Lorsque j'ai créé le forum Objectif Nation, le premier sujet que j'ai posté, le 11 juin 2023, concernait la suppression de la chaîne Youtube de l'influenceur Papacito. Dans un contexte d'ailleurs incitatif en ce sens, marqué entre autres par les interdictions consécutives à la circulaire du 10/05/23 de Gérald Darmanin, j'y voyais l'un des signes qui nourrissaient, dans ma réflexion, l'idée selon laquelle la promotion de l'extrême droite et de ses principes devait privilégier l'analyse et l'argumentation. Le registre de la provocation, disons-le, me laissait et me laisse toujours perplexe, en ce qu'il ne contribue pas à donner à son propos de solides fondations.
Ceci dit, j'ai trouvé le dialogue entre Pierre-Yves Rougeyron et Papacito du 03/10/23 intéressant dans l'ensemble, car justement davantage axé sur la valorisation réciproque des qualités intellectuelles des deux intervenants. Le calme et la maturité qui émanent de cet échange sont assez remarquables pour être soulignés, même si je ne suis pas forcément d'accord avec toutes les prises de position exposées au fil de l'entretien. Cependant, la qualité de la conversation a retenu mon attention, et j'ai voulu en rendre compte avec l'application dont je m'efforce de faire preuve habituellement dans mes transcriptions, résumés et commentaires.
Le premier sujet abordé est celui de la foi religieuse. Papacito estime que la période actuelle valorise des narratifs médiatiques voire personnels qui, dans certains cas, ont pris le pas sur la réalité : il existe, dans ce qu'il appelle le camp patriote, une tendance à décrire les narratifs médiatiques comme étant décorrélés de la réalité, alors que certains narratifs personnels, au sein de ce camp, peuvent faire l'objet de la même critique. En ce sens, les propos tenus ne sont pas toujours en phase avec les capacités personnelles des interlocuteurs, ce qui apparaît quand est plébiscitée la figure d'un sauveur censé faire le travail à la place des autres.
Ce décalage est compréhensible ainsi : certains militants dénoncent l'inadéquation entre les contenus des médias d'information et les sujets abordés, sans se rendre compte que, en espérant la venue d'un meneur providentiel, ils actent une différence entre les compétences qui leur permettent de développer un regard critique sur la conjoncture, et celles qui devraient les inciter à agir eux-mêmes sur leur environnement politique, via le travail d'émancipation, le travail de rébellion et le travail quotidien. Il faudrait que les grandes idées pour la France s'accompagnent d'actions à proposer.
Dans ce contexte, la foi est ce qui ne laisse aucune excuse : elle est intériorisée, demandant peu d'efforts, sinon celui d'accepter de se détacher du bruit et des stimulations ambiantes pour se retrouver avec soi. Si l'on veut produire des hommes efficients, à même de changer leur civilisation, la civilisation étant définie comme la somme des individualités, les individus de qualité doivent être, en ce sens, animés par une croyance. La France la plus respectable de par son efficience s'est bâtie grâce à des individus qui étaient profondément catholiques.
Rougeyron fait un parallèle entre cette lecture et la perspective développée dans l'œuvre de Georges Bernanos (1888-1948), entendue comme le constat d'une nécessité de faire des hommes libres et aptes à porter la liberté (certains étant condamnés par leur nature, quelle que soit la liberté dont ils bénéficient). Le président du Cercle Aristote a quitté volontairement la religion catholique douze ans auparavant, et parce qu'il n'avait pas les mystères de cette foi, et parce que ses idées nationalistes le mettaient en permanence en porte-à-faux avec l'Église, y compris une partie des traditionnalistes.
Ne voulant pas aller jusqu'au sédévacantisme, il a préféré changer de religion et a trouvé, dans une spiritualité d'Extrême-Orient (le bouddhisme) ce qu'il considère comme un nationalisme appliqué : le culte de la terre et des morts. Il avait vu, en effet, l'épreuve subie par les nationalistes restés catholiques, à qui des sacrements étaient refusés, et s'était juré que jamais un curé ne le traiterait de cette façon pour lui expliquer les droits de l'homme. En comparaison, sa religion actuelle ressemble au culte de ses ancêtres (ressemblance qu'il n'aurait pu trouver dans l'un des polythéismes européens, car ce sont pour lui des religions mortes).
Papacito fait alors le point sur la situation du catholicisme en France : il faut prendre acte de l'état de souffrance de ce dernier, alors que, par exemple, le christianisme orthodoxe se porte bien en Russie, car soutenu par un peuple et par un dirigeant politique fort : Vladimir Poutine. L'universalité du catholicisme est en même temps la force et la faiblesse de cette religion. Il faut distinguer, au sein du catholicisme, l'essence christique, liée aux Évangiles, et certaines défaillances humaines de l'Église catholique (comme le discours honteux du pape François, discours tenu à Marseille le 22 septembre 2023, honteux car politiquement complaisant).
Papacito prend le catholicisme dans son entièreté, religion ayant transfiguré le monde et les civilisations, sorti l'Europe d'une Antiquité décadente pour la hisser dans un Moyen Âge qui, malgré les difficultés que représentaient cette période, a été fondateur pour la France et pour les autres pays ayant bénéficié des fruits de la religion catholique. Pourtant, au départ, Papacito n'avait aucun attachement familial ni affectif le prédisposant à une conversion : il a été touché par le message des Évangiles. Anciennement sédévacantiste, il maintient un discours extrêmement critique à l'encontre du pape François, mais reste dans l'Église pour tenter de l'améliorer de l'intérieur.
Rougeyron cite alors un de ses amis, l'abbé Guillaume de Tanoüarn : "Ce qui manque à l'Église, ce sont de nouveaux croyants". J'ouvre une parenthèse. Tanoüarn fait partie des acteurs de la Nouvelle Droite, tels que décrits par Philippe Ploncard d'Assac dans son ouvrage Enquête sur la Nouvelle Droite et ses compagnons de route. En tant qu'ecclésiastique, Tanoüarn a contribué à la Nouvelle Droite en faisant la promotion de la gnose, ou ésotérisme chrétien, qui est une hérésie. Je ne suis pas catholique mais antimaçonnique et, en tant que tel, je reconnais l'importance du catholicisme dans notre civilisation.
