Prendre de la distance par rapport à l'actualité est l'un des objectifs que je me suis fixé en créant ce forum, parce que l'information ne se résume pas à un bien de consommation qui, à l'instar des produits frais dans les rayons, aurait une date de péremption à court terme. Ce qui se passe et ce qui s'est passé, à date récente ou lointaine, nourrit toujours la réflexion qui nous fait aller de l'avant, et nous pouvons le prouver tous les jours. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas voulu réagir à chaud face aux événements français et, par ailleurs, israélo-palestiniens dont parle Pierre-Yves Rougeyron dans la vidéo que je vais essayer de retranscrire, résumer et commenter ici.
Une autre raison majeure est que, s'agissant de terrorisme à l'échelle nationale ou internationale, nous nous basons sur des articles, des analyses voire des hypothèses, sauf si nous étions sur le terrain concerné au moment des faits et que nous avons survécu. Il y a donc un devoir de réserve et, surtout, une humilité de principe qui s'impose, non pas en vertu d'un bon sentiment, mais par prise de conscience de la légitimité de la prise de parole en fonction du statut des interlocuteurs. C'est une position froidement pragmatique, dont la maturité tient au réalisme.
À Arras, le 13 octobre 2023, un enseignant français, Dominique Bernard, a perdu la vie, après avoir défendu ses élèves et ses collègues, dont deux dans un état grave. C'était une attaque au couteau, revendiquée au nom de la religion musulmane. De toute évidence, son auteur est un Tchétchène qui devait être expulsé en 2014, l'expulsion n'ayant pas eu lieu à cause de l'intervention d'associations ayant fait reculer le cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque (Emmanuel Valls). L'affaire rappelle celle de Samuel Paty, décédé le 16 octobre 2020.
Il s'agit, dans les deux cas, de terrorisme moléculaire. Le Parquet national anti-terroriste (PNAT) a été saisi. Le modus operandi est celui du djihad tel que théorisé par Abu Mus'ab al-Suri (Abou Moussab al-Souri, officiellement Moustafa Setmariam Nasar), auteur de Call to Global Islamic Resistance, qui a été étudié et analysé. La guerre moléculaire consiste à utiliser des objets du quotidien (couteaux, voitures) pour faire peu de victimes mais souvent, ce afin de terroriser les populations en les mettant dans un état de surveillance et de méfiance ubiquitaires. Pendant que les gauchistes en appellent à l'union et à la résistance contre la haine, de nouveaux candidats aux attaques arrivent, du fait de l'immigration encouragée par les institutions communautaires européennes.
Dans ces conditions, en effet, les pompes migratoires ne s'arrêteront pas. Or, quand nous regardons le profil des terroristes djihadistes de ces vingt dernières années dans notre pays, nous avons, notamment : 60 % de gens nés en France issus de l'immigration maghrébine et musulmane, 10 % d'étrangers en situation régulière, 10 % d'étrangers en situations irrégulière, et 5 % de convertis. C'est une menace qui va grandissante, surinfection de la plaie migratoire. Or, pour régler ce problème, il faudrait avoir la maîtrise des flux entrants et des flux sortants.
Giorgia Meloni a plus qu'échoué. D'ailleurs, d'autres États européens, dont l'Allemagne, lui ont assuré qu'ils continueraient à soutenir financièrement, au moins jusqu'en 2026, les ONG aidant à faciliter les débarquements. Tant que nous resterons dans le carcan de la xénocratie et des frontières ouvertes, le problème migratoire se posera, et avec lui celui des surinfections de droit commun (pour les immigrations sujettes au droit commun, ce qui n'est pas le cas de toutes) ou liées à des débordements violents pour cause de radicalisme religieux.
Concernant le profil des terroristes tchétchènes, au-delà de l'aspect islamique, Rougeyron, ayant été au contact de communautés tchétchènes en Alsace, a pu observer, d'une part, que le pouvoir des femmes au sein de ces communautés dans la diaspora est étonnant (y compris sur le plan économique), et, d'autre part, que la violence des Tchétchènes est préislamique : ils ont une violence traditionnelle caucasienne, du fait qu'il s'agit, à l'origine, d'un peuple de montagnards demandant des systèmes claniques extrêmement forts pour être tenus.
C'est l'un des points dont on ne parle pas assez quand on critique l'immigration. Ce fut une erreur de faire appel à l'extérieur pour provoquer en France une baisse des salaires, du fait du caractère supposé amorphe de certaines populations du point de vue économique, ce qui a eu pour effet, indirectement, de renforcer la position d'un ministre de l'Intérieur comme Gérald Darmanin. Pourtant, souverainistes (de droite) et nationalistes (d'extrême droite) ne représentent pas une menace pour la sécurité intérieure, contrairement à certains immigrés.
Selon Gérard Larcher, 500000 personnes issues de l'immigration avec titre de séjour seraient sans emploi, information surprenante venant de la part de quelqu'un qui a toujours été pro-européen et pro-immigration. Est-ce pour soutenir la liste de François-Xavier Bellamy dans l'optique des élections européennes ? Ceux qui ont œuvré au malheur de la France essaient périodiquement de redorer leur image en utilisant le dossier de l'immigration, mais ce ne sont que des effets d'annonce. L'immigration, selon Rougeyron, sert avant tout à faire baisser le coût nominal du travail.
Le recours à l'immigration pour empêcher la modernisation de l'outil de production est un trait caractéristique, depuis les années 1970, de la politique économique française. Il peut y avoir aussi une substitution migratoire : en admettant que nous ayons impérativement besoin d'une immigration, rien ne nous empêche, en principe, de la choisir parmi des populations compatibles avec la nôtre, comme l'immigration asiatique, l'une de celles qui s'assimilent le mieux en France. C'est un fait connu et reconnu, y compris par le Bureau International du Travail.
Quant aux immigrations qui ne s'assimilent pas, il suffit de prendre leurs corollaires pénitentiaires, non pas en leur assignant une origine, mais en se basant sur leurs communautés surreprésentées dans notre appareil carcéral, et on arrive à : trois communautés maghrébines (les Algériens, les Marocains et les Tunisiens), trois communautés subsahariennes et trois communautés d'Europe de l'est, signe irréfragable de mauvaise assimilation, alors que les immigrés asiatiques sont davantage représentés par les forces de l'ordre et par les gardiens de prison.
Les pays dont vient l'immigration problématique devraient former et garder leurs encadrants (médicaux ou agricoles par exemple), ce afin d'inciter les plus pauvres à rester sur place au lieu d'aller en France. Nous devons être capables, nous Français, d'accomplir nos propres tâches ménagères, sans compter pour cela sur les immigrés. Selon l'ouvrage Weapons of Mass Immigration de Kelly M. Greenhil, on peut détruire un État par la gestion des flux migratoires, en activant des zones de conflit qui vont, du fait des nouveaux arrivants, créer une saturation à sa frontière.
Il y a donc bien des stratégies d'utilisation migratoire, dont la malignité n'empêche pas la bêtise humaine. Rappelons que l'immigration était d'abord une affaire privée, avec des autorisations gouvernementales. À mon sens, et c'est pourquoi je suis d'extrême droite et non de droite, l'analyse de Rougeyron en faveur de l'ancienne alliance gaulliste et communiste comme rempart face à l'immigration ne tient pas, car l'évolution de la cinquième république, depuis lors, est une conséquence de ce que Charles de Gaulle (1890-1970) avait mis en place.
La réhabilitation de la lutte des classes via la reconnaissance de la CGT apparaît donc comme une inconséquence d'une certaine droite souverainiste, et c'est tout le problème, comme d'autres et moi-même l'avons souligné en d'autres occasions, que pose la perspective d'un Frexit qui admettrait, à tort, la contribution de syndicats d'inspiration marxiste, lesquels sont fortement imprégnés des dogmes gauchistes antiracistes et par ailleurs favorables, hélas, aux minorités de mœurs (qui plus est militantes, la CGT affichant l'arc-en-ciel à l'entrée de ses locaux, c'est-à-dire les mêmes couleurs promues par George Soros et ses partisans).
Rappelons que la cinquième république pratiquait déjà l'immigration pour faire pression sur les salaires avant le traité de Maastricht de 1993, et que cette pression n'est pas le fait le plus actuel ni le plus profond que pose l'immigration, car elle a été mise en échec (la question persistante des bas salaires étant davantage liée, via les charges, au coût élevé d'un État trop présent dans l'économie). Le problème majeur, à la fois toujours actuel et plus ancien, d'ordre plus général, c'est le fait que l'immigration est utilisée pour détruire la France.
