Ce sujet permet de développer les idées présentées dans un fil précédent, à propos du séminaire de l'anti-Davos, ayant eu lieu à Londres entre le 30/10/23 et le 01/11/23, organisé par l'ARC (Alliance for Responsible Citizenship). Le principe est de permettre à des conservateurs du monde entier, ayant réussi dans leur domaine de compétence (financier, scientifique ou autre), d'échanger autour d'une vision partagée du capitalisme, à la fois souverainiste sur le plan politique et libérale classique sur le plan économique. Fait remarquable, les solutions proposées par les intervenants ont été expérimentées avec succès à leur niveau.
En tant que nationaliste, je pense qu'être souverainiste n'est pas suffisant, cependant il est quand même préférable, y compris quand on est d'extrême droite comme moi et d'autres, de voir de telles initiatives se concrétiser. C'est déjà un pas vers ce que l'on souhaite. Les exigences de radicalité viennent de l'idée selon laquelle une politique de défense des intérêts nationaux ne peut réussir, in fine, que si l'on restaure les principes constitutifs de ce qu'étaient les nations au temps où elles se sont faites et ont prospéré. Ce temps était celui de l'Ancien Régime, et il ne suffit pas d'avoir un roi pour y retourner. Il faut, entre autres, des structures corporatives, une religion tutélaire et, d'une manière générale, s'assurer d'œuvrer pour les intérêts de notre peuple. C'est notamment la position promue par les Cercles nationalistes français.
En plus de l'unité du territoire, de la langue, de la culture, de l'histoire et de la monnaie, il faut garder à l'esprit une notion plus essentielle encore. Une nation, c'est un peuple uni par les mêmes principes. Le nationalisme est la doctrine accordant priorité à la nation. Les intervenants qui se présentent simplement comme souverainistes ou patriotes, ou dont la définition du nationalisme se réfère à la Révolution française voire au gaullisme, ceux-là en restent, qu'ils le veuillent ou non, à des questions de territorialité, ou à une définition floue du libéralisme, laquelle ne fait pas suffisamment la part entre deux nécessités qu'il s'agit d'équilibrer : le libre-échange et le protectionnisme.
De plus, imposer de nouveau le modèle civilisationnel qui a fait notre force implique non seulement le cadre de la famille traditionnelle, mais aussi d'en finir clairement avec les politiques de tolérance et d'ouverture. Or, ce n'est pas forcément l'impression que donne ce séminaire vu de l'extérieur, dont, comme je l'ai expliqué dans le sujet précédent, le profil de certains intervenants interroge. Pouvoir se dire conservateur (ou, à plus forte raison, ultra-conservateur) n'est pas donné à n'importe qui. Autrement dit, être nationaliste, c'est rester conscient que, les principes étant exclusifs, un pays qui est le nôtre n'est pas fait pour tout le monde. Il faut donc être discriminatoire. Et je ne suis pas convaincu, a priori, que l'ARC soit une organisation suffisamment discriminatoire pour mériter d'être qualifiée de nationaliste.
Au demeurant, ce n'est pas non plus son objectif. C'est l'éternelle question qui sépare le souverainisme du nationalisme. Je prends le soin de le rappeler à chaque sujet, car la confusion dans les esprits a été préjudiciable à l'éventualité d'un retour des nationalistes au pouvoir en France et ailleurs. Il est également important de prendre en considération le fait que, politiquement et économiquement, les souverainistes sont néanmoins proches des nationalistes. Clarifier les notions est un premier point. Prendre en compte les arguments à décharge en est un deuxième. Parmi ces arguments, il faut garder en vue le fait que les souverainistes sont la cible des centristes, des gauchistes, des wokistes, des antifascistes, au même titre que nous, les nationalistes. Entre souverainistes et nationalistes, il y a certes des différences importantes, mais nous avons aussi des ennemis communs, et disposons, de ce fait, d'éléments exploitables en vue d'alliances objectives.
Tel est le contexte nécessaire à l'introduction de mon compte rendu, ici même, de cet entretien entre Charles Gave et sa fille Emmanuelle Gave, qui se disent galvanisés après ces trois jours passés à Londres. Si j'avais assisté à l'événement, je n'aurais sans doute pas eu la même impression qu'eux, bien que parlant anglais couramment : j'aurais trouvé les interventions intéressantes, mais pas assez radicales. C'est en tout cas ce qu'il ressort de mon analyse des propos de la vidéo, et je vais donc m'efforcer d'expliquer en quoi les idées retenues sont pertinentes d'un point de vue nationaliste, tout en continuant à émettre des réserves face à des initiatives qui ne vont pas encore assez loin dans ce sens, pour peu qu'un changement de paradigme en faveur de l'extrême droite soit le résultat voulu (et, soyons clairs encore une fois : si d'autres et moi-même sommes d'extrême droite, l'ARC et les Gave ne l'étant pas, il faut montrer en quoi, objectivement, cette différence présente un intérêt sur le plan politique et économique).
Les intervenants du séminaire ont donné leur point de vue sur la souveraineté, la notion d'individu et ce que doit faire un homme de valeur, en 2023 et à l'horizon des années suivantes, pour essayer de renverser le mouvement de décadence de l'Occident. D'où l'anti-Davos, qui devrait dorénavant avoir lieu chaque année. Peu de Français ont assisté à l'événement. Le cadre est décrit comme somptueux et luxueux. Gave revient sur le parcours du financier Paul Marshall, l'un des principaux intervenants, catholique engagé, dont le but initial, à travers l'ARC, est de réveiller l'intelligence des conservateurs du monde anglophone. Charles Gave a retenu cet aspect en particulier, trouvant que, jusqu'à présent, les intérêts nationaux (représentés par ceux que Gave appelle, pour faire image, les "hommes des arbres") n'avaient pas toujours de défenseurs à leur hauteur, alors que, majoritairement, les conservateurs intelligents rejoignaient, malheureusement, les mondialistes (représentés par ceux que Gave appelle, toujours pour faire image, les "hommes des bateaux").