C'est ce qui m'amène à voir la filiation entre la gnose, la franc-maçonnerie et la décadence du catholicisme. Même sans être catholique, il faut souhaiter que le catholicisme se renforce, car l'extrême droite en France en bénéficierait, pour des raisons civilisationnelles qui établissent un rapport entre le fait religieux et le fait politique. Si nous voulons vivre dans un pays en accord avec ce que nous sommes : un peuple français blanc et hétérosexuel, il n'y a pas de place pour la gnose ni pour la franc-maçonnerie qui, via leur promotion de la tolérance, sont des vecteurs de laxisme et de corruption expliquant la pression exercée par les minorités de mœurs sur la majorité silencieuse.
C'est pourquoi il n'y a pas besoin d'être catholique ni d'avoir un mandat ecclésiastique pour dénoncer, condamner la gnose et la franc-maçonnerie : au-delà du problème religieux, c'est une question de choix politique. Ce que Rougeyron et Papacito ne semblent pas voir, c'est la relation de causalité entre un acteur comme Tanoüarn et le fait que notre pays est devenu, avec une caution légale (aussi aberrante soit-elle), gangréné par les mœurs déviantes et par l'immigration. Volontairement ou involontairement, ils participent de la même démarche crypto-maçonnique qu'Henry de Lesquen.
Le problème semble structurel à chaque fois que l'on traite d'organismes comme le Cercle Aristote ou le Carrefour de l'horloge (CDH). Le rapport est pourtant évident, puisque Rougeyron et Papacito eux-mêmes reconnaissent qu'il y a un déclin du catholicisme, ce que ne contredirait pas Lesquen du CDH ; dans le même temps, ils admettent que ce déclin du catholicisme est à mettre en rapport avec celui de la France, puisque, de leur propre acquiescement, il ressort que les fondements qui ont fait la grandeur de notre pays sont à mettre, partiellement du moins, sur le compte du catholicisme.
Politiquement, il y a donc une conséquence dans le fait que Tanoüarn ait contribué à diffuser une hérésie comme la gnose au sein des cercles catholiques français. Tanoüarn n'est évidemment ni le premier ni le seul à avoir opéré en ce sens. Comme le rappelle Ploncard d'Assac, dans la lignée des auteurs critiques à l'encontre de la gnose, avant Jean Vaquié (1911-1992) et Étienne Couvert, il y a eu Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Dom Guéranger (1805-1875), Charles-Émile Freppel (1827-1891), Emmanuel Barbier (1851-1925), ou encore la Revue Internationale des Sociétés Secrètes. L'ancienneté de la critique confirme celle du sujet.
Or, si l'ancienneté de la gnose en tant qu'hérésie a été réactivée, au fil du temps, pour en arriver à un abbé comme Tanoüarn, c'est parce que cette démarche s'inscrit dans un projet plus vaste, qui remonte au moins à ce qui allait déboucher sur la Révolution dite française de 1789. La Nouvelle Droite n'est qu'un phénomène relativement tardif à ce titre, auquel Tanoüarn, parmi de nombreux autres, a contribué dans sa spécialité : le catholicisme. Il n'explique pas, à lui seul, le discours de tolérance du pape François ni l'immigration en France, mais il apporte des éléments qui permettent de comprendre comment on en est arrivé à ce point.
Le fil rouge du déclin civilisationnel, du moins au niveau français, c'est l'anticatholicisme maçonnique, nourri de gnose et d'infiltration des cercles religieux et politiques d'extrême droite par les promoteurs d'idées favorables aux minorités de mœurs et à l'immigration. La culture gnostique dont s'inspire la franc-maçonnerie est, comme cette dernière, le terreau des minorités de mœurs et de l'immigration, contrairement au catholicisme canonique, lequel, en désaccord avec le discours du pape François, s'accorde avec ce que doit être l'extrême droite : la famille politique garante d'une nation ethniquement homogène, fondée sur l'union traditionnelle entre l'homme et la femme.
Je le répèterai donc à chaque occasion : de toute évidence, Rougeyron est cultivé, intelligent, travailleur, doté d'une expérience politique mais, aussi longtemps qu'il n'aura pas écarté de ses références politiques la Révolution dite française (dont la teneur franc-maçonne est historiquement attestée), le gaullisme (lequel a réhabilité la franc-maçonnerie que le régime pétainiste était arrivé à faire interdire) et la promotion de l'ésotérisme au sein du christianisme (comme avec Tanoüarn qu'il cite parmi ses amis), il restera un patriote au sens républicain du terme, pas un nationaliste au sens réactionnaire du terme, qui est le seul valable à mon sens.
D'ailleurs, c'est surtout pour éviter la confusion entre les droites qu'il faut clairement établir ou rétablir une distinction entre le simple patriotisme (attaché à des frontières), qui relève de la droite, et le nationalisme (attaché non seulement à des frontières, mais avant tout à des principes historiques constitutifs profonds), qui relève de l'extrême droite. En ce sens, et quoi qu'il en dise, Rougeyron n'est pas un nationaliste, du fait qu'il n'est pas d'extrême droite. Même remarque concernant Lesquen du fait de son gaullisme. Ce que d'autres et moi-même faisons à notre niveau se résume à un travail dont le but, aussi difficile à atteindre soit-il, est le retour en force de la Réaction en France.
Ce qui m'interroge chez Rougeyron m'interroge, à plus forte raison, dans son public. Si l'auteur est républicain, ses soutiens sont potentiellement composites, remarque rejoignant le fait, pour un programme politique, de mettre le Frexit en avant, ce qui ne manque pas de soulever, à chaque fois, la même question, laquelle restera entière aussi longtemps que la proposition n'aura pas été actée : le Frexit, pourquoi pas, mais pour quoi faire, et avec qui ? Or, dans les commentaires Youtube ou Facebook des soutiens du Cercle Aristote, je vois non seulement l'expression d'un enthousiasme dénué d'esprit critique, mais aussi, parfois, un niveau qui ne lui fait pas honneur.
