapulerie près, ont tout fait pour s'attaquer au support matériel des œuvres, ce qui a été une étape stratégique dans la régression de la qualité de vie des consommateurs : la mafia politicienne s'en prenant d'abord aux loisirs, puis à l'essence, puis aux voitures, puis au chauffage des logements, puis aux centrales nucléaires, puis à la viande, et ainsi de suite). En 2023, depuis plus d'une quinzaine d'années au moins les films, les séries télévisées et même les chansons mises en avant dans les médias de masse ne servent plus qu'à promouvoir les minorités de mœurs, raison pour laquelle je ne vais plus au cinéma ni ne regarde plus la télévision. Et je n'ai jamais rien vu sur Netflix. En quoi ces précisions sont-elles intéressantes ? Parce qu'elles sont représentatives, ici, d'une tendance plus générale, qui montre à quel point les services marketing des loisirs audiovisuels des années 2010 et 2020, notoirement composés de personnes déviantes, sont restés aveugles au désintérêt qu'ils ont suscité auprès du public à cause de leur lobbying idéologique inadapté à nos attentes. Pour en revenir au sujet des quotas, ce qui relèverait davantage des compétences de l'État dans le domaine culturel serait la préservation patrimoniale, relative au génie architectural ou religieux ancestral, ainsi qu'aux sites naturels remarquables de par leur attrait et le rayonnement qu'ils offrent à l'extérieur de nos frontières, ce au profit de notre industrie du tourisme. Mais qui nous dit qu'un tourisme performant ne permet pas au secteur privé de s'occuper du patrimoine ? En bref, nombreux sont les domaines où l'État n'a pas à intervenir sous peine de s'affaiblir en affaiblissant sa population. Justement, c'est parce qu'un État ramené à ses fonctions régaliennes (armée, police, justice) redevient un État fort qu'il peut servir les intérêts de la France dans une optique nationaliste, en nous protégeant des influences extérieures et intérieures contraires à notre grandeur nationale.
Un problème important que posent les limites du droit de propriété concerne, comme a raison de le souligner Emmanuelle Gave (la fille de Charles Gave), la thésaurisation et la position dominante caractérisant, précisément, l'attitude des principaux acteurs du numérique. Charles Gave reconnaît que c'est un problème complexe, non sans faire observer qu'il y a eu un précédent historique notoire chez nous : les nombreux biens immobiliers, terrains et exploitations que l'Église catholique en était venue à posséder sous l'Ancien Régime. À mon sens, le problème se pose surtout, d'un point de vue factuel, quand des trusts se constituent, dans la mesure où les trusts vont, à un moment donné, contre l'économie d'un pays voire contre l'économie mondiale, et, concernant les lois anti-trust, on ne peut que relever, là aussi, une convergence entre le nationalisme français et le libéralisme classique. Une autre atteinte grave au droit de propriété revêt, selon Gave, la forme des taux 0, amenant à une captation par les détenteurs d'un fort capital du fait de leur pouvoir hypothécaire et de leur pouvoir de créer du levier, d'où une hausse factice des prix de l'immobilier, qui n'a rien à voir avec le libéralisme classique. Un levier est viable quand, une affaire rapportant 8 % par an, on emprunte par exemple à 5 %, ce qui semble en effet raisonnable. Le droit romain, autrefois, prenait en compte deux notions : le fait de pouvoir user d'un bien et le fait de pouvoir en abuser, soient l'usus et l'abusus. À ces deux notions s'est ajouté le fructus, qui a donné l'usufruit, en plus de la nue propriété. Dans un livre consacré à l'explication du triomphe du capitalisme dans les pays occidentaux, l'économiste péruvien Hernando de Soto a montré que, au niveau de ces pays, c'est le droit de propriété qui a permis le développement économique, par le démembrement de la propriété à travers la vente, la location ou l'arbitrage. Les politiques actuelles qui s'en prennent au droit de propriété s'attaquent, par conséquent, aux fondements de notre développement économique, comme par exemple quand des juges prennent le parti des squatteurs, alors que, sur la base du droit de