Edmund Burke (1729-1797) disait : "Rien de mal ne peut arriver à un pays si les hommes d’honneur se lèvent aux moments importants pour donner leur avis". L'objectif de Marshall et des autres membres de l'anti-Davos est de favoriser l'émergence d'une classe d'acteurs politiques et économiques extrêmement compétents et légitimes dans leur domaine, pour sauver les nations, ayant intégré l'idée selon laquelle les solutions ne peuvent être portées que par les forces nationales. Ce mouvement passe, entre autres, par l'éducation, avec Katharine Birbalsingh, attachée à montrer que le multiculturalisme peut s'avérer viable, à condition que l'éducation donnée et reçue s'appuie sur le même modèle juridique, dans un pays où les règles de droit sont suffisamment fortes. Ma réflexion concernant le multiculturalisme, avant que je ne me déclare ouvertement d'extrême droite, ne rejetait pas le principe du multiculturalisme dans son ensemble, ce qui se comprend, rétrospectivement, par le fait que je vois encore, par exemple, les minorités arabo-musulmanes en France comme des ensembles d'alliés potentiels contre les minorités de mœurs.
Aujourd'hui, sans forcément revenir sur ma position concernant le multiculturalisme, je situe plutôt cette position dans une alternative où, de toute façon, les cultures autres que blanches, francophones et d'origine indo-européenne (de préférence latine ou germanique), les cultures autres, donc, que celle des Français de sang (que l'on peut nommer, aussi, Français de souche), les cultures d'immigration récente, en bref, pourraient garder, en théorie, une présence sur le sol français, mais à deux conditions : premièrement, que leurs membres prouvent, par leur travail, leur utilité au regard des intérêts économiques nationaux ; deuxièmement, que ces minorités restent toujours des minorités (ce qui suppose la fin du regroupement familial, excluant également le droit du sol, au prix, s'il le faut, d'un programme de remigration). Le plaidoyer des Gave en faveur de Birbalsingh manque de précisions : il faudrait connaître le point de vue de cette enseignante sur les deux conditions énoncées à l'instant. Si la question ne se pose pas chez elle en termes d'identité, de majorité, de minorité, on peut la soupçonner d'être encore trop proche de l'agenda de tolérance. Être conservateur, oui ; encore faut-il le démontrer spécifiquement.
Parlant anglais couramment, j'ai visionné son intervention en différé : elle a le mérite de mettre en avant l'idée d'unité nationale et, contrairement à l'école française actuelle, d'écarter la promotion des minorités de mœurs ; cependant, le fait qu'elle admette que, dans un même pays, il puisse exister non seulement des races différentes mais aussi des religions différentes, pose la question de ce que donnerait son programme, en France, dans l'éventualité d'un retour du catholicisme en tant que religion tutélaire. Il faudrait, déjà, que le catholicisme redevienne une religion conservatrice sur le plan des mœurs et plus généralement. Ensuite, à supposer qu'il y ait des cultes différents (dont le protestantisme, le judaïsme, l'islam ou le paganisme), ainsi que des athées et des agnostiques, il faudrait aussi, comme pour la question majoritaire-minoritaire formulée plus haut, inscrire le catholicisme dans le droit français en tant que religion de référence pour notre pays. De facto, les autres positionnements seraient désignés comme d'ordre secondaire, et le multiculturalisme résiduel pourrait ainsi contribuer à une même vision de la France. Dans cette optique, pourquoi pas ? Il faut bien reconnaître que, si les enseignants français étaient tous comme Birbalsingh, l'éducation en France se porterait mieux. Mon diagnostic à ce stade : ce serait déjà, effectivement, un pas dans le sens que nous, nationalistes, souhaitons.
C'est d'autant plus vrai que les Gave évoquent l'importance qu'il y aurait à revenir, dès l'école, à l'évocation des grandes figures historiques de la France, à commencer par le règne de Clovis (466-511). Ils enchaînent avec les autres participants du séminaire, dont, outre Paul Marshall déjà cité plus haut (et l'importance qu'il prend de plus en plus dans la finance et dans les médias conservateurs en Angleterre), d'autres noms célèbres, tels que celui du psychologue Jordan Peterson, encore peu traduit en français (suite à un différend dû à une interview-piège réalisée par un journaliste socialiste français, encore un sale jeune de gauche, l'un des procédés méprisables de la racaille fraternelle étant d'essayer de mettre les gens en porte-à-faux, car il serait insupportable pour les représentants de cette racaille fraternelle de devoir valoriser un individu tel que Peterson qui, en comparaison de leur cas, témoigne d'une supériorité évidente, intellectuellement et à tout point de vue). À titre indicatif, quand Peterson va en Lettonie, on lui loue un stade.
Le thème du séminaire étant le déclin de l'ouest et comment y résister, un constat s'impose : nous vivons dans l'idée d'un passé glorieux, alors que notre présent se heurte à la faiblesse et à l'outrance des politiques actuelles. Face à ce constat, la réponse consistant à dire que d'autres parties du monde s'en sortent bien n'est pas suffisante. C'est, d'ailleurs, en appliquant les anciennes recettes occidentales que l'Inde et la Chine sont en train de sortir de la pauvreté. Pendant ce temps, on essaie encore de nous vendre le concept des citoyens du monde et de l'universalisme planétaire, dans la lignée de Klaus Schwab, fondateur de ce qui allait devenir le Forum économique mondial.