Il y a de plus une référence, qui revient mécaniquement, à l'humour de l'auteur. Les propos insistant sur cette dimension ont des accents orwelliens, au sens du roman 1984 de George Orwell (1903-1950), décrivant le sourire, la bonne humeur, comme une nécessité publique impérieuse. Cette dépossession de l'individuel (les émotions qui nous sont propres) par le collectif (lequel, par exemple, insiste sur l'humour comme s'il s'agissait d'un devoir envers les autres) est typique des mécanismes grégaires et grossiers à l'œuvre dans l'idéologie humaniste et fraternelle (d'un grégarisme et d'une grossièreté que confirment, précisément, certains commentaires du public en question).
Je ne veux pas dire par là que les commentaires de soutien reçus par un authentique nationaliste soient nécessairement, en tant que tels, d'un niveau plus élevé, mais que le caractère potentiellement composite du public soutenant le Cercle Aristote rend davantage problématique la vacuité consensuelle de certains retours exprimés : quand on perçoit les limites liturgiques de certains propos (l'adjectif liturgique devant être entendu ici au sens métaphorique de son équivalent profane, celui d'un rite désacralisé) ou, pire, les plaisanteries de bas étage qui semblent avalisées, on se demande s'il n'y a pas, dans le public en question, des libertins, des mafieux, des cyniques, bref : tout ce que la franc-maçonnerie est capable d'exporter de son infection et de sa vulgarité depuis LFI ou la Macronie vers une certaine droite.
Cet écueil n'est pas fondamentalement le fait d'une position souverainiste en tant que telle, ni du travail de qualité, au demeurant, du Cercle Aristote concernant l'étayage dans l'analyse des informations d'actualité ou même, en amont, un niveau philosophique plus profond. L'écueil en question, celui de la trivialité consensuelle et donc anti-intellectuelle d'une partie du public, pose le problème de ce que, de manière imagée, on a coutume d'appeler l'auberge espagnole, soit : une ouverture qui, excessive, se fait au détriment des spécificités politiques, expliquant pourquoi des souverainistes se retrouvent réduits à sympathiser avec des gauchistes, soit encore : la définition même de la république depuis son paradigme révolutionnaire.
Autre contrepartie problématique de l'ouverture au public et du public ouvert : parce que le travail est sensé, il s'impose évidemment aux consciences comme un travail achevé, le chaland n'ayant plus qu'à applaudir, et là commence le spectacle, le cercle vicieux de la sollicitation des punchlines (ou phrases chocs), dont les ancêtres, au niveau français, étaient les Versaillais mondains qui, parce que décadents, étaient crypto-maçonniques et préparaient ainsi le terrain de la Révolution dite française. À défaut de substance, ils avaient en effet les saillies drolatiques forcées, le sens de la répartie érigé en impératif, c'est-à-dire le ridicule (au sens d'un célèbre film comique sorti en 1996).
Cette longue parenthèse de ma part étant faite, les limites des problèmes que soulève, à juste titre, Rougeyron, apparaissent plus clairement : pour en revenir à la vidéo, c'est avec finesse, certes, qu'il montre que l'Église moderne a opéré un glissement sémantique dans sa définition du prochain, passant des personnes se trouvant à côté de nous, préférentiellement dans notre sphère familiale, pour se référer, finalement, à l'Autre (une altérité globale qui me fait dire que l'humanisme planétaire n'est malheureusement pas un phénomène cantonné à Stéphane Hessel (1917-2013) et consorts, mais une idéologie qui, bien que minoritaire, est défendue avec virulence par les dirigeants politiques occidentaux actuels).
Dans ce cas, pourquoi citer Tanoüarn, surtout en précisant qu'il s'agit de l'un de ses amis ? Pourquoi, par ailleurs, avoir accepté que la vidéo de sa conférence chez Lesquen du 09/09/23 commence par la diffusion d'un chant des Templiers ? Parce que Rougeyron ne voit pas, ou feint de ne pas voir, qu'il y a une convergence historique, culturelle et actuelle entre les courants ésotériques (et donc hérétiques) apparus au sein du christianisme (comme les Templiers), l'abbé Tanoüarn qui a fait la promotion de la gnose, et le discours du pape François, dont la tolérance va dans le même sens. Si l'on est passé du proximus à l'Autre, c'est d'abord à cause de la gnose et des francs-maçons, ensuite à cause de la dérive moderne de l'Église, parce que l'Église a été infiltrée.
Pour Papacito, le catholicisme conciliaire est en perte de vitesse ; en France, dans une église conciliaire classique, on trouve de vieilles personnes de souche européenne, et de jeunes personnes de souche subsaharienne. Dans une église traditionnaliste, par exemple lors d'une messe tridentine, on retrouve également des personnes d'origine étrangère, mais aussi et surtout des familles de souche européenne, y compris des familles jeunes. Il y aurait donc deux catholicismes concomitants : celui qui a laissé entrer le monde, et celui qui est resté fidèle à Pie V (1504-1572).
Papacito précise que les traditions sont susceptibles d'évoluer, dans la mesure du raisonnable. Il estime que l'Église actuelle s'est trop ouverte au monde, car au point de sortir de ses dogmes de base. Ce phénomène va de pair avec le fait d'avoir, au fond, mal accueilli une immigration excessive, comme quand on tend un verre d'eau à quelqu'un pour ne lui en laisser boire qu'une gorgée : à cinq heures trente du matin, sur les quais du RER, la couleur de peau de ceux et de celles qui vont travailler est la même que dans les prisons.
Papacito précise que les gens de droite, généralement, ignorent ce point. Pour ma part, je le sais, parce que, dans mon expérience, j'ai eu et j'ai encore l'occasion de me lever à toute heure pour aller travailler, y compris à cinq heures trente du matin. Pourtant je suis blanc. Mais je ne suis pas de droite, car je suis d'extrême droite. Et c'est certainement la raison pour laquelle, dans le fil de ce raisonnement, je connais certaines réalités. Toujours est-il que, pour Papacito, la notion de prochain se retrouvant étendue à l'humanité entière par l'Église ne tient pas, car un individu blanc de souche européenne n'a pas assez de culture commune avec un Érythréen.