Certes, entre de Gaulle et ce à quoi l'on assiste depuis les années 1970, il y a eu une aggravation (à la suite, entre autres, du décret n° 76-383 du 29 avril 1976 relatif aux conditions d'entrée et de séjour en France des membres des familles des étrangers autorisés à résider en France). Mais si cette aggravation a eu lieu, encore d'actualité, c'est dans le cadre des institutions d'origine gaullienne, car nous sommes toujours dans le même régime politique. Il faut bien comprendre que s'il n'y a pas, légalement, d'incompatibilité entre ce que voulait de Gaule et ce que ses successeurs ont entrepris, c'est parce qu'il n'y a pas, à la base, d'incompatibilité de principe.
Or, Philippe Ploncard d'Assac, documents à l'appui, a démontré, dans son ouvrage Charles de Gaulle : de la légende à la réalité, que le fondateur de la cinquième république n'était pas l'ami de la France que certains veulent toujours voir en lui, mais au contraire un allié d'intérêts étrangers contre les intérêts de la France. De plus, se référer à la lutte des classes comme le fait Rougeyron, au nom de l'ancienne alliance gaulliste et communiste, est une manière de chercher dans une autre famille politique (la gauche avec qui il sympathise) ce que le souverainisme (la droite à laquelle il appartient) n'arrive pas à expliquer par ses propres moyens, du fait d'une lacune fondamentale.
Pour comprendre ce qu'est cette lacune, il faut relire l'analyse, produite par les auteurs réactionnaires et contre-révolutionnaires, de l'interdiction des corporations par la loi Le Chapelier de 1791, et du fait que les syndicats depuis le dix-neuvième siècle, avec le marxisme et la lutte des classes, n'ont fait qu'intégrer à leur niveau la dimension désormais inorganique de la démocratie (déconnectée du terrain), alors que les anciennes corporations correspondaient, au contraire, à une vision organique de la démocratie (en relation étroite avec le terrain).
Ce que les nationalismes européens ont tenté au cours du vingtième siècle était un projet, qu'il faudrait de nouveau défendre, consistant à rétablir les corporations de travailleurs et les corps intermédiaires, de façon à revenir à la démocratie organique à travers la connaissance, directe, de leur domaine de compétence par les acteurs concernés. C'est à cause d'Adolf Hitler (1889-1945) et de sa démesure que les nationalismes européens ont été, hélas encore, mis en échec, alors qu'autrement ils auraient pu réussir pour le bénéfice des populations.
Le meilleur exemple de nationalisme en Europe au vingtième siècle, dont on devrait s'inspirer aujourd'hui, est celui qu'António de Oliveira Salazar (1889-1970) avait mis en place au Portugal, et qui avait fait ses preuves entre 1932 et 1968. Hélas là aussi, son opposition a eu raison de cette entreprise qui était pourtant une réussite. Pour comprendre plus en détail ce qui s'est passé, je renvoie à la lecture de l'ouvrage Salazar de Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005). Avec cette perspective éclairante, authentiquement d'extrême droite, on peut modéliser pertinemment les questions relatives à la gestion de l'immigration, ce sans se référer au marxisme ni à la lutte des classes, mais de façon politiquement autonome.
Pour en revenir à la vidéo après cette parenthèse de ma part, il est rappelé, en citant Jean-Claude Michéa, que le PIB inclut l'argent de la drogue depuis 2018. Une collaboratrice de Rougeyron précise qu'elle ne veut pas relier ce point avec l'immigration. Pourquoi pas ? Ne vient-on pas de montrer, une fois de plus, le lien entre l'immigration et la criminalité ? Si le terrorisme est lié à l'immigration, pourquoi la drogue ne le serait-elle pas, alors qu'il est notoire que des cités périphériques majoritairement peuplées par des communautés maghrébines, notamment en banlieue parisienne et à Marseille, ne donnent accès à leur enceinte qu'aux non-résidents venant acheter de la drogue ?
D'ailleurs, Rougeyron reconnaît qu'aucun politique n'entend combattre ce trafic. Les agents de terrain peuvent avoir cette volonté, mais leur action est limitée. Nous sommes en passe d'avoir deux narco-États près de nous : les Pays-Bas et la Belgique. Il reconnaît aussi que, en France, les gangs en lien avec des cartels sud-américains appartiennent à des communautés maghrébines pour la plupart. Au Pays-Bas, les gangs sont devenus assez forts pour menacer de mort le premier ministre, voire les membres de la famille royale. Les trafiquants sont perçus comme ayant une fonction structurante sur certains territoires dont le contrôle échappe désormais au droit des États.
Ce type de criminel, en effet, ne veut pas le désordre, mais un ordre de substitution. Certaines agences onusiennes abondent en ce sens, quand elles préconisent de tout légaliser afin de donner officiellement du travail aux populations concernées. Plusieurs secteurs d'activité comme l'hôtellerie, la restauration et, plus généralement, le monde de la nuit, seraient déstructurés sans le trafic de drogue. L'une des réticences actuelles des politiques vient aussi du fait qu'une partie d'entre eux sont des toxicomanes, sans parler du show business (voir les ouvrages du commissaire divisionnaire Jean-François Gayraud).
Dans une culture ethnique traditionnelle, la drogue peut être légitimée en tant que contribuant à un rite de passage. Dans les pays occidentaux modernes et postmodernes, au vu du pourrissement auquel on assiste, la situation est totalement différente, et il n'y a pas, actuellement, d'alternative, sauf à informer les parents des dangers et risques que représente la drogue pour leurs enfants. Ce thème ayant fait l'objet d'une table du Cercle Aristote le 16/10/23, Rougeyron passe aux autres actualités du Cercle, et en vient ce faisant à l'actualité internationale.
Le premier sujet abordé est la sortie, en septembre 2023, de l'édition française de l'ouvrage Les Rockefeller - Maîtres du jeu de Jacob Nordangård, une étude universitaire rigoureuse montrant comment les héritiers de la Standard Oil en sont venus à s'engager dans la propagande écologiste autour du climat, contribuant ainsi aux politiques contreproductives et punitives imposées aux populations, lesquelles n'ont pourtant pas à vivre d'externalités négatives, à plus forte raison venant de la part d'acteurs du pétrole, dont le statut n'est pas le résultat d'un processus électoraliste.
Les Rockefeller n'ont pas de légitimité dans la décision d'agendas publics. Je me permets d'ajouter, entre parenthèses, que le même constat est parfaitement valable en ce qui concerne George Soros et son militantisme en faveur des minorités de mœurs (que je désigne préférentiellement ainsi pour ne pas leur faire de publicité en utilisant leurs acronymes habituels : ils ont déjà, entre autres, un célèbre moteur de recherche californien wokiste largement acquis à leur cause et omniprésent dans nos vies ; en termes de référencement et plus généralement, mon but, comme indiqué d'emblée, est de promouvoir le conservatisme et l'extrême droite).
Après un retour sur un certain nombre de sujets d'actualité nationale qui ont leur importance (dont, notamment : le décès de Marcel Boiteux (1922-2023), lequel, en tant qu'ancien président directeur général d'EDF, fut "l'un des architectes du nucléaire français", élève de l'économiste Maurice Allais (1911-2010) ; l'européisme xénocrate confirmé d'Élisabeth Borne ; l'inutilité voire le caractère nuisible du sénat et, par ailleurs, des énarques ; l'ingérence déplacée de l'administration dans les dossiers de harcèlement scolaire, qui ne devraient être traités, conjointement, que par le corps enseignant et l'appareil pénal), Rougeyron en vient, dans l'actualité internationale, au sujet israélo-palestinien.
Je ne voulais pas aborder, sur ce forum, cette partie de l'information avant d'avoir fait un nouveau point sur d'autres aspects de l'actualité nationale ou internationale, ce afin qu'un sujet n'en vienne pas à en occulter d'autres, dont le caractère d'urgence persistante doit également rester dans les esprits, qu'ils soient ou non liés à la question du Proche-Orient, travail que je continue à faire en me basant, entre autres, sur les vidéos des influenceurs que je cite habituellement, de ma famille politique (l'extrême droite, dont Jérôme Bourbon) ou à la charnière en raison de certains points communs malgré les divergences par ailleurs (la droite souverainiste, dont Henry de Lesquen).
Parmi ces prérequis contextuels, je citerai encore, pour rappel : la question migratoire en France et en Europe ; le débat sur l'interdiction de l'abaya dans les écoles ; la place de la foi catholique ; le problème de la répression de l'extrême droite par les institutions républicaines ; le constat de la décadence occidentale ; le positionnement par rapport au conflit russo-ukrainien. Concernant mes positions politiques, en tant que désormais rattaché à la tradition française nationaliste et contre-révolutionnaire, je revendique l'héritage d'Augustin Barruel (1741-1820), Joseph de Maistre (1753-1821), Édouard Drumont (1844-1917), Paul Bourget (1852-1935), Philippe Pétain (1856-1951), Maurice Barrès (1862-1923), Charles Maurras (1868-1952), Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005) et son fils Philippe Ploncard d'Assac, cette liste n'étant pas exhaustive.