Le problème est que les racines kantiennes du globalisme, dont l'inspiration remonte jusqu'à Alexandre le Grand, sont le pendant de la subsidiarité : il devient impossible de maintenir la subsidiarité, si le monde est entre les mains de dirigeants qui présentent le globalisme comme la seule voie. Qui plus est, il n'y a pas, en définitive, de différence de nature entre le globalisme d'un Jacques Attali aujourd'hui et celui des communistes avant lui, dans la mesure où l'un comme l'autre décrètent que toutes les décisions partent du sommet et lui reviennent, ce qui est tout le contraire de la démarche civilisationnelle chrétienne, empirique, ayant fait ses preuves au fil des siècles.
La souveraineté des nations se pose alors, via les lois nationales, comme le socle des libertés individuelles. Le seul endroit où un individu peut être libre est la nation à laquelle il appartient et dont il accepte les lois. L'ordre cohérent est donc : la maison d'abord, la ville ensuite, le monde enfin. Et j'ajoute, en accord avec ce qui précède : avant le monde, la nation surtout. Le point de départ est l'importance accordée à la famille. En remettant en cause le rôle de l'homme et de la femme, c'est la famille que les globalistes remettent en cause. Les forces qui ont cherché à détruire la famille ont commencé par se servir des moyens de contraception, car ceux qui gouvernent au sommet ne veulent pas de forces organisées à la base.
Michel Onfray, qui n'en est pas à une incohérence près (comme le rappellent par ailleurs, à juste titre, certains commentateurs de la vidéo où les Gave citent ses propos), ne voit pas que le lien entre le Christ, la foi et les structures de l'Église est un élément culturel fondamental pour l'Occident. Concernant Onfray, je n'oublierai jamais, au passage, son engagement pro-vaccinal, un aveu de lâcheté d'autant plus grand qu'il est sorti comme une éructation au terme de milliers de pages de livres et d'heures d'interviews, que je qualifierais parfois d'une virulence mécanique (bien qu'assez plate dans l'ensemble, conceptuellement parlant) ; n'est-ce pas là, en effet, l'exemple éloquent d'une prise de position favorable aux décisions émanant du sommet, ce au détriment de la liberté de la base ?
Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) disait : "Quand les gens cessent de croire en Dieu ce n'est pas pour croire en rien, c'est pour croire en n'importe quoi". Arrivés à ce stade, les politiques essaient d'agiter des peurs. C'est là qu'ils utilisent le malthusianisme. Fait qui peut sembler étonnant, mais qui est également cohérent au bout du compte : bien qu'étant moi-même malthusien (par individualisme, et parce que ma vie est trop compliquée, sur le plan matériel et financier, pour envisager de fonder une famille, raison pour laquelle j'ai toujours trouvé des femmes soit qui ne voulaient pas d'enfants, soit qui en avaient déjà), je donne raison aux Gave, sur le plan politique et économique, quand ils dénoncent l'exploitation que font les mondialistes des thèses malthusiennes ; contrairement à d'autres et à moi-même qui sommes sincères dans nos références à Thomas Malthus (1766-1834), il est évident que, aux yeux de nos ennemis, c'est-à-dire les partisans des minorités de mœurs et de l'écologie punitive, le malthusianisme n'est qu'un instrument mobilisé (d'ailleurs vainement) pour susciter des frayeurs collectives.
Dans une vidéo datant du 07/10/12, et qui a fait l'objet de plusieurs publications depuis, je montre que l'acte écologique le plus radical consiste à ne pas faire d'enfant (précédemment, dans une vidéo du 02/09/12, j'avais insisté sur l'importance de la responsabilité individuelle face aux enjeux démographiques). Ayant assisté, depuis lors, à l'émergence hypertrophiée de l'écologisme punitif, je ne mets plus l'écologie en avant dans mon discours, pour éviter toute assimilation avec des ennemis politiques. Car, bien que misanthrope à titre personnel, je n'ai jamais été partisan de l'écologisme punitif, bien au contraire. Ma réflexion, qui est passée par la mise en exergue de l'écologie à un moment donné, préfigure en fait la valorisation de plus en plus explicite de mon positionnement ultra-conservateur, et c'est en ce sens, dès lors, qu'il convient d'intégrer cette réflexion. Ceci étant, si les Gave ou d'autres économistes présentent des arguments susceptibles d'appuyer une corrélation entre croissance démographique et, in fine, amélioration de la qualité de vie individuelle via la croissance économique suscitée, je n'exclue pas cette approche. En tout cas, si les souverainistes sont favorables à une réappropriation locale de l'économie, en tant que nationaliste, à plus forte raison, je le suis aussi.
Concernant le rapport entre les choix faits par les parents et la fiscalité par ailleurs, la conséquence d'un raisonnement d'extrême droite qui irait au bout de sa logique, ce que je préconise, rejoint celle du souverainisme (selon la volonté de garder la même fiscalité quel que soit le statut de la femme : au foyer, au travail ou entre les deux), tout en allant plus loin, car proposant de traiter le problème de la condition des plus démunis, non par des aides, mais par l'accès à la formation et au travail. C'est ce que j'appelle le conservatisme intégral, ou l'extrême droite pure. Le but ? Responsabiliser au maximum les individus, dans le cadre d'un État d'autant plus fort que réduit à ses seules fonctions régaliennes (armée, police, justice), et donc dans le cadre d'une nation d'autant plus forte que tenue par un régime non seulement nationaliste, mais aussi national-capitaliste, c'est-à-dire d'un nationalisme dont l'économie de marché défendrait les intérêts nationaux, dans une convergence parfaite entre le nationalisme et l'ultra-capitalisme (sur la base du libéralisme classique, lequel peut se définir comme un conservatisme). On voit la différence de nature entre le profil des Gave, de Birbalsingh et de l'ARC en général, plus chaleureux et plus empathique, et le modèle que je théorise et que je souhaite voir mis en pratique, plus pragmatique et plus sombre. De ce point de vue, je pense même aller plus loin que Vichy. Et encore, je ne dis pas tout. Mais je sais que l'humain moyen n'est pas encore prêt pour prendre ce risque vertigineux que représenterait, pour lui, l'extrême droite à l'état pur. Il lui faut un déclic.