Une conception maîtrisée du prochain doit donc se limiter aux individus auxquels nous pouvons nous identifier, et parce que nous les connaissons suffisamment, et parce que les éléments de connaissance dont nous disposons entrent en résonance avec notre propre expérience. Voir l'humanité comme un tout, au sein duquel les individus sont des valises vides, n'est que le résultat d'un abâtardissement typiquement gauchiste. Ceci dit, la proximité maîtrisée, par exemple fondée sur le degré de loyauté, n'est pas toujours une question de couleur de peau, car des affinités ontologiques ou spirituelles entrent également en compte.
Pour Rougeyron, la gauche recherche dans l'immigration un surcroît moral, soit l'équivalent, à son niveau, de ce que sont les ouailles, les saints et les martyres dans une religion, alors qu'une certaine droite, tout en reconnaissant que l'immigration est une catastrophe, légitime l'immigré dans les trois dimensions qu'elle lui reconnaît : la domesticité, le sport et, à la rigueur, le contre-exemple. Cette droite-là ne veut pas, en principe, de l'immigration, mais dépend du balai, du ballon et du sac Uber Eat. D'où cette question profonde : que faire des Blancs qui veulent voir leur propre civilisation disparaître ?
Ma réponse serait : il faut les recycler politiquement, d'abord par une sortie politique, ensuite par une refonte de notre système légal, enfin par un travail éducatif ne laissant, à son issue, que deux possibilités (l'intégration ou la pénalisation). Avant de donner sa réponse, Papacito ajoute une précision : l'immigration est devenue, pour la gauche, une manne financière qui lui permet de vivre, ce au nom de la défense et de la protection, et, pour la droite, une manière d'éviter les examens de conscience, étant donné son degré de putréfaction avancé.
Il y a donc, à droite comme à gauche, des profiteurs de guerre qui, la fleur au fusil mais jamais sur la ligne de front, sollicitent l'immigré pour ne pas avoir à reconnaître qu'ils sont eux-mêmes des assistés. C'est pourquoi Papacito estime que celui qui n'est jamais passé par le travail a une parole dont la force sera toujours, quoi qu'il dise, moindre que celle du travailleur. En cela, je suis entièrement d'accord avec lui car, de par mon expérience encore une fois, je me situe depuis toujours en tant que travailleur avant tout. Commenter l'actualité, écrire, entre autres activités extraprofessionnelles, sont des occupations de mon temps libre, en plus des métiers que j'exerce.
Pour répondre à la question (que faire des Blancs qui sont contre leur propre civilisation), Papacito part du constat d'une culture désormais dysfonctionnelle, revenant à son propos du début : celui du manque de corrélation entre la pensée, les habitudes de vie et le contexte (de travail, de production, de consommation) chez certaines personnes (qui, par exemple, parlent de remigration mais ne sont pas capables d'accomplir elles-mêmes des tâches quotidiennes élémentaires). Ces personnes, selon Papacito, seront balayées d'elles-mêmes, car elles se coupent de leur propre avenir.
La solution est donc dans le travail que nous pouvons accomplir à notre niveau, et qui peut avoir des conséquences massives, non dans le fait de désigner un supplétif de droite d'Emmanuel Macron. Sur ce point, je suis d'accord aussi : le processus électoraliste, à une époque désenchantée, ne doit pas nous dispenser de notre propre action. Rien ne doit le faire, car c'est justement dans l'optique d'une préservation de notre propre marge de manœuvre que nous nous engageons, en plus, par rapport au choix du président le moins à même de contrer notre travail.
Revenus de l'expérience Éric Zemmour et Reconquête avec lucidité, Rougeyron et Papacito devraient, à mon sens, avoir une position plus claire en faveur de l'extrême droite. À leur décharge, la perspective de Jordan Bardella et du Rassemblement national se présente par avance comme un échec, d'autant plus que le reniement de l'extrême droite, à ce stade, va encore plus loin que du temps de Marine Le Pen. Donc je ne veux pas accabler, par mes commentaires, la position de Rougeyron ni celle de Papacito dont, en comparaison, les idées sont relativement proches des miennes. Je fais simplement un travail de mise au point théorique et pratique.
Ce faisant, j'estime que, si l'on écarte Zemmour et les néo-mégrétistes, il faut, en amont, écarter de Gaulle et la Révolution dite française (ainsi que, accessoirement, l'abbé Tanoüarn et tous les profils similaires, maçonniques ou crypto-maçonniques), pour la bonne raison que le marasme politique actuel n'est que la conséquence tardive des principes incohérents dont sont issues les républiques françaises successives. Le problème de cette position est que, bien évidemment, il faudrait écarter aussi Bardella. Mais alors, pour qui voter ? Pour ce qui s'éloigne le moins, malgré tout, de l'extrême droite. Et, en termes de probabilités, c'est encore le RN qui peut l'emporter. Sinon, il ne reste, comme je le dis depuis longtemps, que l'abstention, le vote blanc ou le vote nul.
C'est d'autant plus un problème que, dans une vidéo récente à cette date, j'ai entendu Ploncard d'Assac dire qu'il ne soutiendrait pas le RN non plus, au vu notamment des positions pro-ukrainiennes de l'actuel président de ce parti censé incarner la droite nationale (ou, du moins, ce qu'il en reste et, j'ajoute : censé être du côté de la France avant tout, non du côté de l'Ukraine ou d'un autre pays). Je sais aussi que Rougeyron a brillamment démontré pourquoi la France avait eu tort de soutenir l'Ukraine, et je suis d'accord avec lui sur ce dossier, comme je suis d'accord depuis le début avec l'analyse géopolitique de Ploncard d'Assac, lequel va exactement dans le même sens.
Ceci dit, Nicolas Dupont-Aignan, encore moins que Bardella : pro-Frexit, certes, mais toujours moins à droite, en principe, que le RN, donc potentiellement moins ferme sur les questions d'immigration et de mœurs. Donc je dis : à droite toute, dans l'espoir, aussi ténu soit-il, que la droite redeviendra extrême (si tant est qu'elle l'ait jamais été) et qu'elle prendra le pouvoir en France pour en changer le destin. Même si l'échec demeure la plus forte probabilité, il faut tenter le RN malgré tout car, en termes de radicalité comme de chance de succès, il n'y a pas d'autre choix réaliste possible actuellement.