À un niveau plus personnel en amont de ce qui allait devenir mon engagement explicite en faveur de l'extrême droite, une vidéo que j'avais faite le 29 juillet 2012, ayant fait l'objet de plusieurs publications depuis, résume ce que je pense toujours du conflit israélo-palestinien : une affaire étrangère à la France, dont je pèse le pour et le contre dans les deux camps, invitant chacun à prendre ses responsabilités. L'antiracisme, lui, n'est plus un thème que je mets en avant comme c'était le cas dans ma vidéo du 22/07/12, car cette mise en avant ferait trop penser à une certaine gauche vis-à-vis de laquelle j'adoptais déjà, à l'époque, une position critique.
J'ai dit ce que j'avais dire à ce moment-là, et le texte fait lui aussi partie de mes publications. Ce que j'ai à dire aujourd'hui, complétant mes démarches passées, correspond à d'autres priorités : celles de la France, pays dans lequel je vis, et dont je suis ressortissant depuis ma naissance. Je note, cependant, que le mode de raisonnement adopté au moment de ces vidéos est compatible avec mes réflexions plus récentes et les références qui y contribuent, signe d'un parcours intellectuel cohérent. Par exemple, le fait que, selon moi, les cultures ethniques se définissent dans leur champ d'immanence, et que j'adhère à cette perspective, va tout à fait dans le sens du regard que porte, depuis longtemps, un historien comme Bernard Lugan sur les spécificités des peuples africains (Lugan d'ailleurs cité, plébiscité, invité par Rougeyron, notamment par rapport à l'actualité du Niger). C'est pourquoi j'en suis venu à me définir comme réservé sur les questions raciales.
En fait, nous créons individuellement des alternatives idéologiques, à travers le dialogue entre notre idiosyncrasie et une tradition politique donnée, ce qui rejoint par exemple la position qu'a été celle d'un auteur comme Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), toujours valable à travers l'œuvre qu'il nous a léguée. Quand un de ces systèmes d'idées personnelles, faites à la fois d'objectivité et de subjectivité, prend une ampleur collective, il devient lui-même une tradition politique. Par défaut, je situe, en tant qu'appartenant à cette famille politique qu'est l'extrême droite, les élaborations conceptuelles plus personnelles comme se déployant au-delà de l'extrême droite même (c'est-à-dire, paradoxalement : plus à droite encore, mais hors-piste), d'un individualisme à la fois atomiste et civilisationnel qui correspond à ce que serait un monde peuplé d'acteurs suffisamment mûrs pour se diriger eux-mêmes.
Ce dernier point relève, collectivement du moins, de l'idéal ou de l'utopie, rejoignant ce que disait, à propos de la démocratie, Jean-Jacques Rousseau, cité par Philippe Ploncard d'Assac dans Le nationalisme français : "S'il existait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes". On ne peut pas dire que, en tant que nationalistes français, nous soyons rousseauistes. Néanmoins, les auteurs que l'on assimile à ce qui allait devenir la Révolution dite française ont parfois développé des idées qui, contre toute attente, vont dans un sens justement contre-révolutionnaire. Cet aspect rejoint la nécessité de prendre de la distance par rapport à l'exaltation hitlérienne, au profit de l'approche calme et raisonnable qu'a été celle de Salazar.
C'est dans ce contexte (à la conjonction de mes propos passés et de mes propos présents) que, pour ma part, je retranscris, résume et commente l'analyse que donne Rougeyron de l'attaque menée par le Hamas contre Israël, le long de la bande de Gaza et dans plusieurs kibboutz, le 7 octobre 2023. Flavie, la collaboratrice de Rougeyron qui intervient dans la vidéo, pose de bonnes questions. Un cap a-t-il été franchi ? Peut-on parler de faillite des renseignements israéliens ? Quels sont les rôles respectifs de l'Iran et du Qatar dans cette affaire, et les retombées pour la géopolitique occidentale ?
Pour Rougeyron, cette guerre n'est pas la nôtre. Il faut la voir en tant qu'analyste. Israël est une grande nation, capable de se défendre. L'action que préconisent toujours les gaullistes dans le sens de notre but commun (une Méditerranée apaisée), et parce que les Français sont aussi de vieux alliés des peuples arabes, consiste à promouvoir la solution de deux États. Pour ma part, n'étant pas gaulliste, je m'interroge simplement sur la faisabilité de cette proposition. Je me demande dans quelle mesure elle va plus loin qu'un simple point de vue occidental, et qui elle est susceptible d'intéresser parmi les protagonistes concernés, israéliens et palestiniens.
Concernant les événements eux-mêmes, le Hamas, avec ses commandos de combat, a attaqué le territoire israélien et, en particulier, des civils. Il a également pris des otages. Des civils ont été massacrés. Des exactions ont été filmées par le Hamas lui-même (s'inspirant, de toute évidence, de Daech qui, en cela, copiait les cartels de la drogue mexicains). Adoptant la grille de lecture géopolitique de Régis Debray, grille déjà ancienne mais toujours pertinente, Rougeyron souligne une cruauté des actes incitant à penser que la respectabilité de la cause palestinienne, construite par Yāsir ʿArafāt (1929-2004) pendant quarante ans, aurait été liquidée en quelques jours.
En retour, plusieurs centaines d'hommes du Hamas ont été tués par les forces de sécurité israéliennes. Une partie des armes utilisées par le Hamas proviendrait des dons faits à l'Ukraine. La position d'Israël vis-à-vis de l'Ukraine aurait été multipolaire, relativement pro-russe. Qui a financé cette attaque de grande ampleur du Hamas ? Peut-être une partie des financements vient-elle de l'aide européenne à des associations islamistes proches du Hamas. Une faillite du renseignement est un fait statistique. Le renseignement égyptien avait prévenu Benyamin Netanyahou d'une imminence.
Est-ce la dernière grande erreur politique de Netanyahou ? Le fait d'avoir mis des religieux à des postes de sécurité ne s'est pas avéré judicieux. Il y aurait eu une trop grande présomption par rapport à ce qui était nécessaire au maintien d'une coalition. Une partie de l'intérêt israélien a été sacrifiée pour les besoins d'une stratégie politique, d'où une faillite de l'armée en plus d'une faillite du renseignement. Une partie de l'armée israélienne surveillait les colonies en Cisjordanie, ou s'occupait de protéger les prières publiques des ultrareligieux.
Le Hamas a frappé un point relativement précis, en fin de semaine pendant une fête juive, en raison d'une baisse de la vigilance des troupes de sécurité pendant les fêtes religieuses, et du fait d'un problème de mobilisation des réservistes en Israël (à cause du manque d'engagement des réservistes de gauche : il y a toujours en Israël un blocage du pays lié à la réforme de la justice voulue par Netanyahou, réforme dont le pays aurait d'ailleurs besoin parce que favorable à la démocratie au détriment de la Cour suprême d'Israël).
Le Hamas en a d'autant plus profité qu'il a redécouvert une technique palestinienne de guerre : viser les femmes et les enfants. Il n'y a pas de peuple intrinsèquement innocent. André Malraux (1901-1976) disait : "Appartenir à l'histoire, c'est appartenir à la haine". Le travail mené, de longue haleine, pour la respectabilité de la cause palestinienne a été celui du Fatah et du FPLP. Les Palestiniens vont avoir un problème d'image. Israël ne peut prendre acte de ce bilan (plus de 1300 morts et de 3000 blessés) sans ordonner un blocus de Gaza.
Gaza est une bande de deux cents kilomètres de long, et de six à douze kilomètres de large. Nous parlons d'une géopolitique grande comme trois départements français. Entre Tel-Aviv et Sdérot, il faut compter une heure et demie de route en voiture. Les zones étant petites, envisager un déplacement massif de populations est d'autant plus difficile. Gaza représente l'une des plus grandes densités de population au monde. Par ailleurs, des combattants qui s'en prennent à des femmes et à des enfants ne sont pas des soldats, et le désir de revanche est une réaction saine.
Mais Israël va tomber dans un piège, car n'ayant pas d'autre choix que l'attaque au sol. C'est pire que Beyrouth ou que Groznyï. Les bombardements israéliens auraient déjà tué plus de 1300 Palestiniens au moment de la vidéo. Il s'agit de systèmes de responsabilité collective et transmissible. Pourquoi le Hamas a-t-il frappé ? Pour la plupart, les membres de son État-major ne vivent pas à Gaza, mais au Qatar. Certes, il y a déjà eu des tentatives d'assassinat et des assassinats de membres du Hamas à l'extérieur de la bande de Gaza.