Le principal argument des Gave pour continuer à appuyer la corrélation entre croissance démographique, croissance économique et amélioration de la qualité de vie, se traduit par leur confiance en la capacité d'innovation infinie de l'esprit. Par exemple, il se peut que l'évolution de notre maîtrise du nucléaire en arrive à un point tel que, un jour, l'énergie sera abondante et gratuite, et que l'or lui-même ne vaudra plus rien, car nous serons capables d'en produire en grandes quantités grâce à nos capacités énergétiques. Je ne dis pas que c'est impossible, mais je demande à voir. Il faudrait peut-être, pour cela, arrêter de fermer des centrales. Sur ce point, je pense que nous sommes d'accord.
Il est vrai aussi que l'industrie des mauvaises nouvelles, annonçant tantôt le chaud, tantôt le froid, tantôt les inondations, travaille pour les mondialistes, et que la volonté de punir les populations en commençant par essayer de leur faire peur n'est pas une approche productive. Ce seul défaut d'intelligence économique, consistant à remplacer par un discours moralisant les solutions techniques attendues, montre que le soutien apporté par les politiques à une recherche scientifique utile n'est pas à la hauteur des enjeux. Ce point justifie les tendances constatées, au sein de l'opinion publique, en faveur du climato-scepticisme, de l'anti-vaccination et, plus généralement, d'une ambiance de rupture entre les élus et les populations, du fait d'une conscience du carriérisme postmoderne dont les effets, chez un Macron, une von der Leyen, un Biden ou un Zelensky, sont de plus en plus flagrants et difficiles à contester. Dès lors que le sommet qui prend les décisions se résume à des connivences entre arrivistes, la base a raison de ne plus faire confiance aux élus ni aux laboratoires.
Un autre argument des Gave consiste à dire que plus la croissance de la population est importante, plus le marché est large et plus les compétences d'innovation peuvent se spécialiser. Cet argument est comparable au séminaire de l'anti-Davos, auquel participaient des intervenants du monde entier, parlant des langues différentes. Chaque langue ayant sa propre logique de pensée, le fait de penser dans une langue donnée permet d'avoir des idées que les autres n'ont pas, et les échanges sont d'autant plus riches que la probabilité de trouver des solutions aux problèmes soulevés tient aussi au nombre des participants, ce qui donne, de fait, un exemple de coopération internationale mutuellement bénéfique dans un monde où les avancées réalisées viabiliseraient, en quelque sorte, une croissance prolongée. Ainsi, le multiculturalisme se légitime au niveau international, approche compatible avec le souverainisme et même le nationalisme. En effet, aussi extrême que l'on puisse être politiquement et économiquement (et là je parle personnellement, non en résumant Gave), quand on pense d'abord à son propre pays, on n'est pas animé par la volonté d'imposer sa culture aux autres pays.
Parmi les intervenants du séminaire, Michael Shellenberger est l'auteur d'ouvrages qui défont objectivement les discours alarmistes sur le climat et la déforestation, dénonçant l'histrionisme des politiques se prononçant sur des domaines dans lesquels ils n'ont aucune compétence. Jordan Peterson ajoutait que cette propension des élus à tenir des propos culpabilisateurs avait des effets démotivants, pour le moins, sur les jeunes générations, incitées de ce fait à adopter des comportements irrationnels. Enfin, seul un marché libre peut créer l'abondance, le problème soulevé par Joseph Schumpeter (1883-1950) étant que le développement d'un marché donné entraîne son institutionnalisation : les monopoles comme les GAFAM ne sont possibles qu'avec l'aide de l'État, lequel peut transformer un profit en rente. L'inverse s'observe également, quand on voit les quatre milliards d'euros versés par Pfizer à la Commission européenne, ou le fait que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est à 40 % financée par Bill Gates. Les trois ennemis de la prospérité occidentale sont donc le capitalisme monopolistique, le capitalisme de connivence et le capitalisme woke. Ce sont, pour résister au déclin de l'ouest, les trois principaux ennemis qu'il faut combattre, en se posant, comme l'a fait Gave, une question essentielle : d'où vient la monnaie et qui la contrôle ?
C'est pourquoi les partisans du forum de Davos, conscients des mécanismes à l'œuvre, essaient de discréditer les tentatives de retour au capitalisme classique (ou conservatisme), en qualifiant improprement de libéralisme le capitalisme de connivence qu'ils ont créé. J'ajoute qu'en essayant d'étouffer le libéralisme classique, les partisans de Davos essaient aussi d'évacuer le nationalisme du champ politique, ce qui prouve encore deux points : premièrement, le capitalisme de connivence (que l'on peut aussi appeler néolibéralisme) est, comme je l'ai déjà dit dans d'autres sujets, un cheval de Troie du socialisme planétaire ; deuxièmement, le capitalisme classique et le nationalisme sont compatibles. J'en reviens à mon idée de départ : pourquoi faire les choses à moitié, et n'être que souverainiste ? Un nationalisme dur serait la meilleure garantie de succès pour arriver à appliquer les solutions que Gave préconise (fermer les banques centrales, échanger produits contre produits, non produits contre dette) et, surtout, pour un retour en force du libéralisme économique, conservatiste et conservateur, tel que défini par les auteurs classiques, dans la mesure où notre marché performant serait encadré, non par un État trop présent, mais par les principes traditionnels qui ont donné à notre pays son identité profonde, sa force et sa pérennité.