Revenant sur l'affaire de Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon (j'ai juré que je le désignerais ainsi chaque fois que je parlerais de lui et, comme toujours, je tiens parole), Papacito en fait le bilan : pour lui, dénoncer les contradictions de la gauche est salutaire mais peut, selon les modalités et circonstances, se transformer en spectacle dont se repaît un public indigne des efforts et des risques engagés par celui qui se retrouve mis en avant. Cette réflexion rejoint totalement ce que je disais plus haut sur une partie du public de Rougeyron.
Ceci dit, j'ai trouvé le dialogue entre Pierre-Yves Rougeyron et Papacito du 03/10/23 intéressant dans l'ensemble, car justement davantage axé sur la valorisation réciproque des qualités intellectuelles des deux intervenants. Le calme et la maturité qui émanent de cet échange sont assez remarquables pour être soulignés, même si je ne suis pas forcément d'accord avec toutes les prises de position exposées au fil de l'entretien. Cependant, la qualité de la conversation a retenu mon attention, et j'ai voulu en rendre compte avec l'application dont je m'efforce de faire preuve habituellement dans mes transcriptions, résumés et commentaires.
Le premier sujet abordé est celui de la foi religieuse. Papacito estime que la période actuelle valorise des narratifs médiatiques voire personnels qui, dans certains cas, ont pris le pas sur la réalité : il existe, dans ce qu'il appelle le camp patriote, une tendance à décrire les narratifs médiatiques comme étant décorrélés de la réalité, alors que certains narratifs personnels, au sein de ce camp, peuvent faire l'objet de la même critique. En ce sens, les propos tenus ne sont pas toujours en phase avec les capacités personnelles des interlocuteurs, ce qui apparaît quand est plébiscitée la figure d'un sauveur censé faire le travail à la place des autres.
Ce décalage est compréhensible ainsi : certains militants dénoncent l'inadéquation entre les contenus des médias d'information et les sujets abordés, sans se rendre compte que, en espérant la venue d'un meneur providentiel, ils actent une différence entre les compétences qui leur permettent de développer un regard critique sur la conjoncture, et celles qui devraient les inciter à agir eux-mêmes sur leur environnement politique, via le travail d'émancipation, le travail de rébellion et le travail quotidien. Il faudrait que les grandes idées pour la France s'accompagnent d'actions à proposer.
Dans ce contexte, la foi est ce qui ne laisse aucune excuse : elle est intériorisée, demandant peu d'efforts, sinon celui d'accepter de se détacher du bruit et des stimulations ambiantes pour se retrouver avec soi. Si l'on veut produire des hommes efficients, à même de changer leur civilisation, la civilisation étant définie comme la somme des individualités, les individus de qualité doivent être, en ce sens, animés par une croyance. La France la plus respectable de par son efficience s'est bâtie grâce à des individus qui étaient profondément catholiques.
Rougeyron fait un parallèle entre cette lecture et la perspective développée dans l'œuvre de Georges Bernanos (1888-1948), entendue comme le constat d'une nécessité de faire des hommes libres et aptes à porter la liberté (certains étant condamnés par leur nature, quelle que soit la liberté dont ils bénéficient). Le président du Cercle Aristote a quitté volontairement la religion catholique douze ans auparavant, et parce qu'il n'avait pas les mystères de cette foi, et parce que ses idées nationalistes le mettaient en permanence en porte-à-faux avec l'Église, y compris une partie des traditionnalistes.
Ne voulant pas aller jusqu'au sédévacantisme, il a préféré changer de religion et a trouvé, dans une spiritualité d'Extrême-Orient (le bouddhisme) ce qu'il considère comme un nationalisme appliqué : le culte de la terre et des morts. Il avait vu, en effet, l'épreuve subie par les nationalistes restés catholiques, à qui des sacrements étaient refusés, et s'était juré que jamais un curé ne le traiterait de cette façon pour lui expliquer les droits de l'homme. En comparaison, sa religion actuelle ressemble au culte de ses ancêtres (ressemblance qu'il n'aurait pu trouver dans l'un des polythéismes européens, car ce sont pour lui des religions mortes).
Papacito fait alors le point sur la situation du catholicisme en France : il faut prendre acte de l'état de souffrance de ce dernier, alors que, par exemple, le christianisme orthodoxe se porte bien en Russie, car soutenu par un peuple et par un dirigeant politique fort : Vladimir Poutine. L'universalité du catholicisme est en même temps la force et la faiblesse de cette religion. Il faut distinguer, au sein du catholicisme, l'essence christique, liée aux Évangiles, et certaines défaillances humaines de l'Église catholique (comme le discours honteux du pape François, discours tenu à Marseille le 22 septembre 2023, honteux car politiquement complaisant).
Papacito prend le catholicisme dans son entièreté, religion ayant transfiguré le monde et les civilisations, sorti l'Europe d'une Antiquité décadente pour la hisser dans un Moyen Âge qui, malgré les difficultés que représentaient cette période, a été fondateur pour la France et pour les autres pays ayant bénéficié des fruits de la religion catholique. Pourtant, au départ, Papacito n'avait aucun attachement familial ni affectif le prédisposant à une conversion : il a été touché par le message des Évangiles. Anciennement sédévacantiste, il maintient un discours extrêmement critique à l'encontre du pape François, mais reste dans l'Église pour tenter de l'améliorer de l'intérieur.
Rougeyron cite alors un de ses amis, l'abbé Guillaume de Tanoüarn : "Ce qui manque à l'Église, ce sont de nouveaux croyants". J'ouvre une parenthèse. Tanoüarn fait partie des acteurs de la Nouvelle Droite, tels que décrits par Philippe Ploncard d'Assac dans son ouvrage Enquête sur la Nouvelle Droite et ses compagnons de route. En tant qu'ecclésiastique, Tanoüarn a contribué à la Nouvelle Droite en faisant la promotion de la gnose, ou ésotérisme chrétien, qui est une hérésie. Je ne suis pas catholique mais antimaçonnique et, en tant que tel, je reconnais l'importance du catholicisme dans notre civilisation.
C'est ce qui m'amène à voir la filiation entre la gnose, la franc-maçonnerie et la décadence du catholicisme. Même sans être catholique, il faut souhaiter que le catholicisme se renforce, car l'extrême droite en France en bénéficierait, pour des raisons civilisationnelles qui établissent un rapport entre le fait religieux et le fait politique. Si nous voulons vivre dans un pays en accord avec ce que nous sommes : un peuple français blanc et hétérosexuel, il n'y a pas de place pour la gnose ni pour la franc-maçonnerie qui, via leur promotion de la tolérance, sont des vecteurs de laxisme et de corruption expliquant la pression exercée par les minorités de mœurs sur la majorité silencieuse.