propriété, il suffirait de produire la preuve que le bien nous appartient (soit : le titre de propriété) pour demander aux forces de l'ordre d'expulser les intrus rapidement. Il ne peut, selon le droit, y avoir de propriété sans preuve d'acquisition. Quand Emmanuelle Gave dit : "Que ce soit l'hiver, qu'il fasse froid, c'est le problème des squatteurs, pas le mien", j'ai envie d'applaudir, et je me dis : en tenant ces propos, la famille Gave a le courage rare de dénoncer la faiblesse du consensus des politiques humanistes, ce courage de dénonciation étant un point supplémentaire susceptible de rapprocher nationalisme et libéralisme classique (ou conservatisme). Un constat apparaît, celui d'attaques violentes du syndicat de la magistrature contre le droit de propriété, c'est-à-dire contre les bases juridiques de notre civilisation, expliquant aussi le recul de notre production industrielle française (les industries se heurtant à des obstacles administratifs dans leur acquisition du foncier), ou la dévalorisation de nos terrains agricoles, ou encore les éructations quotidiennes de LFI contre nos grands hommes d'affaires, Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon étant comparé à un automate, dans lequel il suffit de mettre une pièce pour avoir toujours les mêmes réponses fausses aux questions qui lui sont posées (l'inflation venant, d'après lui, du capitalisme), ce qui représente le degré zéro de la pensée (et même moins que zéro). Selon la loi de Pareto, c'est toujours une minorité qui crée le plus gros de la richesse et qui se montre capable de la gérer ; en essayant d'aller contre cette loi, on empêche l'ensemble de la population d'accéder à la richesse, pour se retrouver dans une situation comparable à celle du Venezuela où, depuis que le capitalisme a disparu, l'inflation a explosé, ce qu'il faut ne surtout pas souhaiter pour la France. Le droit et la propriété sont les deux outils essentiels permettant aux individus de garder un contrôle sur l'État. Pourtant, les politiques continuent à vouloir aller contre le droit de propriété, comme le montrent deux menaces qui soit semblaient se préciser à l'heure de la vidéo, soit semblent se préciser encore à l'heure de ce message : d'une part, la captation d'Agirc-Arrco, gérant les retraites complémentaires des salariés du privé (avec, cependant, un recul du gouvernement depuis lors) ; d'autre part, la perspective de l'euro numérique, destiné à tracer nos moindres faits et gestes. Sur la critique de ces dossiers aussi, nationalistes et libéraux classiques peuvent tout à fait se rejoindre.
Je termine par le résumé de la deuxième vidéo, principalement consacrée aux questions et aux réponses de la famille Gave autour de l'immobilier, de l'assurance-vie et des ETF (Exchange Traded Fund). Première question : comment la monnaie circule-t-elle entre deux pays, dans le cadre des transactions internationales ? Réponse : rien n'interdit en principe à deux pays de faire commerce dans leurs monnaies respectives. Il existe, entre les marchés nationaux, un marché des changes, permettant à ceux qui ont trop d'une monnaie d'en vendre à ceux qui n'en ont pas assez. C'est à la fois une bourse des changes et un service que les banques rendent à leurs clients. Quand la balance est déséquilibrée entre pays exportateurs et pays importateurs, les pays peuvent rétablir un équilibre par la complémentarité de plusieurs situations différentes et parfois inverses. Le travail des banques est, entre autres, de faire attention à ceux qui ont trop d'une monnaie et à ceux qui n'en ont pas assez. Toute la subtilité du marché tient à cet arbitrage. Parfois, certains pays déficitaires achètent plus à l'étranger qu'ils ne vendent à l'étranger. Logiquement, leur monnaie devrait baisser jusqu'au retour à l'équilibre mais, dans l'intervalle, les pays en question peuvent émettre des obligations. C'est ce que la France fait depuis longtemps quand elle dit aux autres pays qu'elle ne peut payer tout de suite : elle paiera donc plus tard. Dans ce cas, le problème de l'ajustement n'est que reporté. Avant l'euro, il y avait une balance extérieure de la France. Depuis l'euro, il y a