En tant que nationaliste, je pense qu'être souverainiste n'est pas suffisant, cependant il est quand même préférable, y compris quand on est d'extrême droite comme moi et d'autres, de voir de telles initiatives se concrétiser. C'est déjà un pas vers ce que l'on souhaite. Les exigences de radicalité viennent de l'idée selon laquelle une politique de défense des intérêts nationaux ne peut réussir, in fine, que si l'on restaure les principes constitutifs de ce qu'étaient les nations au temps où elles se sont faites et ont prospéré. Ce temps était celui de l'Ancien Régime, et il ne suffit pas d'avoir un roi pour y retourner. Il faut, entre autres, des structures corporatives, une religion tutélaire et, d'une manière générale, s'assurer d'œuvrer pour les intérêts de notre peuple. C'est notamment la position promue par les Cercles nationalistes français.
En plus de l'unité du territoire, de la langue, de la culture, de l'histoire et de la monnaie, il faut garder à l'esprit une notion plus essentielle encore. Une nation, c'est un peuple uni par les mêmes principes. Le nationalisme est la doctrine accordant priorité à la nation. Les intervenants qui se présentent simplement comme souverainistes ou patriotes, ou dont la définition du nationalisme se réfère à la Révolution française voire au gaullisme, ceux-là en restent, qu'ils le veuillent ou non, à des questions de territorialité, ou à une définition floue du libéralisme, laquelle ne fait pas suffisamment la part entre deux nécessités qu'il s'agit d'équilibrer : le libre-échange et le protectionnisme.
De plus, imposer de nouveau le modèle civilisationnel qui a fait notre force implique non seulement le cadre de la famille traditionnelle, mais aussi d'en finir clairement avec les politiques de tolérance et d'ouverture. Or, ce n'est pas forcément l'impression que donne ce séminaire vu de l'extérieur, dont, comme je l'ai expliqué dans le sujet précédent, le profil de certains intervenants interroge. Pouvoir se dire conservateur (ou, à plus forte raison, ultra-conservateur) n'est pas donné à n'importe qui. Autrement dit, être nationaliste, c'est rester conscient que, les principes étant exclusifs, un pays qui est le nôtre n'est pas fait pour tout le monde. Il faut donc être discriminatoire. Et je ne suis pas convaincu, a priori, que l'ARC soit une organisation suffisamment discriminatoire pour mériter d'être qualifiée de nationaliste.
Au demeurant, ce n'est pas non plus son objectif. C'est l'éternelle question qui sépare le souverainisme du nationalisme. Je prends le soin de le rappeler à chaque sujet, car la confusion dans les esprits a été préjudiciable à l'éventualité d'un retour des nationalistes au pouvoir en France et ailleurs. Il est également important de prendre en considération le fait que, politiquement et économiquement, les souverainistes sont néanmoins proches des nationalistes. Clarifier les notions est un premier point. Prendre en compte les arguments à décharge en est un deuxième. Parmi ces arguments, il faut garder en vue le fait que les souverainistes sont la cible des centristes, des gauchistes, des wokistes, des antifascistes, au même titre que nous, les nationalistes. Entre souverainistes et nationalistes, il y a certes des différences importantes, mais nous avons aussi des ennemis communs, et disposons, de ce fait, d'éléments exploitables en vue d'alliances objectives.
Tel est le contexte nécessaire à l'introduction de mon compte rendu, ici même, de cet entretien entre Charles Gave et sa fille Emmanuelle Gave, qui se disent galvanisés après ces trois jours passés à Londres. Si j'avais assisté à l'événement, je n'aurais sans doute pas eu la même impression qu'eux, bien que parlant anglais couramment : j'aurais trouvé les interventions intéressantes, mais pas assez radicales. C'est en tout cas ce qu'il ressort de mon analyse des propos de la vidéo, et je vais donc m'efforcer d'expliquer en quoi les idées retenues sont pertinentes d'un point de vue nationaliste, tout en continuant à émettre des réserves face à des initiatives qui ne vont pas encore assez loin dans ce sens, pour peu qu'un changement de paradigme en faveur de l'extrême droite soit le résultat voulu (et, soyons clairs encore une fois : si d'autres et moi-même sommes d'extrême droite, l'ARC et les Gave ne l'étant pas, il faut montrer en quoi, objectivement, cette différence présente un intérêt sur le plan politique et économique).
Les intervenants du séminaire ont donné leur point de vue sur la souveraineté, la notion d'individu et ce que doit faire un homme de valeur, en 2023 et à l'horizon des années suivantes, pour essayer de renverser le mouvement de décadence de l'Occident. D'où l'anti-Davos, qui devrait dorénavant avoir lieu chaque année. Peu de Français ont assisté à l'événement. Le cadre est décrit comme somptueux et luxueux. Gave revient sur le parcours du financier Paul Marshall, l'un des principaux intervenants, catholique engagé, dont le but initial, à travers l'ARC, est de réveiller l'intelligence des conservateurs du monde anglophone. Charles Gave a retenu cet aspect en particulier, trouvant que, jusqu'à présent, les intérêts nationaux (représentés par ceux que Gave appelle, pour faire image, les "hommes des arbres") n'avaient pas toujours de défenseurs à leur hauteur, alors que, majoritairement, les conservateurs intelligents rejoignaient, malheureusement, les mondialistes (représentés par ceux que Gave appelle, toujours pour faire image, les "hommes des bateaux").