C'est pourquoi il n'y a pas besoin d'être catholique ni d'avoir un mandat ecclésiastique pour dénoncer, condamner la gnose et la franc-maçonnerie : au-delà du problème religieux, c'est une question de choix politique. Ce que Rougeyron et Papacito ne semblent pas voir, c'est la relation de causalité entre un acteur comme Tanoüarn et le fait que notre pays est devenu, avec une caution légale (aussi aberrante soit-elle), gangréné par les mœurs déviantes et par l'immigration. Volontairement ou involontairement, ils participent de la même démarche crypto-maçonnique qu'Henry de Lesquen.
Le problème semble structurel à chaque fois que l'on traite d'organismes comme le Cercle Aristote ou le Carrefour de l'horloge (CDH). Le rapport est pourtant évident, puisque Rougeyron et Papacito eux-mêmes reconnaissent qu'il y a un déclin du catholicisme, ce que ne contredirait pas Lesquen du CDH ; dans le même temps, ils admettent que ce déclin du catholicisme est à mettre en rapport avec celui de la France, puisque, de leur propre acquiescement, il ressort que les fondements qui ont fait la grandeur de notre pays sont à mettre, partiellement du moins, sur le compte du catholicisme.
Politiquement, il y a donc une conséquence dans le fait que Tanoüarn ait contribué à diffuser une hérésie comme la gnose au sein des cercles catholiques français. Tanoüarn n'est évidemment ni le premier ni le seul à avoir opéré en ce sens. Comme le rappelle Ploncard d'Assac, dans la lignée des auteurs critiques à l'encontre de la gnose, avant Jean Vaquié (1911-1992) et Étienne Couvert, il y a eu Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), Dom Guéranger (1805-1875), Charles-Émile Freppel (1827-1891), Emmanuel Barbier (1851-1925), ou encore la Revue Internationale des Sociétés Secrètes. L'ancienneté de la critique confirme celle du sujet.
Or, si l'ancienneté de la gnose en tant qu'hérésie a été réactivée, au fil du temps, pour en arriver à un abbé comme Tanoüarn, c'est parce que cette démarche s'inscrit dans un projet plus vaste, qui remonte au moins à ce qui allait déboucher sur la Révolution dite française de 1789. La Nouvelle Droite n'est qu'un phénomène relativement tardif à ce titre, auquel Tanoüarn, parmi de nombreux autres, a contribué dans sa spécialité : le catholicisme. Il n'explique pas, à lui seul, le discours de tolérance du pape François ni l'immigration en France, mais il apporte des éléments qui permettent de comprendre comment on en est arrivé à ce point.
Le fil rouge du déclin civilisationnel, du moins au niveau français, c'est l'anticatholicisme maçonnique, nourri de gnose et d'infiltration des cercles religieux et politiques d'extrême droite par les promoteurs d'idées favorables aux minorités de mœurs et à l'immigration. La culture gnostique dont s'inspire la franc-maçonnerie est, comme cette dernière, le terreau des minorités de mœurs et de l'immigration, contrairement au catholicisme canonique, lequel, en désaccord avec le discours du pape François, s'accorde avec ce que doit être l'extrême droite : la famille politique garante d'une nation ethniquement homogène, fondée sur l'union traditionnelle entre l'homme et la femme.
Je le répèterai donc à chaque occasion : de toute évidence, Rougeyron est cultivé, intelligent, travailleur, doté d'une expérience politique mais, aussi longtemps qu'il n'aura pas écarté de ses références politiques la Révolution dite française (dont la teneur franc-maçonne est historiquement attestée), le gaullisme (lequel a réhabilité la franc-maçonnerie que le régime pétainiste était arrivé à faire interdire) et la promotion de l'ésotérisme au sein du christianisme (comme avec Tanoüarn qu'il cite parmi ses amis), il restera un patriote au sens républicain du terme, pas un nationaliste au sens réactionnaire du terme, qui est le seul valable à mon sens.
D'ailleurs, c'est surtout pour éviter la confusion entre les droites qu'il faut clairement établir ou rétablir une distinction entre le simple patriotisme (attaché à des frontières), qui relève de la droite, et le nationalisme (attaché non seulement à des frontières, mais avant tout à des principes historiques constitutifs profonds), qui relève de l'extrême droite. En ce sens, et quoi qu'il en dise, Rougeyron n'est pas un nationaliste, du fait qu'il n'est pas d'extrême droite. Même remarque concernant Lesquen du fait de son gaullisme. Ce que d'autres et moi-même faisons à notre niveau se résume à un travail dont le but, aussi difficile à atteindre soit-il, est le retour en force de la Réaction en France.
Ce qui m'interroge chez Rougeyron m'interroge, à plus forte raison, dans son public. Si l'auteur est républicain, ses soutiens sont potentiellement composites, remarque rejoignant le fait, pour un programme politique, de mettre le Frexit en avant, ce qui ne manque pas de soulever, à chaque fois, la même question, laquelle restera entière aussi longtemps que la proposition n'aura pas été actée : le Frexit, pourquoi pas, mais pour quoi faire, et avec qui ? Or, dans les commentaires Youtube ou Facebook des soutiens du Cercle Aristote, je vois non seulement l'expression d'un enthousiasme dénué d'esprit critique, mais aussi, parfois, un niveau qui ne lui fait pas honneur.
Il y a de plus une référence, qui revient mécaniquement, à l'humour de l'auteur. Les propos insistant sur cette dimension ont des accents orwelliens, au sens du roman 1984 de George Orwell (1903-1950), décrivant le sourire, la bonne humeur, comme une nécessité publique impérieuse. Cette dépossession de l'individuel (les émotions qui nous sont propres) par le collectif (lequel, par exemple, insiste sur l'humour comme s'il s'agissait d'un devoir envers les autres) est typique des mécanismes grégaires et grossiers à l'œuvre dans l'idéologie humaniste et fraternelle (d'un grégarisme et d'une grossièreté que confirment, précisément, certains commentaires du public en question).