Rougeyron émet le diagnostic suivant : le Hamas chercherait à raviver l'intérêt de la rue arabe autour du sort des Palestiniens, le temps des grands récits du Moyen-Orient étant révolu au profit d'une région du monde de plus en plus westphalienne : rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite sous l'égide de la diplomatie russe et, surtout, de la diplomatie chinoise ; désescalade en cours au Yémen à l'heure de la vidéo ; relations apaisées entre Israël et un certain nombre de pays, dont Bahreïn et les Émirats Arabes Unis. Les intérêts nationaux passent avant le fait de mener des guerres qui ne sont pas les nôtres.
Le Hamas étant en perte de vitesse, y compris financièrement, il aurait tenté une opération en espérant que les représailles israéliennes soient encore plus fortes, de façon à revenir sur le devant de la scène et, l'aide internationale étant appelée à se raréfier, provoquer ainsi un étouffement de ce qui reste de l'autorité palestinienne et du Fatah. Le Hamas devrait donc demander plus d'argent que de prisonniers : il n'aurait pas plus intérêt qu'Israël, par exemple, à voir la libération de Marwan Barghouti, capable de fédérer le peuple palestinien.
Vladimir Poutine, tout en étant favorable à l'idée d'un État palestinien, a un lien structurant de partenariat technologique avec Israël, comme la Chine et l'Inde. Il n'y a pas d'antisionisme dans les BRICS, mais un soutien de la gauche latino-américaine aux Palestiniens. Il y a même eu, à Johannesburg, une illumination aux couleurs israéliennes. La grande faiblesse israélienne par rapport à Gaza tient à une gestion au jour le jour comme on s'occupe d'une prison ou, en l'occurrence, d'une émeute carcérale. Le problème de l'absence d'un État palestinien, c'est qu'il manque un interlocuteur responsable à qui s'adresser.
Quand le Hamas a gagné les élections, l'autorité palestinienne les a annulées. Aujourd'hui, on ne sait pas qui représente les Palestiniens. Une paix froide a succédé à des tueries. Mahmoud Abbas est toujours là. La Cisjordanie est confrontée au problème de la colonisation, qui est en partie privée, liée à des achats immobiliers effectués depuis l'extérieur. Ensuite les colons font du lobbying pour que l'armée vienne à eux et des pans de murs se créent, transformant le territoire en gruyère. Il y a deux possibilités, dont le plan d'Ariel Sharon (1928-2014), qui était d'évacuer Gaza pour que Gaza devienne islamiste, le Hamas étant une création israélienne destinée à affaiblir l'autorité palestinienne.
Dans cette optique, Gaza reviendrait à l'Égypte, mais ce projet a été un échec. L'autre possibilité serait alors l'expulsion vers la Jordanie, dont la population majoritairement palestinienne d'Amman, où ont lieu des manifestations et des émeutes, veut aller vers la frontière : ce serait l'embrasement. Rappelons que la Jordanie est l'un des États les plus fidèles à l'Occident dans cette région du monde, avec en plus la légitimité islamique conférée à Abdallah, fils d'Hussein ben Talal (1935-1999), par le fait qu'il est un descendant direct du prophète, lui permettant un certain degré d'exigence (exactement comme le roi du Maroc). L'équilibre régional dépend en partie de la Jordanie.
Autre point : la situation au nord. Du côté du Liban, il y a l'utilisation du djihad (la guerre sainte) et surtout du Hezbollah, donc de la milice extérieure iranienne. Le djihad a été relativement en retrait jusque-là, et l'implication de l'Iran en tant que tel reste à démontrer. Même si c'est ce que certains souhaitent, une attaque sur l'Iran serait une catastrophe. Ce que l'Iran veut obtenir d'Israël est modeste, d'autant plus que les deux pays ont été impliqués dans un conflit récent, celui du Haut-Karabagh, Israël côté azerbaïdjanais et l'Iran plus mêlée du fait d'un sentiment pro-arménien.
Que des Arméniens repartent en Arménie n'a pas été, ceci dit, un problème trop grave pour l'Iran. Par contre, il y a encore quatre cent experts militaires israéliens sur le sol azerbaïdjanais, ce qui déplaît aux Iraniens, leur crainte étant de se retrouver avec une base israélienne en Azerbaïdjan. Le problème est que l'on est en train de reporter sine die les grandes manœuvres qui avaient lieu entre Riyad, Téhéran et Tel-Aviv. Dans ce contexte, quid d'un État comme le Qatar ? C'est, plus que la Turquie, l'un des principaux soutiens financiers du Hamas.
La question qui se pose alors est : l'apaisement au Moyen-Orient était-il en train de se faire au détriment de la cause palestinienne ? Dans la rue arabe, peut-être pas. Mais au niveau des dirigeants politiques, oui. Un certain nombre de ces pays ont remis à plus tard leur développement autonome en accusant Israël de tous les maux, mais il y a une prise de conscience du fait que ce discours devient de plus en plus intenable. Le moment est venu pour ces pays de se développer. Le Qatar a réussi car il s'est attelé, dès 2010, à la diversification de son économie.
L'Arabie Saoudite doit donc diversifier son économie d'urgence, car les réserves de pétrole ne sont peut-être pas éternelles. Cette évolution souhaitée va avec la nécessité d'une modernisation institutionnelle, car l'état d'indivision avec vingt-mille princes de sang n'était pas viable. La tournure violente du conflit israélo-arabe remet tout en question. Comment la situation va-t-elle évoluer ? L'immigration de la gauche israélienne devrait se faire vers les États-Unis et le Canada. Ceux qui viendront en Europe iront surtout à Berlin. Le pouvoir israélien, lui, va se raidir.
On aboutirait alors, en Israël, à un gouvernement d'union nationale radicalisé sur le plan sécuritaire, qui pourrait se mettre en place au détriment de Netanyahou. La première mission de ce gouvernement sera de régler le sort des villes mixtes, où plus personne ne voudra vivre, ce qui va encore fragiliser la condition des Arabes israéliens. Ceci dit, les trois points d'alliance des BRICS ne seront pas remis en cause pour autant : démoralisation, respect des règles internationales classiques et accès à la puissance. Malheureusement, Joe Biden, en tant que représentant d'un empire décadent, doit voir son intérêt dans le désordre actuel : c'est la géopolitique des ruines.
Ce n'est certes pas l'intérêt des États-Unis en tant que tels, mais celui du camp démocrate en tant qu'élément de fragilisation, ce qui montre bien l'irresponsabilité de cette mouvance politique. Aujourd'hui, ce que la responsabilité doit nous inciter à chercher, c'est au contraire la consolidation d'un ordre international westphalien. Pour rester sur les rives de la Méditerranée, on voit une fois de plus que, quand on prend la question franco-marocaine par exemple, Emmanuel Macron a tort de mettre en avant la diplomatie algérienne avant tout, le Maroc étant, des pays du Maghreb, notre plus vieil allié, avec qui de ce fait nous devons consolider nos relations.
Dans le même esprit, il faut prendre conscience du fait que le libre-échange, tel qu'il s'est fait, est devenu une arme contre le développement car créant une cordée, donc une dépendance entre États, ce qui est vrai dans le domaine alimentaire comme dans d'autres secteurs d'activité (voir, au sujet de l'évolution des débats autour du libre-échange, les ouvrages d'Yves Pérez). D'ailleurs, historiquement, le libre-échange est un fait impérial plus qu'un fait économique libéral. Il convient donc de rappeler que le libéralisme classique n'est pas hostile au protectionnisme.
Un point sur l'inflation : si l'on augmente les taux, on achève le peu de croissance que l'Europe a. Dans ce contexte (celui d'une croissance officielle à 0,5, qui n'est peut-être en fait qu'une récession déguisée), enlever l'inflation équivaudrait à une baisse du niveau de vie, dans la mesure où il faut équilibrer la croissance par l'inflation. Or, cette inflation est liée à l'aberration des sanctions ukrainiennes (autant dire que, de ce point de vue, il ne faut pas s'attendre à une baisse de l'inflation) et, surtout, à la masse de capital fictif qui a été créée depuis une quinzaine d'années pour sauver les banques et les marchés financiers, capital fictif dont la seule indolence tenait au fait qu'il ne circulait pas.
Aujourd'hui, la circulation de ce capital fictif est en train de prendre de la vitesse, et on n'est, malheureusement, qu'au début du phénomène. Il n'y aura pas d'amélioration sans changement drastique de régime politique dans les pays européens, ce qui impliquerait notamment la fin de l'eurozone. Concernant le conflit russo-ukrainien, Volodymyr Zelensky craint que la situation au Proche-Orient ne détourne au profit d'Israël les aides européennes dont il bénéficiait, alors qu'Israël avait maintenu des relations distantes avec lui, au nom de la multipolarité de l'axe entre Tel-Aviv et Moscou.
Selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité national des États-Unis (source : point presse de la Maison Blanche du 11/10/23) : "À court terme nous avons des crédits et des autorisations pour l'Ukraine et pour Israël, mais il ne faut pas essayer d'intégrer un soutien à long terme lorsque l'on est au bout du rouleau. En ce qui concerne le financement de l'Ukraine, nous approchons du bout du rouleau. Aujourd'hui nous avons annoncé deux cent millions de dollars, et nous maintiendrons cette aide aussi longtemps que nous le pourrons, mais ce n'est pas indéfini".
Une autre raison majeure est que, s'agissant de terrorisme à l'échelle nationale ou internationale, nous nous basons sur des articles, des analyses voire des hypothèses, sauf si nous étions sur le terrain concerné au moment des faits et que nous avons survécu. Il y a donc un devoir de réserve et, surtout, une humilité de principe qui s'impose, non pas en vertu d'un bon sentiment, mais par prise de conscience de la légitimité de la prise de parole en fonction du statut des interlocuteurs. C'est une position froidement pragmatique, dont la maturité tient au réalisme.
À Arras, le 13 octobre 2023, un enseignant français, Dominique Bernard, a perdu la vie, après avoir défendu ses élèves et ses collègues, dont deux dans un état grave. C'était une attaque au couteau, revendiquée au nom de la religion musulmane. De toute évidence, son auteur est un Tchétchène qui devait être expulsé en 2014, l'expulsion n'ayant pas eu lieu à cause de l'intervention d'associations ayant fait reculer le cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque (Emmanuel Valls). L'affaire rappelle celle de Samuel Paty, décédé le 16 octobre 2020.
Il s'agit, dans les deux cas, de terrorisme moléculaire. Le Parquet national anti-terroriste (PNAT) a été saisi. Le modus operandi est celui du djihad tel que théorisé par Abu Mus'ab al-Suri (Abou Moussab al-Souri, officiellement Moustafa Setmariam Nasar), auteur de Call to Global Islamic Resistance, qui a été étudié et analysé. La guerre moléculaire consiste à utiliser des objets du quotidien (couteaux, voitures) pour faire peu de victimes mais souvent, ce afin de terroriser les populations en les mettant dans un état de surveillance et de méfiance ubiquitaires. Pendant que les gauchistes en appellent à l'union et à la résistance contre la haine, de nouveaux candidats aux attaques arrivent, du fait de l'immigration encouragée par les institutions communautaires européennes.
Dans ces conditions, en effet, les pompes migratoires ne s'arrêteront pas. Or, quand nous regardons le profil des terroristes djihadistes de ces vingt dernières années dans notre pays, nous avons, notamment : 60 % de gens nés en France issus de l'immigration maghrébine et musulmane, 10 % d'étrangers en situation régulière, 10 % d'étrangers en situations irrégulière, et 5 % de convertis. C'est une menace qui va grandissante, surinfection de la plaie migratoire. Or, pour régler ce problème, il faudrait avoir la maîtrise des flux entrants et des flux sortants.
Giorgia Meloni a plus qu'échoué. D'ailleurs, d'autres États européens, dont l'Allemagne, lui ont assuré qu'ils continueraient à soutenir financièrement, au moins jusqu'en 2026, les ONG aidant à faciliter les débarquements. Tant que nous resterons dans le carcan de la xénocratie et des frontières ouvertes, le problème migratoire se posera, et avec lui celui des surinfections de droit commun (pour les immigrations sujettes au droit commun, ce qui n'est pas le cas de toutes) ou liées à des débordements violents pour cause de radicalisme religieux.
Concernant le profil des terroristes tchétchènes, au-delà de l'aspect islamique, Rougeyron, ayant été au contact de communautés tchétchènes en Alsace, a pu observer, d'une part, que le pouvoir des femmes au sein de ces communautés dans la diaspora est étonnant (y compris sur le plan économique), et, d'autre part, que la violence des Tchétchènes est préislamique : ils ont une violence traditionnelle caucasienne, du fait qu'il s'agit, à l'origine, d'un peuple de montagnards demandant des systèmes claniques extrêmement forts pour être tenus.
C'est l'un des points dont on ne parle pas assez quand on critique l'immigration. Ce fut une erreur de faire appel à l'extérieur pour provoquer en France une baisse des salaires, du fait du caractère supposé amorphe de certaines populations du point de vue économique, ce qui a eu pour effet, indirectement, de renforcer la position d'un ministre de l'Intérieur comme Gérald Darmanin. Pourtant, souverainistes (de droite) et nationalistes (d'extrême droite) ne représentent pas une menace pour la sécurité intérieure, contrairement à certains immigrés.
Selon Gérard Larcher, 500000 personnes issues de l'immigration avec titre de séjour seraient sans emploi, information surprenante venant de la part de quelqu'un qui a toujours été pro-européen et pro-immigration. Est-ce pour soutenir la liste de François-Xavier Bellamy dans l'optique des élections européennes ? Ceux qui ont œuvré au malheur de la France essaient périodiquement de redorer leur image en utilisant le dossier de l'immigration, mais ce ne sont que des effets d'annonce. L'immigration, selon Rougeyron, sert avant tout à faire baisser le coût nominal du travail.
Le recours à l'immigration pour empêcher la modernisation de l'outil de production est un trait caractéristique, depuis les années 1970, de la politique économique française. Il peut y avoir aussi une substitution migratoire : en admettant que nous ayons impérativement besoin d'une immigration, rien ne nous empêche, en principe, de la choisir parmi des populations compatibles avec la nôtre, comme l'immigration asiatique, l'une de celles qui s'assimilent le mieux en France. C'est un fait connu et reconnu, y compris par le Bureau International du Travail.
Quant aux immigrations qui ne s'assimilent pas, il suffit de prendre leurs corollaires pénitentiaires, non pas en leur assignant une origine, mais en se basant sur leurs communautés surreprésentées dans notre appareil carcéral, et on arrive à : trois communautés maghrébines (les Algériens, les Marocains et les Tunisiens), trois communautés subsahariennes et trois communautés d'Europe de l'est, signe irréfragable de mauvaise assimilation, alors que les immigrés asiatiques sont davantage représentés par les forces de l'ordre et par les gardiens de prison.
Les pays dont vient l'immigration problématique devraient former et garder leurs encadrants (médicaux ou agricoles par exemple), ce afin d'inciter les plus pauvres à rester sur place au lieu d'aller en France. Nous devons être capables, nous Français, d'accomplir nos propres tâches ménagères, sans compter pour cela sur les immigrés. Selon l'ouvrage Weapons of Mass Immigration de Kelly M. Greenhil, on peut détruire un État par la gestion des flux migratoires, en activant des zones de conflit qui vont, du fait des nouveaux arrivants, créer une saturation à sa frontière.
Il y a donc bien des stratégies d'utilisation migratoire, dont la malignité n'empêche pas la bêtise humaine. Rappelons que l'immigration était d'abord une affaire privée, avec des autorisations gouvernementales. À mon sens, et c'est pourquoi je suis d'extrême droite et non de droite, l'analyse de Rougeyron en faveur de l'ancienne alliance gaulliste et communiste comme rempart face à l'immigration ne tient pas, car l'évolution de la cinquième république, depuis lors, est une conséquence de ce que Charles de Gaulle (1890-1970) avait mis en place.
La réhabilitation de la lutte des classes via la reconnaissance de la CGT apparaît donc comme une inconséquence d'une certaine droite souverainiste, et c'est tout le problème, comme d'autres et moi-même l'avons souligné en d'autres occasions, que pose la perspective d'un Frexit qui admettrait, à tort, la contribution de syndicats d'inspiration marxiste, lesquels sont fortement imprégnés des dogmes gauchistes antiracistes et par ailleurs favorables, hélas, aux minorités de mœurs (qui plus est militantes, la CGT affichant l'arc-en-ciel à l'entrée de ses locaux, c'est-à-dire les mêmes couleurs promues par George Soros et ses partisans).
Rappelons que la cinquième république pratiquait déjà l'immigration pour faire pression sur les salaires avant le traité de Maastricht de 1993, et que cette pression n'est pas le fait le plus actuel ni le plus profond que pose l'immigration, car elle a été mise en échec (la question persistante des bas salaires étant davantage liée, via les charges, au coût élevé d'un État trop présent dans l'économie). Le problème majeur, à la fois toujours actuel et plus ancien, d'ordre plus général, c'est le fait que l'immigration est utilisée pour détruire la France.
Certes, entre de Gaulle et ce à quoi l'on assiste depuis les années 1970, il y a eu une aggravation (à la suite, entre autres, du décret n° 76-383 du 29 avril 1976 relatif aux conditions d'entrée et de séjour en France des membres des familles des étrangers autorisés à résider en France). Mais si cette aggravation a eu lieu, encore d'actualité, c'est dans le cadre des institutions d'origine gaullienne, car nous sommes toujours dans le même régime politique. Il faut bien comprendre que s'il n'y a pas, légalement, d'incompatibilité entre ce que voulait de Gaule et ce que ses successeurs ont entrepris, c'est parce qu'il n'y a pas, à la base, d'incompatibilité de principe.