Edmund Burke (1729-1797) disait : "Rien de mal ne peut arriver à un pays si les hommes d’honneur se lèvent aux moments importants pour donner leur avis". L'objectif de Marshall et des autres membres de l'anti-Davos est de favoriser l'émergence d'une classe d'acteurs politiques et économiques extrêmement compétents et légitimes dans leur domaine, pour sauver les nations, ayant intégré l'idée selon laquelle les solutions ne peuvent être portées que par les forces nationales. Ce mouvement passe, entre autres, par l'éducation, avec Katharine Birbalsingh, attachée à montrer que le multiculturalisme peut s'avérer viable, à condition que l'éducation donnée et reçue s'appuie sur le même modèle juridique, dans un pays où les règles de droit sont suffisamment fortes. Ma réflexion concernant le multiculturalisme, avant que je ne me déclare ouvertement d'extrême droite, ne rejetait pas le principe du multiculturalisme dans son ensemble, ce qui se comprend, rétrospectivement, par le fait que je vois encore, par exemple, les minorités arabo-musulmanes en France comme des ensembles d'alliés potentiels contre les minorités de mœurs.
Aujourd'hui, sans forcément revenir sur ma position concernant le multiculturalisme, je situe plutôt cette position dans une alternative où, de toute façon, les cultures autres que blanches, francophones et d'origine indo-européenne (de préférence latine ou germanique), les cultures autres, donc, que celle des Français de sang (que l'on peut nommer, aussi, Français de souche), les cultures d'immigration récente, en bref, pourraient garder, en théorie, une présence sur le sol français, mais à deux conditions : premièrement, que leurs membres prouvent, par leur travail, leur utilité au regard des intérêts économiques nationaux ; deuxièmement, que ces minorités restent toujours des minorités (ce qui suppose la fin du regroupement familial, excluant également le droit du sol, au prix, s'il le faut, d'un programme de remigration). Le plaidoyer des Gave en faveur de Birbalsingh manque de précisions : il faudrait connaître le point de vue de cette enseignante sur les deux conditions énoncées à l'instant. Si la question ne se pose pas chez elle en termes d'identité, de majorité, de minorité, on peut la soupçonner d'être encore trop proche de l'agenda de tolérance. Être conservateur, oui ; encore faut-il le démontrer spécifiquement.
Parlant anglais couramment, j'ai visionné son intervention en différé : elle a le mérite de mettre en avant l'idée d'unité nationale et, contrairement à l'école française actuelle, d'écarter la promotion des minorités de mœurs ; cependant, le fait qu'elle admette que, dans un même pays, il puisse exister non seulement des races différentes mais aussi des religions différentes, pose la question de ce que donnerait son programme, en France, dans l'éventualité d'un retour du catholicisme en tant que religion tutélaire. Il faudrait, déjà, que le catholicisme redevienne une religion conservatrice sur le plan des mœurs et plus généralement. Ensuite, à supposer qu'il y ait des cultes différents (dont le protestantisme, le judaïsme, l'islam ou le paganisme), ainsi que des athées et des agnostiques, il faudrait aussi, comme pour la question majoritaire-minoritaire formulée plus haut, inscrire le catholicisme dans le droit français en tant que religion de référence pour notre pays. De facto, les autres positionnements seraient désignés comme d'ordre secondaire, et le multiculturalisme résiduel pourrait ainsi contribuer à une même vision de la France. Dans cette optique, pourquoi pas ? Il faut bien reconnaître que, si les enseignants français étaient tous comme Birbalsingh, l'éducation en France se porterait mieux. Mon diagnostic à ce stade : ce serait déjà, effectivement, un pas dans le sens que nous, nationalistes, souhaitons.
C'est d'autant plus vrai que les Gave évoquent l'importance qu'il y aurait à revenir, dès l'école, à l'évocation des grandes figures historiques de la France, à commencer par le règne de Clovis (466-511). Ils enchaînent avec les autres participants du séminaire, dont, outre Paul Marshall déjà cité plus haut (et l'importance qu'il prend de plus en plus dans la finance et dans les médias conservateurs en Angleterre), d'autres noms célèbres, tels que celui du psychologue Jordan Peterson, encore peu traduit en français (suite à un différend dû à une interview-piège réalisée par un journaliste socialiste français, encore un sale jeune de gauche, l'un des procédés méprisables de la racaille fraternelle étant d'essayer de mettre les gens en porte-à-faux, car il serait insupportable pour les représentants de cette racaille fraternelle de devoir valoriser un individu tel que Peterson qui, en comparaison de leur cas, témoigne d'une supériorité évidente, intellectuellement et à tout point de vue). À titre indicatif, quand Peterson va en Lettonie, on lui loue un stade.
Le thème du séminaire étant le déclin de l'ouest et comment y résister, un constat s'impose : nous vivons dans l'idée d'un passé glorieux, alors que notre présent se heurte à la faiblesse et à l'outrance des politiques actuelles. Face à ce constat, la réponse consistant à dire que d'autres parties du monde s'en sortent bien n'est pas suffisante. C'est, d'ailleurs, en appliquant les anciennes recettes occidentales que l'Inde et la Chine sont en train de sortir de la pauvreté. Pendant ce temps, on essaie encore de nous vendre le concept des citoyens du monde et de l'universalisme planétaire, dans la lignée de Klaus Schwab, fondateur de ce qui allait devenir le Forum économique mondial.