Je ne veux pas dire par là que les commentaires de soutien reçus par un authentique nationaliste soient nécessairement, en tant que tels, d'un niveau plus élevé, mais que le caractère potentiellement composite du public soutenant le Cercle Aristote rend davantage problématique la vacuité consensuelle de certains retours exprimés : quand on perçoit les limites liturgiques de certains propos (l'adjectif liturgique devant être entendu ici au sens métaphorique de son équivalent profane, celui d'un rite désacralisé) ou, pire, les plaisanteries de bas étage qui semblent avalisées, on se demande s'il n'y a pas, dans le public en question, des libertins, des mafieux, des cyniques, bref : tout ce que la franc-maçonnerie est capable d'exporter de son infection et de sa vulgarité depuis LFI ou la Macronie vers une certaine droite.
Cet écueil n'est pas fondamentalement le fait d'une position souverainiste en tant que telle, ni du travail de qualité, au demeurant, du Cercle Aristote concernant l'étayage dans l'analyse des informations d'actualité ou même, en amont, un niveau philosophique plus profond. L'écueil en question, celui de la trivialité consensuelle et donc anti-intellectuelle d'une partie du public, pose le problème de ce que, de manière imagée, on a coutume d'appeler l'auberge espagnole, soit : une ouverture qui, excessive, se fait au détriment des spécificités politiques, expliquant pourquoi des souverainistes se retrouvent réduits à sympathiser avec des gauchistes, soit encore : la définition même de la république depuis son paradigme révolutionnaire.
Autre contrepartie problématique de l'ouverture au public et du public ouvert : parce que le travail est sensé, il s'impose évidemment aux consciences comme un travail achevé, le chaland n'ayant plus qu'à applaudir, et là commence le spectacle, le cercle vicieux de la sollicitation des punchlines (ou phrases chocs), dont les ancêtres, au niveau français, étaient les Versaillais mondains qui, parce que décadents, étaient crypto-maçonniques et préparaient ainsi le terrain de la Révolution dite française. À défaut de substance, ils avaient en effet les saillies drolatiques forcées, le sens de la répartie érigé en impératif, c'est-à-dire le ridicule (au sens d'un célèbre film comique sorti en 1996).
Cette longue parenthèse de ma part étant faite, les limites des problèmes que soulève, à juste titre, Rougeyron, apparaissent plus clairement : pour en revenir à la vidéo, c'est avec finesse, certes, qu'il montre que l'Église moderne a opéré un glissement sémantique dans sa définition du prochain, passant des personnes se trouvant à côté de nous, préférentiellement dans notre sphère familiale, pour se référer, finalement, à l'Autre (une altérité globale qui me fait dire que l'humanisme planétaire n'est malheureusement pas un phénomène cantonné à Stéphane Hessel (1917-2013) et consorts, mais une idéologie qui, bien que minoritaire, est défendue avec virulence par les dirigeants politiques occidentaux actuels).
Dans ce cas, pourquoi citer Tanoüarn, surtout en précisant qu'il s'agit de l'un de ses amis ? Pourquoi, par ailleurs, avoir accepté que la vidéo de sa conférence chez Lesquen du 09/09/23 commence par la diffusion d'un chant des Templiers ? Parce que Rougeyron ne voit pas, ou feint de ne pas voir, qu'il y a une convergence historique, culturelle et actuelle entre les courants ésotériques (et donc hérétiques) apparus au sein du christianisme (comme les Templiers), l'abbé Tanoüarn qui a fait la promotion de la gnose, et le discours du pape François, dont la tolérance va dans le même sens. Si l'on est passé du proximus à l'Autre, c'est d'abord à cause de la gnose et des francs-maçons, ensuite à cause de la dérive moderne de l'Église, parce que l'Église a été infiltrée.
Pour Papacito, le catholicisme conciliaire est en perte de vitesse ; en France, dans une église conciliaire classique, on trouve de vieilles personnes de souche européenne, et de jeunes personnes de souche subsaharienne. Dans une église traditionnaliste, par exemple lors d'une messe tridentine, on retrouve également des personnes d'origine étrangère, mais aussi et surtout des familles de souche européenne, y compris des familles jeunes. Il y aurait donc deux catholicismes concomitants : celui qui a laissé entrer le monde, et celui qui est resté fidèle à Pie V (1504-1572).
Papacito précise que les traditions sont susceptibles d'évoluer, dans la mesure du raisonnable. Il estime que l'Église actuelle s'est trop ouverte au monde, car au point de sortir de ses dogmes de base. Ce phénomène va de pair avec le fait d'avoir, au fond, mal accueilli une immigration excessive, comme quand on tend un verre d'eau à quelqu'un pour ne lui en laisser boire qu'une gorgée : à cinq heures trente du matin, sur les quais du RER, la couleur de peau de ceux et de celles qui vont travailler est la même que dans les prisons.
Papacito précise que les gens de droite, généralement, ignorent ce point. Pour ma part, je le sais, parce que, dans mon expérience, j'ai eu et j'ai encore l'occasion de me lever à toute heure pour aller travailler, y compris à cinq heures trente du matin. Pourtant je suis blanc. Mais je ne suis pas de droite, car je suis d'extrême droite. Et c'est certainement la raison pour laquelle, dans le fil de ce raisonnement, je connais certaines réalités. Toujours est-il que, pour Papacito, la notion de prochain se retrouvant étendue à l'humanité entière par l'Église ne tient pas, car un individu blanc de souche européenne n'a pas assez de culture commune avec un Érythréen.
Une conception maîtrisée du prochain doit donc se limiter aux individus auxquels nous pouvons nous identifier, et parce que nous les connaissons suffisamment, et parce que les éléments de connaissance dont nous disposons entrent en résonance avec notre propre expérience. Voir l'humanité comme un tout, au sein duquel les individus sont des valises vides, n'est que le résultat d'un abâtardissement typiquement gauchiste. Ceci dit, la proximité maîtrisée, par exemple fondée sur le degré de loyauté, n'est pas toujours une question de couleur de peau, car des affinités ontologiques ou spirituelles entrent également en compte.