Or, Philippe Ploncard d'Assac, documents à l'appui, a démontré, dans son ouvrage Charles de Gaulle : de la légende à la réalité, que le fondateur de la cinquième république n'était pas l'ami de la France que certains veulent toujours voir en lui, mais au contraire un allié d'intérêts étrangers contre les intérêts de la France. De plus, se référer à la lutte des classes comme le fait Rougeyron, au nom de l'ancienne alliance gaulliste et communiste, est une manière de chercher dans une autre famille politique (la gauche avec qui il sympathise) ce que le souverainisme (la droite à laquelle il appartient) n'arrive pas à expliquer par ses propres moyens, du fait d'une lacune fondamentale.
Pour comprendre ce qu'est cette lacune, il faut relire l'analyse, produite par les auteurs réactionnaires et contre-révolutionnaires, de l'interdiction des corporations par la loi Le Chapelier de 1791, et du fait que les syndicats depuis le dix-neuvième siècle, avec le marxisme et la lutte des classes, n'ont fait qu'intégrer à leur niveau la dimension désormais inorganique de la démocratie (déconnectée du terrain), alors que les anciennes corporations correspondaient, au contraire, à une vision organique de la démocratie (en relation étroite avec le terrain).
Ce que les nationalismes européens ont tenté au cours du vingtième siècle était un projet, qu'il faudrait de nouveau défendre, consistant à rétablir les corporations de travailleurs et les corps intermédiaires, de façon à revenir à la démocratie organique à travers la connaissance, directe, de leur domaine de compétence par les acteurs concernés. C'est à cause d'Adolf Hitler (1889-1945) et de sa démesure que les nationalismes européens ont été, hélas encore, mis en échec, alors qu'autrement ils auraient pu réussir pour le bénéfice des populations.
Le meilleur exemple de nationalisme en Europe au vingtième siècle, dont on devrait s'inspirer aujourd'hui, est celui qu'António de Oliveira Salazar (1889-1970) avait mis en place au Portugal, et qui avait fait ses preuves entre 1932 et 1968. Hélas là aussi, son opposition a eu raison de cette entreprise qui était pourtant une réussite. Pour comprendre plus en détail ce qui s'est passé, je renvoie à la lecture de l'ouvrage Salazar de Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005). Avec cette perspective éclairante, authentiquement d'extrême droite, on peut modéliser pertinemment les questions relatives à la gestion de l'immigration, ce sans se référer au marxisme ni à la lutte des classes, mais de façon politiquement autonome.
Pour en revenir à la vidéo après cette parenthèse de ma part, il est rappelé, en citant Jean-Claude Michéa, que le PIB inclut l'argent de la drogue depuis 2018. Une collaboratrice de Rougeyron précise qu'elle ne veut pas relier ce point avec l'immigration. Pourquoi pas ? Ne vient-on pas de montrer, une fois de plus, le lien entre l'immigration et la criminalité ? Si le terrorisme est lié à l'immigration, pourquoi la drogue ne le serait-elle pas, alors qu'il est notoire que des cités périphériques majoritairement peuplées par des communautés maghrébines, notamment en banlieue parisienne et à Marseille, ne donnent accès à leur enceinte qu'aux non-résidents venant acheter de la drogue ?
D'ailleurs, Rougeyron reconnaît qu'aucun politique n'entend combattre ce trafic. Les agents de terrain peuvent avoir cette volonté, mais leur action est limitée. Nous sommes en passe d'avoir deux narco-États près de nous : les Pays-Bas et la Belgique. Il reconnaît aussi que, en France, les gangs en lien avec des cartels sud-américains appartiennent à des communautés maghrébines pour la plupart. Au Pays-Bas, les gangs sont devenus assez forts pour menacer de mort le premier ministre, voire les membres de la famille royale. Les trafiquants sont perçus comme ayant une fonction structurante sur certains territoires dont le contrôle échappe désormais au droit des États.
Ce type de criminel, en effet, ne veut pas le désordre, mais un ordre de substitution. Certaines agences onusiennes abondent en ce sens, quand elles préconisent de tout légaliser afin de donner officiellement du travail aux populations concernées. Plusieurs secteurs d'activité comme l'hôtellerie, la restauration et, plus généralement, le monde de la nuit, seraient déstructurés sans le trafic de drogue. L'une des réticences actuelles des politiques vient aussi du fait qu'une partie d'entre eux sont des toxicomanes, sans parler du show business (voir les ouvrages du commissaire divisionnaire Jean-François Gayraud).
Dans une culture ethnique traditionnelle, la drogue peut être légitimée en tant que contribuant à un rite de passage. Dans les pays occidentaux modernes et postmodernes, au vu du pourrissement auquel on assiste, la situation est totalement différente, et il n'y a pas, actuellement, d'alternative, sauf à informer les parents des dangers et risques que représente la drogue pour leurs enfants. Ce thème ayant fait l'objet d'une table du Cercle Aristote le 16/10/23, Rougeyron passe aux autres actualités du Cercle, et en vient ce faisant à l'actualité internationale.
Le premier sujet abordé est la sortie, en septembre 2023, de l'édition française de l'ouvrage Les Rockefeller - Maîtres du jeu de Jacob Nordangård, une étude universitaire rigoureuse montrant comment les héritiers de la Standard Oil en sont venus à s'engager dans la propagande écologiste autour du climat, contribuant ainsi aux politiques contreproductives et punitives imposées aux populations, lesquelles n'ont pourtant pas à vivre d'externalités négatives, à plus forte raison venant de la part d'acteurs du pétrole, dont le statut n'est pas le résultat d'un processus électoraliste.
Les Rockefeller n'ont pas de légitimité dans la décision d'agendas publics. Je me permets d'ajouter, entre parenthèses, que le même constat est parfaitement valable en ce qui concerne George Soros et son militantisme en faveur des minorités de mœurs (que je désigne préférentiellement ainsi pour ne pas leur faire de publicité en utilisant leurs acronymes habituels : ils ont déjà, entre autres, un célèbre moteur de recherche californien wokiste largement acquis à leur cause et omniprésent dans nos vies ; en termes de référencement et plus généralement, mon but, comme indiqué d'emblée, est de promouvoir le conservatisme et l'extrême droite).
Après un retour sur un certain nombre de sujets d'actualité nationale qui ont leur importance (dont, notamment : le décès de Marcel Boiteux (1922-2023), lequel, en tant qu'ancien président directeur général d'EDF, fut "l'un des architectes du nucléaire français", élève de l'économiste Maurice Allais (1911-2010) ; l'européisme xénocrate confirmé d'Élisabeth Borne ; l'inutilité voire le caractère nuisible du sénat et, par ailleurs, des énarques ; l'ingérence déplacée de l'administration dans les dossiers de harcèlement scolaire, qui ne devraient être traités, conjointement, que par le corps enseignant et l'appareil pénal), Rougeyron en vient, dans l'actualité internationale, au sujet israélo-palestinien.
Je ne voulais pas aborder, sur ce forum, cette partie de l'information avant d'avoir fait un nouveau point sur d'autres aspects de l'actualité nationale ou internationale, ce afin qu'un sujet n'en vienne pas à en occulter d'autres, dont le caractère d'urgence persistante doit également rester dans les esprits, qu'ils soient ou non liés à la question du Proche-Orient, travail que je continue à faire en me basant, entre autres, sur les vidéos des influenceurs que je cite habituellement, de ma famille politique (l'extrême droite, dont Jérôme Bourbon) ou à la charnière en raison de certains points communs malgré les divergences par ailleurs (la droite souverainiste, dont Henry de Lesquen).
Parmi ces prérequis contextuels, je citerai encore, pour rappel : la question migratoire en France et en Europe ; le débat sur l'interdiction de l'abaya dans les écoles ; la place de la foi catholique ; le problème de la répression de l'extrême droite par les institutions républicaines ; le constat de la décadence occidentale ; le positionnement par rapport au conflit russo-ukrainien. Concernant mes positions politiques, en tant que désormais rattaché à la tradition française nationaliste et contre-révolutionnaire, je revendique l'héritage d'Augustin Barruel (1741-1820), Joseph de Maistre (1753-1821), Édouard Drumont (1844-1917), Paul Bourget (1852-1935), Philippe Pétain (1856-1951), Maurice Barrès (1862-1923), Charles Maurras (1868-1952), Jacques Ploncard d'Assac (1910-2005) et son fils Philippe Ploncard d'Assac, cette liste n'étant pas exhaustive.