Le problème est que les racines kantiennes du globalisme, dont l'inspiration remonte jusqu'à Alexandre le Grand, sont le pendant de la subsidiarité : il devient impossible de maintenir la subsidiarité, si le monde est entre les mains de dirigeants qui présentent le globalisme comme la seule voie. Qui plus est, il n'y a pas, en définitive, de différence de nature entre le globalisme d'un Jacques Attali aujourd'hui et celui des communistes avant lui, dans la mesure où l'un comme l'autre décrètent que toutes les décisions partent du sommet et lui reviennent, ce qui est tout le contraire de la démarche civilisationnelle chrétienne, empirique, ayant fait ses preuves au fil des siècles.
La souveraineté des nations se pose alors, via les lois nationales, comme le socle des libertés individuelles. Le seul endroit où un individu peut être libre est la nation à laquelle il appartient et dont il accepte les lois. L'ordre cohérent est donc : la maison d'abord, la ville ensuite, le monde enfin. Et j'ajoute, en accord avec ce qui précède : avant le monde, la nation surtout. Le point de départ est l'importance accordée à la famille. En remettant en cause le rôle de l'homme et de la femme, c'est la famille que les globalistes remettent en cause. Les forces qui ont cherché à détruire la famille ont commencé par se servir des moyens de contraception, car ceux qui gouvernent au sommet ne veulent pas de forces organisées à la base.
Michel Onfray, qui n'en est pas à une incohérence près (comme le rappellent par ailleurs, à juste titre, certains commentateurs de la vidéo où les Gave citent ses propos), ne voit pas que le lien entre le Christ, la foi et les structures de l'Église est un élément culturel fondamental pour l'Occident. Concernant Onfray, je n'oublierai jamais, au passage, son engagement pro-vaccinal, un aveu de lâcheté d'autant plus grand qu'il est sorti comme une éructation au terme de milliers de pages de livres et d'heures d'interviews, que je qualifierais parfois d'une virulence mécanique (bien qu'assez plate dans l'ensemble, conceptuellement parlant) ; n'est-ce pas là, en effet, l'exemple éloquent d'une prise de position favorable aux décisions émanant du sommet, ce au détriment de la liberté de la base ?
Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) disait : "Quand les gens cessent de croire en Dieu ce n'est pas pour croire en rien, c'est pour croire en n'importe quoi". Arrivés à ce stade, les politiques essaient d'agiter des peurs. C'est là qu'ils utilisent le malthusianisme. Fait qui peut sembler étonnant, mais qui est également cohérent au bout du compte : bien qu'étant moi-même malthusien (par individualisme, et parce que ma vie est trop compliquée, sur le plan matériel et financier, pour envisager de fonder une famille, raison pour laquelle j'ai toujours trouvé des femmes soit qui ne voulaient pas d'enfants, soit qui en avaient déjà), je donne raison aux Gave, sur le plan politique et économique, quand ils dénoncent l'exploitation que font les mondialistes des thèses malthusiennes ; contrairement à d'autres et à moi-même qui sommes sincères dans nos références à Thomas Malthus (1766-1834), il est évident que, aux yeux de nos ennemis, c'est-à-dire les partisans des minorités de mœurs et de l'écologie punitive, le malthusianisme n'est qu'un instrument mobilisé (d'ailleurs vainement) pour susciter des frayeurs collectives.
Dans une vidéo datant du 07/10/12, et qui a fait l'objet de plusieurs publications depuis, je montre que l'acte écologique le plus radical consiste à ne pas faire d'enfant (précédemment, dans une vidéo du 02/09/12, j'avais insisté sur l'importance de la responsabilité individuelle face aux enjeux démographiques). Ayant assisté, depuis lors, à l'émergence hypertrophiée de l'écologisme punitif, je ne mets plus l'écologie en avant dans mon discours, pour éviter toute assimilation avec des ennemis politiques. Car, bien que misanthrope à titre personnel, je n'ai jamais été partisan de l'écologisme punitif, bien au contraire. Ma réflexion, qui est passée par la mise en exergue de l'écologie à un moment donné, préfigure en fait la valorisation de plus en plus explicite de mon positionnement ultra-conservateur, et c'est en ce sens, dès lors, qu'il convient d'intégrer cette réflexion. Ceci étant, si les Gave ou d'autres économistes présentent des arguments susceptibles d'appuyer une corrélation entre croissance démographique et, in fine, amélioration de la qualité de vie individuelle via la croissance économique suscitée, je n'exclue pas cette approche. En tout cas, si les souverainistes sont favorables à une réappropriation locale de l'économie, en tant que nationaliste, à plus forte raison, je le suis aussi.
Concernant le rapport entre les choix faits par les parents et la fiscalité par ailleurs, la conséquence d'un raisonnement d'extrême droite qui irait au bout de sa logique, ce que je préconise, rejoint celle du souverainisme (selon la volonté de garder la même fiscalité quel que soit le statut de la femme : au foyer, au travail ou entre les deux), tout en allant plus loin, car proposant de traiter le problème de la condition des plus démunis, non par des aides, mais par l'accès à la formation et au travail. C'est ce que j'appelle le conservatisme intégral, ou l'extrême droite pure. Le but ? Responsabiliser au maximum les individus, dans le cadre d'un État d'autant plus fort que réduit à ses seules fonctions régaliennes (armée, police, justice), et donc dans le cadre d'une nation d'autant plus forte que tenue par un régime non seulement nationaliste, mais aussi national-capitaliste, c'est-à-dire d'un nationalisme dont l'économie de marché défendrait les intérêts nationaux, dans une convergence parfaite entre le nationalisme et l'ultra-capitalisme (sur la base du libéralisme classique, lequel peut se définir comme un conservatisme). On voit la différence de nature entre le profil des Gave, de Birbalsingh et de l'ARC en général, plus chaleureux et plus empathique, et le modèle que je théorise et que je souhaite voir mis en pratique, plus pragmatique et plus sombre. De ce point de vue, je pense même aller plus loin que Vichy. Et encore, je ne dis pas tout. Mais je sais que l'humain moyen n'est pas encore prêt pour prendre ce risque vertigineux que représenterait, pour lui, l'extrême droite à l'état pur. Il lui faut un déclic.