Pour Rougeyron, la gauche recherche dans l'immigration un surcroît moral, soit l'équivalent, à son niveau, de ce que sont les ouailles, les saints et les martyres dans une religion, alors qu'une certaine droite, tout en reconnaissant que l'immigration est une catastrophe, légitime l'immigré dans les trois dimensions qu'elle lui reconnaît : la domesticité, le sport et, à la rigueur, le contre-exemple. Cette droite-là ne veut pas, en principe, de l'immigration, mais dépend du balai, du ballon et du sac Uber Eat. D'où cette question profonde : que faire des Blancs qui veulent voir leur propre civilisation disparaître ?
Ma réponse serait : il faut les recycler politiquement, d'abord par une sortie politique, ensuite par une refonte de notre système légal, enfin par un travail éducatif ne laissant, à son issue, que deux possibilités (l'intégration ou la pénalisation). Avant de donner sa réponse, Papacito ajoute une précision : l'immigration est devenue, pour la gauche, une manne financière qui lui permet de vivre, ce au nom de la défense et de la protection, et, pour la droite, une manière d'éviter les examens de conscience, étant donné son degré de putréfaction avancé.
Il y a donc, à droite comme à gauche, des profiteurs de guerre qui, la fleur au fusil mais jamais sur la ligne de front, sollicitent l'immigré pour ne pas avoir à reconnaître qu'ils sont eux-mêmes des assistés. C'est pourquoi Papacito estime que celui qui n'est jamais passé par le travail a une parole dont la force sera toujours, quoi qu'il dise, moindre que celle du travailleur. En cela, je suis entièrement d'accord avec lui car, de par mon expérience encore une fois, je me situe depuis toujours en tant que travailleur avant tout. Commenter l'actualité, écrire, entre autres activités extraprofessionnelles, sont des occupations de mon temps libre, en plus des métiers que j'exerce.
Pour répondre à la question (que faire des Blancs qui sont contre leur propre civilisation), Papacito part du constat d'une culture désormais dysfonctionnelle, revenant à son propos du début : celui du manque de corrélation entre la pensée, les habitudes de vie et le contexte (de travail, de production, de consommation) chez certaines personnes (qui, par exemple, parlent de remigration mais ne sont pas capables d'accomplir elles-mêmes des tâches quotidiennes élémentaires). Ces personnes, selon Papacito, seront balayées d'elles-mêmes, car elles se coupent de leur propre avenir.
La solution est donc dans le travail que nous pouvons accomplir à notre niveau, et qui peut avoir des conséquences massives, non dans le fait de désigner un supplétif de droite d'Emmanuel Macron. Sur ce point, je suis d'accord aussi : le processus électoraliste, à une époque désenchantée, ne doit pas nous dispenser de notre propre action. Rien ne doit le faire, car c'est justement dans l'optique d'une préservation de notre propre marge de manœuvre que nous nous engageons, en plus, par rapport au choix du président le moins à même de contrer notre travail.
Revenus de l'expérience Éric Zemmour et Reconquête avec lucidité, Rougeyron et Papacito devraient, à mon sens, avoir une position plus claire en faveur de l'extrême droite. À leur décharge, la perspective de Jordan Bardella et du Rassemblement national se présente par avance comme un échec, d'autant plus que le reniement de l'extrême droite, à ce stade, va encore plus loin que du temps de Marine Le Pen. Donc je ne veux pas accabler, par mes commentaires, la position de Rougeyron ni celle de Papacito dont, en comparaison, les idées sont relativement proches des miennes. Je fais simplement un travail de mise au point théorique et pratique.
Ce faisant, j'estime que, si l'on écarte Zemmour et les néo-mégrétistes, il faut, en amont, écarter de Gaulle et la Révolution dite française (ainsi que, accessoirement, l'abbé Tanoüarn et tous les profils similaires, maçonniques ou crypto-maçonniques), pour la bonne raison que le marasme politique actuel n'est que la conséquence tardive des principes incohérents dont sont issues les républiques françaises successives. Le problème de cette position est que, bien évidemment, il faudrait écarter aussi Bardella. Mais alors, pour qui voter ? Pour ce qui s'éloigne le moins, malgré tout, de l'extrême droite. Et, en termes de probabilités, c'est encore le RN qui peut l'emporter. Sinon, il ne reste, comme je le dis depuis longtemps, que l'abstention, le vote blanc ou le vote nul.
C'est d'autant plus un problème que, dans une vidéo récente à cette date, j'ai entendu Ploncard d'Assac dire qu'il ne soutiendrait pas le RN non plus, au vu notamment des positions pro-ukrainiennes de l'actuel président de ce parti censé incarner la droite nationale (ou, du moins, ce qu'il en reste et, j'ajoute : censé être du côté de la France avant tout, non du côté de l'Ukraine ou d'un autre pays). Je sais aussi que Rougeyron a brillamment démontré pourquoi la France avait eu tort de soutenir l'Ukraine, et je suis d'accord avec lui sur ce dossier, comme je suis d'accord depuis le début avec l'analyse géopolitique de Ploncard d'Assac, lequel va exactement dans le même sens.
Ceci dit, Nicolas Dupont-Aignan, encore moins que Bardella : pro-Frexit, certes, mais toujours moins à droite, en principe, que le RN, donc potentiellement moins ferme sur les questions d'immigration et de mœurs. Donc je dis : à droite toute, dans l'espoir, aussi ténu soit-il, que la droite redeviendra extrême (si tant est qu'elle l'ait jamais été) et qu'elle prendra le pouvoir en France pour en changer le destin. Même si l'échec demeure la plus forte probabilité, il faut tenter le RN malgré tout car, en termes de radicalité comme de chance de succès, il n'y a pas d'autre choix réaliste possible actuellement.
Revenant sur l'affaire de Jean-Luc Mélenchon le franc-maçon (j'ai juré que je le désignerais ainsi chaque fois que je parlerais de lui et, comme toujours, je tiens parole), Papacito en fait le bilan : pour lui, dénoncer les contradictions de la gauche est salutaire mais peut, selon les modalités et circonstances, se transformer en spectacle dont se repaît un public indigne des efforts et des risques engagés par celui qui se retrouve mis en avant. Cette réflexion rejoint totalement ce que je disais plus haut sur une partie du public de Rougeyron.