À un niveau plus personnel en amont de ce qui allait devenir mon engagement explicite en faveur de l'extrême droite, une vidéo que j'avais faite le 29 juillet 2012, ayant fait l'objet de plusieurs publications depuis, résume ce que je pense toujours du conflit israélo-palestinien : une affaire étrangère à la France, dont je pèse le pour et le contre dans les deux camps, invitant chacun à prendre ses responsabilités. L'antiracisme, lui, n'est plus un thème que je mets en avant comme c'était le cas dans ma vidéo du 22/07/12, car cette mise en avant ferait trop penser à une certaine gauche vis-à-vis de laquelle j'adoptais déjà, à l'époque, une position critique.
J'ai dit ce que j'avais dire à ce moment-là, et le texte fait lui aussi partie de mes publications. Ce que j'ai à dire aujourd'hui, complétant mes démarches passées, correspond à d'autres priorités : celles de la France, pays dans lequel je vis, et dont je suis ressortissant depuis ma naissance. Je note, cependant, que le mode de raisonnement adopté au moment de ces vidéos est compatible avec mes réflexions plus récentes et les références qui y contribuent, signe d'un parcours intellectuel cohérent. Par exemple, le fait que, selon moi, les cultures ethniques se définissent dans leur champ d'immanence, et que j'adhère à cette perspective, va tout à fait dans le sens du regard que porte, depuis longtemps, un historien comme Bernard Lugan sur les spécificités des peuples africains (Lugan d'ailleurs cité, plébiscité, invité par Rougeyron, notamment par rapport à l'actualité du Niger). C'est pourquoi j'en suis venu à me définir comme réservé sur les questions raciales.
En fait, nous créons individuellement des alternatives idéologiques, à travers le dialogue entre notre idiosyncrasie et une tradition politique donnée, ce qui rejoint par exemple la position qu'a été celle d'un auteur comme Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), toujours valable à travers l'œuvre qu'il nous a léguée. Quand un de ces systèmes d'idées personnelles, faites à la fois d'objectivité et de subjectivité, prend une ampleur collective, il devient lui-même une tradition politique. Par défaut, je situe, en tant qu'appartenant à cette famille politique qu'est l'extrême droite, les élaborations conceptuelles plus personnelles comme se déployant au-delà de l'extrême droite même (c'est-à-dire, paradoxalement : plus à droite encore, mais hors-piste), d'un individualisme à la fois atomiste et civilisationnel qui correspond à ce que serait un monde peuplé d'acteurs suffisamment mûrs pour se diriger eux-mêmes.
Ce dernier point relève, collectivement du moins, de l'idéal ou de l'utopie, rejoignant ce que disait, à propos de la démocratie, Jean-Jacques Rousseau, cité par Philippe Ploncard d'Assac dans Le nationalisme français : "S'il existait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes". On ne peut pas dire que, en tant que nationalistes français, nous soyons rousseauistes. Néanmoins, les auteurs que l'on assimile à ce qui allait devenir la Révolution dite française ont parfois développé des idées qui, contre toute attente, vont dans un sens justement contre-révolutionnaire. Cet aspect rejoint la nécessité de prendre de la distance par rapport à l'exaltation hitlérienne, au profit de l'approche calme et raisonnable qu'a été celle de Salazar.
C'est dans ce contexte (à la conjonction de mes propos passés et de mes propos présents) que, pour ma part, je retranscris, résume et commente l'analyse que donne Rougeyron de l'attaque menée par le Hamas contre Israël, le long de la bande de Gaza et dans plusieurs kibboutz, le 7 octobre 2023. Flavie, la collaboratrice de Rougeyron qui intervient dans la vidéo, pose de bonnes questions. Un cap a-t-il été franchi ? Peut-on parler de faillite des renseignements israéliens ? Quels sont les rôles respectifs de l'Iran et du Qatar dans cette affaire, et les retombées pour la géopolitique occidentale ?
Pour Rougeyron, cette guerre n'est pas la nôtre. Il faut la voir en tant qu'analyste. Israël est une grande nation, capable de se défendre. L'action que préconisent toujours les gaullistes dans le sens de notre but commun (une Méditerranée apaisée), et parce que les Français sont aussi de vieux alliés des peuples arabes, consiste à promouvoir la solution de deux États. Pour ma part, n'étant pas gaulliste, je m'interroge simplement sur la faisabilité de cette proposition. Je me demande dans quelle mesure elle va plus loin qu'un simple point de vue occidental, et qui elle est susceptible d'intéresser parmi les protagonistes concernés, israéliens et palestiniens.
Concernant les événements eux-mêmes, le Hamas, avec ses commandos de combat, a attaqué le territoire israélien et, en particulier, des civils. Il a également pris des otages. Des civils ont été massacrés. Des exactions ont été filmées par le Hamas lui-même (s'inspirant, de toute évidence, de Daech qui, en cela, copiait les cartels de la drogue mexicains). Adoptant la grille de lecture géopolitique de Régis Debray, grille déjà ancienne mais toujours pertinente, Rougeyron souligne une cruauté des actes incitant à penser que la respectabilité de la cause palestinienne, construite par Yāsir ʿArafāt (1929-2004) pendant quarante ans, aurait été liquidée en quelques jours.
En retour, plusieurs centaines d'hommes du Hamas ont été tués par les forces de sécurité israéliennes. Une partie des armes utilisées par le Hamas proviendrait des dons faits à l'Ukraine. La position d'Israël vis-à-vis de l'Ukraine aurait été multipolaire, relativement pro-russe. Qui a financé cette attaque de grande ampleur du Hamas ? Peut-être une partie des financements vient-elle de l'aide européenne à des associations islamistes proches du Hamas. Une faillite du renseignement est un fait statistique. Le renseignement égyptien avait prévenu Benyamin Netanyahou d'une imminence.
Est-ce la dernière grande erreur politique de Netanyahou ? Le fait d'avoir mis des religieux à des postes de sécurité ne s'est pas avéré judicieux. Il y aurait eu une trop grande présomption par rapport à ce qui était nécessaire au maintien d'une coalition. Une partie de l'intérêt israélien a été sacrifiée pour les besoins d'une stratégie politique, d'où une faillite de l'armée en plus d'une faillite du renseignement. Une partie de l'armée israélienne surveillait les colonies en Cisjordanie, ou s'occupait de protéger les prières publiques des ultrareligieux.
Le Hamas a frappé un point relativement précis, en fin de semaine pendant une fête juive, en raison d'une baisse de la vigilance des troupes de sécurité pendant les fêtes religieuses, et du fait d'un problème de mobilisation des réservistes en Israël (à cause du manque d'engagement des réservistes de gauche : il y a toujours en Israël un blocage du pays lié à la réforme de la justice voulue par Netanyahou, réforme dont le pays aurait d'ailleurs besoin parce que favorable à la démocratie au détriment de la Cour suprême d'Israël).
Le Hamas en a d'autant plus profité qu'il a redécouvert une technique palestinienne de guerre : viser les femmes et les enfants. Il n'y a pas de peuple intrinsèquement innocent. André Malraux (1901-1976) disait : "Appartenir à l'histoire, c'est appartenir à la haine". Le travail mené, de longue haleine, pour la respectabilité de la cause palestinienne a été celui du Fatah et du FPLP. Les Palestiniens vont avoir un problème d'image. Israël ne peut prendre acte de ce bilan (plus de 1300 morts et de 3000 blessés) sans ordonner un blocus de Gaza.
Gaza est une bande de deux cents kilomètres de long, et de six à douze kilomètres de large. Nous parlons d'une géopolitique grande comme trois départements français. Entre Tel-Aviv et Sdérot, il faut compter une heure et demie de route en voiture. Les zones étant petites, envisager un déplacement massif de populations est d'autant plus difficile. Gaza représente l'une des plus grandes densités de population au monde. Par ailleurs, des combattants qui s'en prennent à des femmes et à des enfants ne sont pas des soldats, et le désir de revanche est une réaction saine.
Mais Israël va tomber dans un piège, car n'ayant pas d'autre choix que l'attaque au sol. C'est pire que Beyrouth ou que Groznyï. Les bombardements israéliens auraient déjà tué plus de 1300 Palestiniens au moment de la vidéo. Il s'agit de systèmes de responsabilité collective et transmissible. Pourquoi le Hamas a-t-il frappé ? Pour la plupart, les membres de son État-major ne vivent pas à Gaza, mais au Qatar. Certes, il y a déjà eu des tentatives d'assassinat et des assassinats de membres du Hamas à l'extérieur de la bande de Gaza.
Rougeyron émet le diagnostic suivant : le Hamas chercherait à raviver l'intérêt de la rue arabe autour du sort des Palestiniens, le temps des grands récits du Moyen-Orient étant révolu au profit d'une région du monde de plus en plus westphalienne : rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite sous l'égide de la diplomatie russe et, surtout, de la diplomatie chinoise ; désescalade en cours au Yémen à l'heure de la vidéo ; relations apaisées entre Israël et un certain nombre de pays, dont Bahreïn et les Émirats Arabes Unis. Les intérêts nationaux passent avant le fait de mener des guerres qui ne sont pas les nôtres.