Le principal argument des Gave pour continuer à appuyer la corrélation entre croissance démographique, croissance économique et amélioration de la qualité de vie, se traduit par leur confiance en la capacité d'innovation infinie de l'esprit. Par exemple, il se peut que l'évolution de notre maîtrise du nucléaire en arrive à un point tel que, un jour, l'énergie sera abondante et gratuite, et que l'or lui-même ne vaudra plus rien, car nous serons capables d'en produire en grandes quantités grâce à nos capacités énergétiques. Je ne dis pas que c'est impossible, mais je demande à voir. Il faudrait peut-être, pour cela, arrêter de fermer des centrales. Sur ce point, je pense que nous sommes d'accord.
Il est vrai aussi que l'industrie des mauvaises nouvelles, annonçant tantôt le chaud, tantôt le froid, tantôt les inondations, travaille pour les mondialistes, et que la volonté de punir les populations en commençant par essayer de leur faire peur n'est pas une approche productive. Ce seul défaut d'intelligence économique, consistant à remplacer par un discours moralisant les solutions techniques attendues, montre que le soutien apporté par les politiques à une recherche scientifique utile n'est pas à la hauteur des enjeux. Ce point justifie les tendances constatées, au sein de l'opinion publique, en faveur du climato-scepticisme, de l'anti-vaccination et, plus généralement, d'une ambiance de rupture entre les élus et les populations, du fait d'une conscience du carriérisme postmoderne dont les effets, chez un Macron, une von der Leyen, un Biden ou un Zelensky, sont de plus en plus flagrants et difficiles à contester. Dès lors que le sommet qui prend les décisions se résume à des connivences entre arrivistes, la base a raison de ne plus faire confiance aux élus ni aux laboratoires.
Un autre argument des Gave consiste à dire que plus la croissance de la population est importante, plus le marché est large et plus les compétences d'innovation peuvent se spécialiser. Cet argument est comparable au séminaire de l'anti-Davos, auquel participaient des intervenants du monde entier, parlant des langues différentes. Chaque langue ayant sa propre logique de pensée, le fait de penser dans une langue donnée permet d'avoir des idées que les autres n'ont pas, et les échanges sont d'autant plus riches que la probabilité de trouver des solutions aux problèmes soulevés tient aussi au nombre des participants, ce qui donne, de fait, un exemple de coopération internationale mutuellement bénéfique dans un monde où les avancées réalisées viabiliseraient, en quelque sorte, une croissance prolongée. Ainsi, le multiculturalisme se légitime au niveau international, approche compatible avec le souverainisme et même le nationalisme. En effet, aussi extrême que l'on puisse être politiquement et économiquement (et là je parle personnellement, non en résumant Gave), quand on pense d'abord à son propre pays, on n'est pas animé par la volonté d'imposer sa culture aux autres pays.
Parmi les intervenants du séminaire, Michael Shellenberger est l'auteur d'ouvrages qui défont objectivement les discours alarmistes sur le climat et la déforestation, dénonçant l'histrionisme des politiques se prononçant sur des domaines dans lesquels ils n'ont aucune compétence. Jordan Peterson ajoutait que cette propension des élus à tenir des propos culpabilisateurs avait des effets démotivants, pour le moins, sur les jeunes générations, incitées de ce fait à adopter des comportements irrationnels. Enfin, seul un marché libre peut créer l'abondance, le problème soulevé par Joseph Schumpeter (1883-1950) étant que le développement d'un marché donné entraîne son institutionnalisation : les monopoles comme les GAFAM ne sont possibles qu'avec l'aide de l'État, lequel peut transformer un profit en rente. L'inverse s'observe également, quand on voit les quatre milliards d'euros versés par Pfizer à la Commission européenne, ou le fait que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est à 40 % financée par Bill Gates. Les trois ennemis de la prospérité occidentale sont donc le capitalisme monopolistique, le capitalisme de connivence et le capitalisme woke. Ce sont, pour résister au déclin de l'ouest, les trois principaux ennemis qu'il faut combattre, en se posant, comme l'a fait Gave, une question essentielle : d'où vient la monnaie et qui la contrôle ?
C'est pourquoi les partisans du forum de Davos, conscients des mécanismes à l'œuvre, essaient de discréditer les tentatives de retour au capitalisme classique (ou conservatisme), en qualifiant improprement de libéralisme le capitalisme de connivence qu'ils ont créé. J'ajoute qu'en essayant d'étouffer le libéralisme classique, les partisans de Davos essaient aussi d'évacuer le nationalisme du champ politique, ce qui prouve encore deux points : premièrement, le capitalisme de connivence (que l'on peut aussi appeler néolibéralisme) est, comme je l'ai déjà dit dans d'autres sujets, un cheval de Troie du socialisme planétaire ; deuxièmement, le capitalisme classique et le nationalisme sont compatibles. J'en reviens à mon idée de départ : pourquoi faire les choses à moitié, et n'être que souverainiste ? Un nationalisme dur serait la meilleure garantie de succès pour arriver à appliquer les solutions que Gave préconise (fermer les banques centrales, échanger produits contre produits, non produits contre dette) et, surtout, pour un retour en force du libéralisme économique, conservatiste et conservateur, tel que défini par les auteurs classiques, dans la mesure où notre marché performant serait encadré, non par un État trop présent, mais par les principes traditionnels qui ont donné à notre pays son identité profonde, sa force et sa pérennité.