une balance extérieure de la zone euro, qui est plus ambiguë d'un point de vue comptable et donc moins fiable, contribuant ainsi à révéler le dysfonctionnement de cette zone. Quand les transactions n'étaient pas instantanées, la livre sterling puis le dollar (l'or avant eux) servaient de références internationales du fait de leur lien avec un marché plus diversifié. D'après l'effet Cantillon, du nom de l'économiste Richard Cantillon (1680-1734) : "Ceux qui bénéficient le plus de la création monétaire sont les premiers receveurs, après quoi l’impact sur les prix et la répartition des ressources est progressif". Pour en revenir à l'actualité, les pays qui allaient former ce que l'on appelle désormais les BRICS avaient d'abord besoin de passer par le dollar pour commercer avec l'extérieur. C'était l'époque où les ordinateurs étaient reliés à un seul ordinateur central. Depuis les années 1990, les PC individuels sont connectés les uns aux autres, formant des réseaux. Quand tout est relié à un seul ordinateur central, le système a besoin, pour fonctionner, d'une seule monnaie de référence, comme le dollar. Avec des millions de PC indépendants de cet ordinateur central, il devient possible d'utiliser plusieurs monnaies différentes. La décentralisation des BRICS est une position antifragile, car pouvant recourir, en cas de panne, à plusieurs solutions de rechange. Il n'est plus nécessaire que tout le monde ait des réserves de change massives en dollars américains, ni de continuer à passer par le système SWIFT (d'ailleurs contrôlé par la CIA). Deuxième question : d'où vient l'inquiétude de Charles Gave concernant l'immobilier ? Réponse : il y a trois raisons. Première raison : vous investissez dans l'immobilier pour vous constituer un capital (en louant votre bien), à condition que les taux d'intérêt soient inférieurs au taux de croissance de l'immobilier. Si vous empruntez à 5 ou à 6 et que l'immobilier monte de 2 par an, vous n'allez pas vous constituer de capital. Deuxième raison : ceux qui pensent que l'immobilier va monter perpétuellement dans le long terme font le raisonnement implicite selon lequel c'est une question de coût de production, à condition que la démographie soit adaptée. Ce n'est pas le cas quand il y a un effondrement démographique, comme par exemple celui qui s'annonce en Italie à l'horizon des trente prochaines années. D'autres facteurs entrent également en compte, comme la montée de l'insécurité, l'éventualité d'une guerre civile, un changement de système juridique ou, comme on l'a vu plus haut, la remise en cause du droit de propriété, autant de facteurs qui font que même les biens d'exception ne sont pas à l'abri de l'incertitude. Troisième raison : les locataires ne paient pas toujours leur loyer, et les procédures sont longues et compliquées.
Troisième question : pourquoi, selon Charles Gave, faut-il fuir les assurances-vie ? Le problème réside-t-il dans le risque de non-remboursement de titres obligataires étatiques ou dans le produit fiscal en lui-même ? Est-il possible d'investir dans des actions en titres vifs ou même en ETF, par exemple à l'intérieur d'une assurance-vie ? Oui. Le risque, dans ce cas, est-il similaire à celui d'avoir une assurance-vie à prédominance obligataire ? Non. Réponse : il y a deux systèmes d'assurance-vie : celui permettant de bénéficier d'avantages fiscaux, lié aux obligations, et qui ne pose pas de grave problème aux compagnies d'assurances car, du fait d'obligations de l'État français, la propriété en est, en principe, transférée aux assurances, qui perçoivent donc de l'argent sans prendre aucun risque ; par contre, le système action, lui, est plutôt rédhibitoire pour les compagnies d'assurances, qui doivent peut-être mettre, alors, des réserves obligatoires. Les banques incitent à aller vers les obligations, mais les clients ont intérêt à se tourner vers les actions. Un ETF action passe par un ordinateur qui construit un portefeuille rendant le client détenteur des titres sous-jacents. Il faut simplement raisonner en termes d'opportunités : on est certain de perdre avec les obligations, alors qu'il existe une probabilité de gain avec les