Le Hamas étant en perte de vitesse, y compris financièrement, il aurait tenté une opération en espérant que les représailles israéliennes soient encore plus fortes, de façon à revenir sur le devant de la scène et, l'aide internationale étant appelée à se raréfier, provoquer ainsi un étouffement de ce qui reste de l'autorité palestinienne et du Fatah. Le Hamas devrait donc demander plus d'argent que de prisonniers : il n'aurait pas plus intérêt qu'Israël, par exemple, à voir la libération de Marwan Barghouti, capable de fédérer le peuple palestinien.
Vladimir Poutine, tout en étant favorable à l'idée d'un État palestinien, a un lien structurant de partenariat technologique avec Israël, comme la Chine et l'Inde. Il n'y a pas d'antisionisme dans les BRICS, mais un soutien de la gauche latino-américaine aux Palestiniens. Il y a même eu, à Johannesburg, une illumination aux couleurs israéliennes. La grande faiblesse israélienne par rapport à Gaza tient à une gestion au jour le jour comme on s'occupe d'une prison ou, en l'occurrence, d'une émeute carcérale. Le problème de l'absence d'un État palestinien, c'est qu'il manque un interlocuteur responsable à qui s'adresser.
Quand le Hamas a gagné les élections, l'autorité palestinienne les a annulées. Aujourd'hui, on ne sait pas qui représente les Palestiniens. Une paix froide a succédé à des tueries. Mahmoud Abbas est toujours là. La Cisjordanie est confrontée au problème de la colonisation, qui est en partie privée, liée à des achats immobiliers effectués depuis l'extérieur. Ensuite les colons font du lobbying pour que l'armée vienne à eux et des pans de murs se créent, transformant le territoire en gruyère. Il y a deux possibilités, dont le plan d'Ariel Sharon (1928-2014), qui était d'évacuer Gaza pour que Gaza devienne islamiste, le Hamas étant une création israélienne destinée à affaiblir l'autorité palestinienne.
Dans cette optique, Gaza reviendrait à l'Égypte, mais ce projet a été un échec. L'autre possibilité serait alors l'expulsion vers la Jordanie, dont la population majoritairement palestinienne d'Amman, où ont lieu des manifestations et des émeutes, veut aller vers la frontière : ce serait l'embrasement. Rappelons que la Jordanie est l'un des États les plus fidèles à l'Occident dans cette région du monde, avec en plus la légitimité islamique conférée à Abdallah, fils d'Hussein ben Talal (1935-1999), par le fait qu'il est un descendant direct du prophète, lui permettant un certain degré d'exigence (exactement comme le roi du Maroc). L'équilibre régional dépend en partie de la Jordanie.
Autre point : la situation au nord. Du côté du Liban, il y a l'utilisation du djihad (la guerre sainte) et surtout du Hezbollah, donc de la milice extérieure iranienne. Le djihad a été relativement en retrait jusque-là, et l'implication de l'Iran en tant que tel reste à démontrer. Même si c'est ce que certains souhaitent, une attaque sur l'Iran serait une catastrophe. Ce que l'Iran veut obtenir d'Israël est modeste, d'autant plus que les deux pays ont été impliqués dans un conflit récent, celui du Haut-Karabagh, Israël côté azerbaïdjanais et l'Iran plus mêlée du fait d'un sentiment pro-arménien.
Que des Arméniens repartent en Arménie n'a pas été, ceci dit, un problème trop grave pour l'Iran. Par contre, il y a encore quatre cent experts militaires israéliens sur le sol azerbaïdjanais, ce qui déplaît aux Iraniens, leur crainte étant de se retrouver avec une base israélienne en Azerbaïdjan. Le problème est que l'on est en train de reporter sine die les grandes manœuvres qui avaient lieu entre Riyad, Téhéran et Tel-Aviv. Dans ce contexte, quid d'un État comme le Qatar ? C'est, plus que la Turquie, l'un des principaux soutiens financiers du Hamas.
La question qui se pose alors est : l'apaisement au Moyen-Orient était-il en train de se faire au détriment de la cause palestinienne ? Dans la rue arabe, peut-être pas. Mais au niveau des dirigeants politiques, oui. Un certain nombre de ces pays ont remis à plus tard leur développement autonome en accusant Israël de tous les maux, mais il y a une prise de conscience du fait que ce discours devient de plus en plus intenable. Le moment est venu pour ces pays de se développer. Le Qatar a réussi car il s'est attelé, dès 2010, à la diversification de son économie.
L'Arabie Saoudite doit donc diversifier son économie d'urgence, car les réserves de pétrole ne sont peut-être pas éternelles. Cette évolution souhaitée va avec la nécessité d'une modernisation institutionnelle, car l'état d'indivision avec vingt-mille princes de sang n'était pas viable. La tournure violente du conflit israélo-arabe remet tout en question. Comment la situation va-t-elle évoluer ? L'immigration de la gauche israélienne devrait se faire vers les États-Unis et le Canada. Ceux qui viendront en Europe iront surtout à Berlin. Le pouvoir israélien, lui, va se raidir.
On aboutirait alors, en Israël, à un gouvernement d'union nationale radicalisé sur le plan sécuritaire, qui pourrait se mettre en place au détriment de Netanyahou. La première mission de ce gouvernement sera de régler le sort des villes mixtes, où plus personne ne voudra vivre, ce qui va encore fragiliser la condition des Arabes israéliens. Ceci dit, les trois points d'alliance des BRICS ne seront pas remis en cause pour autant : démoralisation, respect des règles internationales classiques et accès à la puissance. Malheureusement, Joe Biden, en tant que représentant d'un empire décadent, doit voir son intérêt dans le désordre actuel : c'est la géopolitique des ruines.
Ce n'est certes pas l'intérêt des États-Unis en tant que tels, mais celui du camp démocrate en tant qu'élément de fragilisation, ce qui montre bien l'irresponsabilité de cette mouvance politique. Aujourd'hui, ce que la responsabilité doit nous inciter à chercher, c'est au contraire la consolidation d'un ordre international westphalien. Pour rester sur les rives de la Méditerranée, on voit une fois de plus que, quand on prend la question franco-marocaine par exemple, Emmanuel Macron a tort de mettre en avant la diplomatie algérienne avant tout, le Maroc étant, des pays du Maghreb, notre plus vieil allié, avec qui de ce fait nous devons consolider nos relations.
Dans le même esprit, il faut prendre conscience du fait que le libre-échange, tel qu'il s'est fait, est devenu une arme contre le développement car créant une cordée, donc une dépendance entre États, ce qui est vrai dans le domaine alimentaire comme dans d'autres secteurs d'activité (voir, au sujet de l'évolution des débats autour du libre-échange, les ouvrages d'Yves Pérez). D'ailleurs, historiquement, le libre-échange est un fait impérial plus qu'un fait économique libéral. Il convient donc de rappeler que le libéralisme classique n'est pas hostile au protectionnisme.
Un point sur l'inflation : si l'on augmente les taux, on achève le peu de croissance que l'Europe a. Dans ce contexte (celui d'une croissance officielle à 0,5, qui n'est peut-être en fait qu'une récession déguisée), enlever l'inflation équivaudrait à une baisse du niveau de vie, dans la mesure où il faut équilibrer la croissance par l'inflation. Or, cette inflation est liée à l'aberration des sanctions ukrainiennes (autant dire que, de ce point de vue, il ne faut pas s'attendre à une baisse de l'inflation) et, surtout, à la masse de capital fictif qui a été créée depuis une quinzaine d'années pour sauver les banques et les marchés financiers, capital fictif dont la seule indolence tenait au fait qu'il ne circulait pas.
Aujourd'hui, la circulation de ce capital fictif est en train de prendre de la vitesse, et on n'est, malheureusement, qu'au début du phénomène. Il n'y aura pas d'amélioration sans changement drastique de régime politique dans les pays européens, ce qui impliquerait notamment la fin de l'eurozone. Concernant le conflit russo-ukrainien, Volodymyr Zelensky craint que la situation au Proche-Orient ne détourne au profit d'Israël les aides européennes dont il bénéficiait, alors qu'Israël avait maintenu des relations distantes avec lui, au nom de la multipolarité de l'axe entre Tel-Aviv et Moscou.
Selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité national des États-Unis (source : point presse de la Maison Blanche du 11/10/23) : "À court terme nous avons des crédits et des autorisations pour l'Ukraine et pour Israël, mais il ne faut pas essayer d'intégrer un soutien à long terme lorsque l'on est au bout du rouleau. En ce qui concerne le financement de l'Ukraine, nous approchons du bout du rouleau. Aujourd'hui nous avons annoncé deux cent millions de dollars, et nous maintiendrons cette aide aussi longtemps que nous le pourrons, mais ce n'est pas indéfini".