actions. Quatrième question : le taux sans risque aux États-Unis, qui est de 5 %, pénaliserait-il certains secteurs qui bénéficiaient de taux bas, comme la tech ? On dit que la dévaluation d'une monnaie favorise les exportations, ce qui peut s'avérer bénéfique pour le commerce à moyen terme, ou le dégrader du fait d'un renchérissement des importations, d'où une augmentation du coût des inputs, pénalisant les coûts de revient et gommant les effets bénéfiques (exemple : la Turquie voyant ses importations de matières premières se faire au détriment de son industrie), alors que fait-on ? Réponse : pour reprendre l'essentiel de la théorie économique, logiquement personne ne devrait avoir accès au capital avec une rentabilité inférieure à la rentabilité moyenne dans le pays, soit la rentabilité marginale du capital ; si quelqu'un gagne 3 %, que la rentabilité marginale est à 5 % et qu'il peut emprunter à 0 %, le schéma n'est pas viable car, dès lors que les taux repasseront de 0 % à 5 %, il sera perdant, non à cause du système économique mais à cause des mauvaises décisions de la banque centrale, laquelle n'aurait jamais dû mettre les taux à 0 %. Dans un système qui fonctionne, n'ont accès au capital que ceux qui ont une rentabilité marginale du capital supérieure au coût du capital. Cela permet d'éviter les cycles financiers crées, comme le rappelait l'économiste suédois Knut Wicksell (1851–1926), par les banques centrales. Quand un pays dévalue, ses exportations peuvent monter, mais il faut du temps pour prendre des parts de marché alors que le coût des importations monte tout de suite, entraînant une détérioration temporaire de la balance commerciale : c'est l'effet J. Une dévaluation transfère l'argent du rentier vers l'entrepreneur et vers l'actionnaire. La valeur de la rente baisse parce que la monnaie baisse, alors que les profits de l'entreprise montent. La situation du Japon en 2023 illustre bien cette relation : le profit de ses entreprises n'apparaît pas encore dans les courbes, à cause de la chute du yen au cours des trois années précédentes. En principe, les monnaies retournent toujours à la parité du pouvoir d'achat. D'après l'indice Big Mac, le prix d'un même produit doit être équivalent à Tokyo et à Paris. Or, en 2023, un Big Mac à Tokyo est à la moitié du prix d'un Big Mac à Paris, et les obligations japonaises ne rapportent rien. Il y a eu une telle dévalorisation de la monnaie japonaise par rapport à la monnaie utilisée en France que, si l'on veut investir dans des obligations japonaises, on peut gagner 50 % à l'horizon de deux ou trois ans simplement grâce au retour à l'équilibre du taux de change, même si le marché obligataire japonais est restreint, car la banque centrale achète tout. Il est intéressant d'observer ce qui se passe au Japon, même si ce pays attire moins l'attention des médias que les BRICS, et peut-être pour cette raison : c'est parfois dans les pays dont on parle moins que se trouvent les meilleures opportunités. Autres sujets abordés dans l'entretien : l'indice Gilets jaunes (prenant en compte, pour les catégories les plus défavorisées de la population, trois postes de dépenses : le logement, la nourriture et les transports ; au lieu de toujours traiter les problèmes globalement, les politiques devraient envisager un indice des prix adapté aux différentes catégories selon les revenus) ; l'intérêt de lire les ouvrages de Jordan Peterson, psychologue libéral conservateur ; la Chine, appelée à rester, au cours des vingt ans qui viennent, le pays où l'énergie est moins chère qu'ailleurs ; les États-Unis et l'Europe, premières victimes d'un krach obligataire persistant, et comment repérer d'autres victimes à venir (cachant leurs comptes, mais reconnaissables à leur tendance à ne plus vouloir assurer, et à augmenter leurs prix de manière extraordinaire, sauf catastrophe les poussant à la liquidation : toute l'épargne longue est concernée par le problème au premier plan, ainsi que les caisses des retraites) ; la force libérale (conservatrice) de la Suisse, qui n'intervient pas quand une entreprise est en difficulté : c'est ainsi que le marché se régule naturellement.